Peinture tibétaine
Au Tibet, l'art est extrêmement lié à la religion bouddhiste dont il s'inspire largement. Cet art tibétain trouve son origine en Inde, en passant par le Népal et le Cachemire. Sans parler de la Chine qui a étendu son influence sur la peinture tibétaine à partir du 13ème siècle, notamment en leur enseignant l'art de représenter la nature et la façon de traiter les paysages. Quoi que la maturité de cet art se soit faite dans cette région qui est coupée du monde de par sa situation géographique. Il est caractérisé par un style austère marque de sa grande originalité. Et il existe environ 3 écoles d'art qui sont répartis sur le territoire, dont l'une est dans le royaume de Gugé à l'ouest, l'autre est à Khams qui se trouve à l'est, et enfin le dernier se situe au centre. Néanmoins, malgré la distance qui les sépare, il y a quand même des échanges constants qui se font entre elles.
La peinture tibétaine qui est un style visuel très distinct, est très présente dans toute la région, et est représenté dans chaque facette de la vie culturelle du Tibet. Les œuvres d'art datant du milieu du 20ème siècle qui subsistent encore, ont pour la plupart comme sujet des représentations religieuses. Que ce soit des produits de commande émanant de divers établissements religieux, ou encore par des particuliers extrêmement pieux, ils servent surtout de support à la pratique de la religion bouddhiste au Tibet. Il y a d'ailleurs essentiellement deux sortes de peinture en Tibet.
Les fresques sont une sorte de peinture murale qui ornent les bibliothèques, les salles de réunions, ou encore les sanctuaires de la région. Il existe également une autre variation de cette technique qui est aussi souvent utilisée, et dans laquelle la peinture se fait sur une toile apprêtée qui est ensuite collée au mur. Certaines de ces peintures murales tibétaines peuvent facilement remonter jusqu'à la période allant du 13ème au 17ème siècle. Les plus connus sont celle exposé dans les monastères d'Alchi et de Thiksé faisant partie du Tibet indien. Mais plusieurs œuvres importantes datant de cette époque et se trouvant au Tibet central restent encore à explorer.
Les peintures mobiles encore appelées Tangka, Thanka, ou encore Tanka et qui signifie littéralement "chose que l'on déroule", sont faites principalement sur des bannières de tissus, comme ce qui se faisait un peu partout dans le monde. La particularité de cette peinture sur toile est le fait qu'elle être déroulé pour en apprécier le contenu. Le sujet représenté sur ces tankas qui peut se présenter sous différents types, est toujours d'ordre religieux. Ils servent pour la plupart à l'enseignement, en montrant des scènes de la vie du Bouddha, des vies de saints, ou encore la roue de l'existence qui schématise l'intégralité d l'enseignement bouddhique. Certains par contre sont faits comme un support à la méditation. Que ce soit à l'aide des représentations de personnages comme le Bouddha, les bodhisattvas, la Tara, qui sont aussi les divinités du panthéon bouddhiste ou de la religion bön, et les portraits du Dalaï Lama. Ou encore des schémas géométriques centrés ou diagramme mystiques, ajoutés de différents symboles et de représentations de forces cosmiques ou psychiques aussi sous forme de Bouddha et de bodhisattvas, ces œuvres sont plus connus sous le nom de Mandala. Ces derniers doivent être observés d'une manière particulière, notamment par un parcours mentale partant du bord du tableau vers le centre. On peut même le comparer à un exercice psychologique qui permet de situer la personnalité, illusoire, au milieu de l'espace et du temps. En effet dans les Tankas, le sujet est souvent placé au centre, et les personnages subordonnés qui compose sa suite, ainsi que les autres formes divines sont réparties tout autour. Les divinités importantes formant le panthéon bouddhiste se trouve sur la partie supérieure de l'image, tandis que les nombreuses offrandes et les autres divinités gardiennes de la loi ont leur place réservée sur la partie inférieure. Les montagnes à l'instar du mont Kailash qui constituent un des éléments de l'iconographie tibétaine traditionnelle y sont également représentées.
Les Tankas existent dans toutes les tailles, que ce soit des versions portatifs que l'on enroule et déroule à l'aide de deux baguettes insérés dans leurs ourlets, ou encore les versions monumentaux qui peuvent atteindre quelques dizaines de mètres et qui servent à être déroulés sur une pente ou le long d'un mur. On note également l'existence de nombreux types de tankas, qui varient selon la technique utilisée et les matériaux sollicités. Il y a notamment les tankas qui sont peints sur des toiles, et qui se déclinent en noirs, dorés ou encore de lignée spirituelle. Les tankas noirs encore appelés nagthang sont fait de lignes dorées sur fond totalement noir. Les tankas dorés que l'on appelle serthang sont faits de différents couleurs comme des lignes dorées sur un fond rouge, des lignes rouges sur un fond or, ou encore des lignes bleues sur un fond or. Il y a aussi les tankas qui sont peints sur des tissus en soie brodée.
L'art tibétain contemporain qui commence après 1950, présente une physionomie plus différente, grâce à trois nouvelles approches toujours en dialogue avec le passé et les œuvres et artistes des siècles précédentes. A part les Tankas qui subsistent toujours, il y a deux nouveaux styles qui ont été créé. L'une essaie de combiner le style traditionnel ancestral et les techniques modernes, et l'autre s'inspire de l'art contemporain qui se développe en Asie et en Occident.
Les arts Regong qui sont des arts populaires originaires de la province de Qinghai en République populaire de Chine et ayant comme principal sujet le bouddhisme tibétain ont d'ailleurs été inscrits sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité en 2009. La peinture, la sculpture, la gravure, l'architecture et la broderie en font d'ailleurs toutes parties. Les superbes peintures tibétaines qui constituent l'iconographie du bouddhisme sert aussi d'inspiration et de références aux graphistes qui peuvent apprendre à peindre des tankas à l'aide des manuels qui sont publiés sur le sujet.
