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Histoire de la Thaïlande

© Chine Informations - La Rédaction

(miniature) Histoire de la Thaïlande (Thailande) Histoire de la Thaïlande (Thailande)

L'Histoire de la Thaïlande est une succession de brassage de peuples et de cultures, entrecoupées d'invasion qui ravagèrent le pays et firent disparaîtrent des royaumes magnifiques au travers des siècles. Le présent article se veut une rapide présentation non exhaustive de l'histoire de ce fabuleux pays. Le classement des pèriodes successives est lié à notre propre vision de l'histoire thaïlandaise.

PREMIERS HABITANTS

Les archéologues s'accordent a penser que l'actuel territoire de la Thaïlande fut un lieu de passage très fréquenté par les Homo erectus lors de leur déplacement de l'Afrique vers la Chine et d'autres partie de l'Asie. Les premières traces de vie préhistorique sont les outils de pierre remontant à quelque 700.000 ans, mis au jour dans un chantier aux alentours de Lamphang, dans le Nord du pays. Les peintures rupestres découvertes sur l'ensemble du territoire dateraient de 2000 av JC.

Des restes humains ont été éxhumés sur de nombreux chantiers, le plus célèbre étant celui de Ban Chiang, qui contenait les premières preuves de l'âge de bronze en Thaïlande. Les ancêtres des thaïs venant de la Chine du Sud s'établirent dans la région progressivement. Les premiers thaïs vivaient en Familles nucléaires composées d'une vingtaine de Foyers formant un Muang, ou village, indépendamment géré. lls construisaient leurs maisons dans les basses terres et vivaient d'agricullure de subsistance. Ils s'étendirent par le biais des chefs et pères de famille qui envoyaient leurs fils conquérir ou coloniser les territoires voisins. Les Muang s'établirent ainsi surde nouvelles terres.

PERIODE DVARAVATI (MÔN)

A partir du VIème siècle, l'Asie du Sud-Est connut une période graduelle d'indianisation. Les marchands et missionnaires venus d'Inde introduisirent le brahmanisme el le bouddhisme dans la région, leurs valeurs politiques et sociales indiennes, ainsi que leurs préférences artistiques et architecturales. De nombreux groupes thaïs se convertirent au bouddhisme, combinant sa doctrine avec leurs propres croyances animistes. Toutefois, l'influence la plus visible de l'lnde réside dans l'avénement de deux civilisations asiatiques du Sud-Est : les Môns el les Khmers.

Les historiens n'ont que peu d'informalions sur la civilisation môn. Personne ne sait d'où elle vient, jusqu'où elle est allée ni quelle était sa capitale. Ia seule certitude est qu'aux alentours du VIème siécle après J.C, les Môns furent à l'origine de l'avénement du bouddhisme en Thaïlande centrale. Les anciens villages môns s'établirent le long des plaines centrales de Thaïlande, sans doute jusqu'en Birmanie, au nord en direction de Chiang Mai, au nord-est vers le Laos et le plateau de Khoral, ainsi qu'à l'est vers le Cambodge.

EMPIRE SRIVIJAYA

Dans la péninsule Sud, l'Empire SRIVIJAYA, établi à Java, commença à jouer un rôle important dans le domaine culturel. Avant le IXème siècle après J.C, les villes portuaires le long des côtes sud attiraient des commerçants de toute la région et au-delà. Toutefois, les Srivijayas, qui avaient emprunté leur culture bouddhique à l'lnde, marquèrent durablement les villes de leur influence et exportèrent le bouddhisme et l'art bouddhiste vers d'autres terres du Sud-Est asiatique.

Alors que l'empire ne conquit et ne dirigea jamais la région, sa prédominance culturelle est toujours visible à Nakhon Si Thammarat et dans les arts du Sud-Est asiatique de cette période. Certains historiens pensent que Chaiya, prés de Surat Thani, aurait été la capitale de l'empire pendant un temps, mais cetle hypothèse est largement controversée. Le pouvoir de Srivijaya, émoussé par des guerres sans fin avec l'Asie du Sud, déclina juqu'à disparaître de la Thaïlande au XIIIème siècle.

KHMERS

Au début du IXème siècle après J.C, l'Empire khmer s'empara du pouvoir au Cambodge et s'étendit aux régions avoisinantes. Indravaraman (877-889) vit le royaume atteindre le plateau de Khorat au nord-est de la Thaïlande. Suryavarman (1002-1050) étendit le royaume á la vallée de Chao Phya et au nord de Lamphun, évinçant ainsi les Môns. Suryavarman II (1113- ?) poussa les limites du royaume encore plus loin, forçant les Môns à une retraite encore plus lointaine dans les territoires birmans.
Au cours de chaque règne conquérant, de magnifiques temples Khmers furent construits comme avant-postes de plus en plus à l'extérieur du centre cambodgien de l'empire. Ces premiers temples furent édifiés pour le culte des déesses hindoues. Le brahmanisme, qui fut transmis au Cambodge par les commerçants du sud de  l'Inde, influença non seulement la religion khmère et la conception des temples (pourvus d'un prang, ou tour, en forme d'épi de maïs) mais aussi l'administration gouvernementale et l'ordre social. Les khmers qui conquirentou aliénèrent des villages, placèrent leurs propres dirigeants dans les centres importants, qu'ils dotèrent d'officiers administratifs khmers. L'empire, hierarchisé à l'extrême, était dirigé depuis la capitale par un roi, représentant le pouvoir suprême. Les populations de ces avant-postes étaient largement thaïes. Les khmers jouissaient de leur autorité et les Thaïs se répartissaient en travailleurs agricoles, esclaves et bâtisseurs de temples. Les parois des temples à Angkor révèlent clairement l'attitude kmère envers ceux qu'ils appelaient les Syams : elles montrent un régiment austère de soldats khmers encadrant des thaïs aux airs mesquins et dangereux.

Le wat d'Angkor est le plus grand temple antique de la ville. Il fut construit sous sous le régne de Suryavarman II. On pense que les temples de Phimai et de Phanom Rung dans la région de l'Isaan ont précédé le complexe architectural de la capitale khmère, influençant son style. A cette époque pourtant, l'Empire khmer était déjà sur le déclin. Le dernier grand dirigeant khmer, Jayavarman VII (l181-1219), étendit l'empire au maximum : au nord jusqu'à Vientiane, à l'ouest jusqu'en Birmanie, et jusqu'à la péninsule malaise. Il tourna l'idéologie khmère vers le bouddhisme, construisant des temples de style khmer pour un tout autre propos. Son bouddhisme nouvellement fondé lui inspira des routes immenses, dont le tracé demeure aujourd'hui encore par endroit, ainsi que plus de 100 auberges de repos pour les voyageurs et des hôpitaux dans les provinces. La mort de Jayavarman VII en 1220 marqua l'ultime affranchissement de la Thaïlande envers les régles khmères. La dernière colonie connue se trouve non loin de Wat Kamphaeng Laeng à Phetchaburi.

ROYAUME LANNA (THAÏS DU SUD)

Vers 1000 après J.C, les derniers immigrants thaïs partirent de la Chine en direction du sud pour s'installer au Nord de la Thaïlande. Plusieurs centres puissants du pouvoir thaï- Chiang Saen au Nord de la Thaïlande, Chiang Hung au Sud de la Chine et Luang Prabang au Laos - étaient liés par un héritage commun et par les règles des familles étendues. Dans la région, les Muang devinrent plus forts et mieux organisés, malgré les guerres qui demeuraient un problème majeur. En 1239, Chiang Saen vit naître le leader qui allait conquérir et unir les villages thaïs du Nord pour créer un grand royaume : le roi Mengrai, qui monta sur le trône en 1259 et fonda la premiére capitale du royaume de Lanna à Chiang Rai en 1263.

Après avoir conquis ce qui restait des colonies môns et khmères établies dans le Nord de la Thaïlande, il absorba ces deux peuples et leurs cultures. Il occupa Lamphun, et fit de Chiang Mai son fief en 1296.

Le royaume de Lanna de Mengrai devint un important empire dans le Nord. Les Thaïs de lanna combinaient religieusement leurs croyances animistes traditionnelles avec le bouddhisme môn. Le royaume de lanna, qui avait conservé les relations môns avec Ceylan, vit l'avénement d'un bouddhisme érudit en étroite corrélation avec le bouddhisme orthodoxe. Les rois de Lanna étaient conseillés par un groupe de moines et astrologues, régentant une bureaucratie gouvernementale bien organisée. Les citoyens de Lanna bénéficiaient des infrastructures dé transport et d'irrigation, du développement du troc et de la médecine. Ils introduisirent dans l'art la sculpture religieuse, les textes sacrés et la poésie. En général, la population n'était que peu taxée et bénéficiait d'une grande autonomie.

Une puissance grandissante menaçait toutefois les Lanna et ses voisins. Les Mongols, sous la coupe du très expansionniste Kubilai Khan, tentaient de faire main-basse sur la région. Mengrai fit une alliance stratégique avec les leaders shans de Birmanie et deux autres royaumes thaïs plus au sud - dont l'un, le Sukhothai, allait développer l'apogée de la culture thaie et parvint à circonscrire les Mongols.

SUKHOTHAIS

Pendant que Mengrai était occupé à construire Lanna, un petit royaume du Sud était en passe d'exercer un pouvoir remarquable.
Après la mort de la première civilisation dvaravarti puis de celle des Khmers, le peuple thaï, qui réussit à s'établir dans la vallée de Chao Phya, se trouva divisé en petits Etats vassaux désorganisés. Un minuscule royaume basé à Sukhothai demeura dans l'ombre jusqu'à l'avènement de Rama, le deuxième fils du roi et fondateur Indraditya. Rama, qui vint seul à bout du peuple voisin de Mae Sot à la frontière birmane, put ainsi montrer sa force et gagna sans tarder le respect de son peuple.

Dès son sacre en 1279, Ramakhamghaeng, dit  l'Intrépide développa ce que l'on reconnaît comme la premiére véritable civilisation siamoise.

Contrairement aux dirigeants khmers, Ramakhamhaeng était un roi accessible. Il aurait fait installer une cloche à l'extérieur de son palais pour que ces sujets l'avertissent en cas de grief. Dans un tel cas, il venait lui-même écouter le différent et tranchait sur-le-champ. Il était considéré comme un dirigeant paternaliste juste qui octroyait á ses sujets une immense liberté. Son royaume s'étendit rapidement, probablement par le biais d'un assujetissement volontaire, atteignant ainsi Pegu en Birmanie à l'ouest, Luang Prabang au nord, Vientiane à l'est, et des territoires au-delà de Nakhon Si Thammarat au sud qui constituent aujourd'hui une partie de la Malaisie.

Après des siècles d'assujettissement extèrieur, Sukhothai vit pour la première fois l'émergence d'une culture exclusivement siamoise. Le peuple des plaines centrales se composait de Thaïs, de Môns, de Khmers et de populations indigènes de quelques origines indiennes et chinoises. Ramakhamhaeng «était un fervent bouddhiste qui adopta le bouddhisme orthodoxe et érudit de Theravada des missionnaires de Nakhon Si Thammarat et de Ceylan.

Protecteur des arts, le roi commanda de nomreuses sculptures du Bouddha. Il fut également à l'origine de nombreuses réalisations architecturales à Sukhothai et on lui attribue le dévellopement de la langue et de l'écriture moderne thaïes. Il mourrut en 1298 et les rois qui lui succédèrent se consacrèrent davantage à la religion qu'aux affaires d'Etat. Le prestige de Sukhothai disparu alors aussi vite qu'il était apparu.

AYUTTHAYA

Les dizaines d'années suivantes, les plaines centrales se trouvèrent sans véritable leader. C'est alors qu'apparut U Thong, fils d'une riche famille de commerçants chinois, aux liens lointains avec la famille royale de Chiang Saen.

Il s'autoproclama roi Ramathibodi et fonda une capitale á Ayutthaya, sur les rives de la riviére Lopburi. ll entreprit de conquérir ce qui restait des avants postes khmers et finit par s'emparer totalement des restes de Sukhothai. Le nouveau royaume recruta les forces de sa population et créa ainsi un puissant empire. Ayutthaya différa assez grandement de son prédécesseur. A l'instar des modèles khmers, le roi présidait ses sujets selon une lourde administration de type pyamidal. Il était entouré par un ordre divin composé de moines bouddhistes et de brahmanes.

Au début de l'évolution de la capitale, ses dirigeants mirent en place des lois définies de manière stricte, des systémes de castes et des unités de travail. Les commerçants étrangers issus de Chine, du ]apon et d'Arabie avaient l'obligation de vendre leurs produits de premier choix au roi à des tarifs préférentiels, ce qui permit au royaume d'accumuler d'énormes richesses. Le long de la rivière, on construisit une immense ville fortifiée renfermant les temples les plus resplendissants de Sukhothai. Ce royaume de Siam fut celui que les Portugais - les premiers Européens à visiter le territoire – découvrirent en 1511. La paix et la prospérité allaient toutefois être contrariées par l'invasion des Birmans qui s'emparèrent de Chiang Mai - et par là même du royaume de Lanna - en I558, puis de Ayutthaya en 1569. Le royaume de Lanna bâti par le roi Mengrai et ses successeurs ne recouvrerait ainsi jamais sa gloire perdue.

Heureusement, Ayutthaya connut un destin plus fortuné avec l'avènement de l'un des dirigeants les plus marquants de l'histoire de la Tháïlande : le prince Naresuan, né en I555, filS du roi thaï de Ayutthaya couronné par les Birmans.

Nalesuan, qui descendait directement des dirigeants de Sukhothai, s'imposa nettement comme gouvernant lors de sa première bataille. Aprés de longues années de captivité en Birmanie, il rejoignt Ayutthaya pour organiser des armées qui défieraient les régles birmanes. Ses petites armées furent ineficaces contre les Birmans, mais lors d'une bataille historique, Naresuan chevauchant un éléphant tua le prince birman par un seul coup.

Les Thaïs ayant repris le contrôle, Ayutthaya vécut les deux siécles qui suivirent dans la grandeur. Les commerçants étrangers (portugais, hollandais, arabes, chinois, japonais et anglais), qui établirent des compagnies et des missionnaires, furent également encouragés à occuper les plus hauts postes au sein de l'administration. Malgré de nombreux conflits internes relatifs à la succession, et en dépit des combats entre les forces étrangères qui se disputaient l'influence de la cour, le royaume demeura stable. Pendant qu'en Asie du Sud-Est, les peuples tombaient sous le joug du pouvoir colonial, la cour de Siam parvint avec grand succès à conserver sa souveraineté. Elle est à ce jour la seule et unique nation de l'Asie du Sud-Est à n'avoir jamais été colonisée, ce qui représente une fierté toute particulière pour les Thais aujourd'hui.

Les deux invasions birmanes qui s'ensuivirent portérent un coup fatal à Ayutthaya. La première, en 1760, conduite par le roi Alaunghpaya, fut un échec. L'armée dut battre en retraite après que le roi eût été tué par l'un de ses propres canons. Six ans plus tard, deux contingents birmans, l'un du Nord et l'autre du Sud, assiégèrent la ville. Les Birmans commirent des viols, saccagèrent et pillèrent le royaume, s'emparant des trésors et de la main-d'oeuvre avant de retourner sur leurs terres. Le peuple thaïlandais ressent encore aujourd'hui une certaine amertume á l'égard des Birmans pour leurs actes horribles.

DYNASTIE CHAKRI

Les Siamois n'hésitèrent pas à construire un autre royaume. Les Birmans, qui ne laissèrent derrière eux que de petits bastions, n'empêchèrent pas la Renaissance siamoise. Taksin, un gouverneur provincial de Tak, dans la région des plaines centrales accéda au pouvoir grâce à sa grandeur martiale et à son charisme, ainsi qu'à sa conviction d'être l'élu des cieux pour diriger le pays.

Plutôt que de reconstruire sur les cendre de Ayutthaya, Taskin rebâtit la capitale à Thonburi, face à l'actuelle ville de Bangkok. En trois ans, il réunit les terres au sein du royaume d'antan, non sans difficultés. Taskin souffrait de paranoïa et ses revendications divines déclenchérent le mécontentement de l'ordre monastique, y compris au sein de sa propre famille. Il fit tuer des moines, puis sa femme et ses enfants. Les pouvoirs régionaux le mirent rapidement à l'écart : il fut kidnappé, enfermé dans un sac de velours et battu à mort avec une matraque de bois de santal avant d'être secrétement enseveli dans sa capitale. Ces mêmes forces régionales se tournérent vers les frères Chaophraya Chakri et Chaophraya Surasi, de grands généraux d'armée qui reprirent le Nord à la Birmanie et dirigérent le pays. En 1782, Chaophraya Chakri fut sacré premier roi de l'actuelle dynastie de la Thaïlande, ou dynastie de Chakri.

Le roi, connu sous le nom de Ramahbodi, déplaça la capitale á Bangkok, où il fit construire un grand palace, des demeures royales, des bâtiments admnistratifs et de grands temples. La ville fut fondée sur un ensemble de canaux, la rivière étant un axe commercial. Siam devint alors un véritable creuset de cultures qui ne se limitaient pas aux descendants des Thais, des Môns et des Khmers auparavant au pouvoir, mais qui incluait les puissantes lignées chinoises, arabes, indiennes et européennes. Le roi lui-même était lié d'une façon ou d'une autre à chaque grande lignée. Ses tout premiers travaux furent l'organisation de la communauté des moines bouddhistes dominée par une doctrine orthodoxe theravada, le rétablissement des cérémonies étatiques du temps de Ayutthaya exemptes de la sensibilité brahmanique et animiste, et la révision de toutes les lois fondées sur des arguments justes et rationnels. Il écrivit également le Ramakien inspiré du Ramayana indien, une légende qui devint un conte thaïlandais très prisé, à l'origine de bon nombre de chefs-d'oeuvre classiques thaïlandais.

Alors que la menace militaire  continuait à se faire sentir de toute part, Ramathibodi et ses deux successeurs étendirent les frontières de la thaïlande à ses frontières actuelles et même au-delà.

Le roi Mongkut (1851-1868) reçut une éducation unique. En tant que moine, il développa de nombreuses connaissances qui tout au long de son régne se manirestérent par une inclination vers la pensée ralionnelle et l'apprentissage occidental. Au côté de son fil, le roi Chulalongkorn (1868-1910), il accompagna le Siam dans le XXème siècle tout en faisant du pays une nation indépendante, en organisant une administration eficace, en structurant les relations extérieures et en introduisant une
économie fondée sur l'industrialisation. Il unit la lignée royale sous le titre de Rama. En assignant le nom de Rama Ier au premier roi de la dynastie, Mongkut devint alors Rama IV et son filS Rama V.

En outre, c'est ce même Mongkut qui engagea Anna Leonowens (qui inspira Anna et le Roi), une préceptrice anglaise pour l'éducation de ses enfants. Le peuple thaïlandais voudrait que le monde sache que le roi Mongkut n'était pas le dandy si autoritaire et impétueux décrit dans l'oeuvre. Les historiens et les thaïlandais sont partagés au sujet d'Anna Leonowens, peu présente dans les écrits de la cour. Son histoire reléve peut-être plus de son imagination que de la réalité.

Le règne du roi Prajadbipok, Rama VII (1925-1935), vit la croissance de la classe moyenne urbaine et le mécontentement grandissant d'une élite puissante. Au commencement de son règne, les échecs économiques et les chamailleries politiques affaiblirent la position de la monarchie, imparablememt détrônée par la grande crise. Le roi tenta de conduire le pays vers la monarchie constitutionelle, mais en l932 un groupe d'officiers le renversèrent par un coup d'Etat. Prajadhipok abdiqua en 1935.

ANNEES 30 - FIN DU XXEME SIECLE

La démocratie occasionna de grands changement au Siam. Sa constitution originelle, écrite en 1932, fut davantage un outil de manipulation aux mains des dirigeants qu'un véritable projet politique. Pendant les années qui suivirent, le gouvernement changea de mains aussi subitement que fréquemment, á coups de prises de pouvoir hostiles. Les militaires exercérent une influence constante sur les affaires de la nation, facilitée par l'attachement du peuple à son armée et la grande cohésion de celle-ci. En l939, le pays adopta le nom de Thaïlande, ou « terre du Peuple libre ».

Durant la deuxième guerre mondiale, la démocratie dut faire face à l'invasion du Japon (1941). La Thaïlande se rendit rapidement, préférant l'alliance aux hostilités, et allant même jusqu'à déclarer la guerre aux forces alliées. A la fin de la guerre toutefois, aucune mesure punitive ne fut engagée envers le pays, car l'ambassadeur Seni Pramoj, en poste à Washington, avait créé le Mouvememt de libération thaïlandais et choisi de ranger la déclaration de guerre dans son tiroir plutôt que de la proclamer.

La Thaïlande parvint à se tenir à l'écart d'une implication directe dans la guerre du Vietnam, bien qu'elle continue à souffrir des répercussions causées par l'arrivée massive des réfugiés. Les Etats-Unis injectèrent des milliards dans l'économie thaïlandaise, permettant l'enrichissement de quelques-uns et une relative aisance pour un grand nombre, tout en appauvrissant les indigents, notamment les fermiers pratiquant une agriculture de subsistance, durement frappés par l'inflation qui s'ensuivit. L'attirance pour le communisme s'accrut chez les victimes écrasées par le capitalisme bourgeonnant, de même que chez les étudiants et les intellectuels libéraux. Une insurrection á grande échelle semblait iminente, alimentant ainsi la répression politique de l'armée au pouvoir.

En juin 1973, des milliers d'étudiants thaïlandais descendirent protester dans la rue pour demander une nouvelle Constitution et le retour des principes démocratiques. Les tensions demeurèrent jusqu'en octobre et quand les forces armées firent feu sur des manifestants de l'université de Thammasat à Bangkok, elles causèrent la mort de 69 étudiants et blessèrent 800 personnes.

La capitale fut alors paralysée par la terreur. La ConsIiIution fut restaurée, un nouveau gouvernement fut élu et la démocratie chancela de nouveau. De nombreux étudiants étaient toutefois insatisfaits et continuèrent de dénoncer l'élite financière qui détenait le pouvoir tout en manifestant sa réticence au changement. En 1976, ils protestèrent de nouveau déclenchant de nouvelles émeutes semblables à celles qui avaient éclaté trois ans auparavant à l'université de Thammasat. L'armée prit le contrôle de la situation afin de maintenir l'ordre, sans hésiter á faire disparaître des corps et des prisonniers. Une fois de plus, cette brève expérience de la démocratie tournait court.

Thanin Kraivichien fut nommé Premier ministre du nouveau gouvernement de droite, et bannit la liberté de parole et de presse, se mettant ainsi à dos la société.

En 1980, Prem Tinsulanonda fut nommé Premier ministre. Durant les huit ans qui suivirent, il parvint à instaurer une stabilité politique et économique remarquable. L'économie du pays continua sa croissance réguliére tout au long des années quatre-vingts, alimentée par les investissements japonais et la fuite des capitaux chinois de Hong-Kong. Depuis lors, les autorités connurent quelques rebondissements, notamment le coup militaire de 1991 et la crise estudiantine de 1992.

La crise économique de 1997 demeure dans toutes les mémoires. Le 2 juillet, l'économie du pays s'effondra, ce fut la première économie de cette région du globe, quand la Thaïlande décida de laisser flotter sa monnaie. Le baht fut  dévalué de 20% dans la semaine qui suivit. Les autres monnaies de la zone s'écroulérent á leur tour comme un château de cartes. Le monde scrutait cet éffondrement économique qui dévoilait un Sud-Est asiatique dont les gouvernements avaient tissé des liens suspects avec le monde industriel, réalisé des emprunts massifs à l'étranger, surdéveloppé le marché immobilier et toléré des pratiques d'emprunts bancaires trop laxistes. Les nations qui jadis se targuaient d'un PIB qui augmentait de 8 % chaque année voyaient leurs taux de croissance devenir négatifs.

Au début, le gouvernement dirigé par l'armée n'intervint pas, puis en novembre 1997 Chuan Leekpai fut élu afin de sortir le pays de la crise. Sous son autorité, la Thaïlande accepta les fonds et les recommandations du FMI (Fond monétaire international), commença à superviser les politiques bancaires et s'efforça de rompre les liens douteux entre les membres du gouvernement et les grandes entreprises. A la fin du XXème siècle la thaïlande avait retrouvée un semblant de stabilité mais les tensions politiques et religieuses annonçaient un début de XXIème siècle agité...on était loin d'imaginer à quel point.

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