Français à Shanghai (1849-1946)
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La communauté française à Shanghai, formée initialement de quelques religieux, agents du consulat, militaires et commerçants s'est étoffée progressivement et toutes les professions sont, à la fin du siècle, représentées (banquiers, ingénieurs, médecins, militaires, missionnaires, avocats, journalistes). Les pionniers sont surtout des célibataires de passage, mais peu à peu se fait jour la notion de résident, et des familles s'installent, des enfants naissent et grandissent à Shanghai. Si diplomates et militaires sont affectés d'autorité, la plupart des résidents ont choisi leur destination. Les motivations de ces expatriés sont diverses : ambition, carrière, rêve d'ascension sociale, désir de faire fortune, goût de l'aventure et de l'inconnu. Paradoxalement, ils ont tendance à vivre en vase clos et fréquentent peu les Chinois, si ce n'est dans le cadre des relations d'affaire, de contacts politiques, et bien sûr de la vie domestique. Assez rares sont les Français qui apprennent le chinois mais certains laissent percer leur intérêt pour la vie et la société qui les entoure : Shanghai devient alors source d'inspiration pour des médecins, des militaires ou des religieux qui, aquarellistes, peintres ou poètes se font les archivistes de Shanghai, très explicites sur les coutumes chinoises.
Les Français - qui sont à peine un millier en 1925 et 2342 en 1937 - ont leurs clubs, leurs cercles sportifs, leurs associations, autant de lieux de rendez-vous et de loisirs. La bourgeoisie éprouve le besoin de recréer un environnement familier et de retrouver les codes sociaux de la métropole, de recréer un petit Paris en Orient. La vie sociale et mondaine est intense, on va au théâtre, au cinéma, au champ de courses, dans les salles de jeux, dans les bars des grands hôtels modernes, tous lieux qui vont de pair avec l'essor prodigieux de Shanghai. Le plus prestigieux de ces endroits, fréquenté par la riche bourgeoisie est Le Cercle sportif français, qui occupe à partir de 1926 un nouveau bâtiment de 4200 m², avec salle de bal et piscine couverte. Très fermé, il accueille cependant les résidents chinois fortunés. L'architecture, avec des villas de style basque ou normand entourées de jardins et de parcs plantés de platanes, dans des quartiers aérés et résidentiels, est aussi pour les expatriés un moyen de retrouver l'atmosphère de leur pays d'origine. En dépit de l'attitude assez distante des Français à l'égard des Chinois, des liens se tissent avec certains membres de la bourgeoisie chinoise qui, très entreprenante, a su profiter de l'arrivée des Occidentaux et de l'indéniable essor qui s'en est suivi pour jouer un rôle de premier plan dans l'économie. L'ouverture du port de Shanghai au commerce international a favorisé l'éclosion d'une élite chinoise diversifiée et d'une haute bourgeoisie de financiers et négociants réunis pour la plupart dans la chambre de commerce de Shanghai. La famille Tsu est un exemple très représentatif de cette bourgeoisie éclairée et cultivée, catholique, qui entretient des relations étroites avec la communauté française.
