Proverbe chinois : "Proposer soi-même sa candidature" (Mao Sui zi jian)
MAO SUI ZI JIAN
Depuis des millénaires, la modestie est une vertu en Chine. Parfois, elle peut même sembler un peu feinte ; par exemple, un maître en arts martiaux va dire qu'il ne fait que commencer sa carrière ou un hôte va s'excuser auprès de ses invités de ne pas avoir suffisamment à leur offrir à manger, même s'il y a sur la table beaucoup plus de plats différents qu'il n'y a de convives.
Dans un pays où les gens sont réticents à reconnaître leurs capacités, de peur de passer pour prétentieux, seuls quelques-uns osent proposer eux-mêmes leur candidature. Mao Sui est réputé pour son courage, parce qu'il s'est proposé comme conseiller auprès d'un prince local. Encore aujourd'hui, son nom circule, non seulement dans les livres d'histoire, mais également par le proverbe Mao Sui zi jian qui signifie proposer sa candidature comme l'a fait Mao Sui.
L'histoire liée à ce proverbe remonte à la période des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.). Le prince Pingyuan de l'État de Zhao voulait choisir vingt conseillers pour aller négocier l'assistance de l'État de Chu. Or, après avoir choisi dix-neuf personnes, il n'arrivait pas à trouver la vingtième. C'est alors que Mao Sui, un des nombreux parasites de la cour princière, s'avança et posa sa candidature au dernier poste vacant.
Le prince lui demanda alors : « Depuis combien de temps êtes-vous à ma cour? » « Trois ans », répondit Mao Sui. Et le prince reprit : « Une personne de talent est comme un poinçon; quand vous le mettez dans un sac en tissu, sa pointe sort immédiatement. Alors, pourquoi n'ai-je pas entendu parler de vous au cours de ces trois années? » « Parce que, jusqu'à maintenant, je n'ai jamais été mis dans la même situation qu'un poinçon dans un sac en tissu », rétorqua Mao.
Les conseillers déjà choisis se mirent à rire dans le dos de Mao, mais le prince décida d'inclure ce dernier dans le groupe.
Sa décision était judicieuse. En effet, quand les négociations entre le prince et le roi de Chu furent dans une impasse, Mao utilisa une longue épée et une solide argumentation pour convaincre le roi de Chu de former une alliance militaire avec le prince Pingyuan. De retour à la cour de l'État de Zhao, Mao devint un héros et, pendant des années, le prince le traita comme un citoyen d'honneur.
Aujourd'hui, ce proverbe est en quelque sorte un compliment. Les gens citent ce proverbe pour décrire quelqu'un qui ose proposer lui-même ses services.