Panchen lama
La lignée des Panchen Lamas est lignée de réincarnation importante dans l'histoire du Tibet. Le Panchen Lama est en effet le deuxième plus haut chef spirituel du bouddhisme tibétain Guélougpa (école dite des bonnets jaunes). Il se situe juste après le Dalaï Lama dans ce système hiérarchique. Il reçut le titre de Panchen de Bodong Choklay Namgyel après qu'il eut répondu avec succès à toutes les questions du sage. L'origine du mot Panchen est la combinaison de deux mots Pandita, qui signifie « érudit » en sanscrit et Chen-po, qui signifie "grand" en tibétain. Panchen se traduit donc par « grand érudit ». Lama signifie « maître spirituel ». Le Panchen Lama est considéré comme une émanation du Bouddha Amitabha (« de lumière infinie »).
Vers la fin du 13e et le début du 14e siècle, Tsongkhapa Losang Drakpa a fondé une tradition bouddhiste appelée Guélougpa. Vers 1445, un étudiant et neveu de Tsongkhapa, Gendun Drup (1391-1475), a construit un grand monastère, le Tashilhunpo, à l'ouest de Lhassa, à Shigatsé. Gendun Drup fut rétroactivement appelé le 1er Dalaï Lama quand la 3e incarnation dans sa lignée, Sonam Gyatso (1543-1588), a reçu le titre de Dalaï de son chef et disciple mongol Altan Khan en 1578. Gendun Drup a également reçu le titre de Panchen d'un contemporain tibétain érudit, Bodong Choklay Namgyel, après qu'il eut répondu à toutes ses questions. Les abbés successifs du monastère de Tashilhunpo furent tous appelés «Panchen». Puis, au 17e siècle, le 5e Dalaï Lama, Ngawang Lobsang Gyatso (1617-1682), a donné le monastère de Tashilhunpo à son professeur, Lobsang Chökyi Gyalsten, 15e abbé du monastère. Comme abbé du monastère, il était appelé Panchen, mais il reçu le titre distinctif de «Panchen Lama» quand le 5e Dalaï Lama annonça à la mort de son professeur que son professeur réapparaîtrait comme enfant-successeur reconnaissable. Le titre de «Panchen Lama» a également été appliqué rétroactivement aux 2 incarnations précédentes de son professeur bien qu'ils n'aient pas appartenu au monastère de Tashilhunpo, et la nouvelle incarnation est devenue ainsi le 4e Panchen Lama. Depuis lors, il est devenu conventionnel que le Dalaï Lama et le Panchen Lama soit impliqués dans l'identification du successeur de l’autre...
Le 28 janvier 1989, dans son monastère de Tashilhunpo, à Shigatsé au Tibet, le dixième Panchen Lama, Lobsang Trinley Lhündrub Chökyi Gyaltsen, meurt d'une crise cardiaque, à l’âge de 50 ans. Les Tibétains disent qu'il a été empoisonné quelques jours après son discours historique critiquant la politique chinoise et affirmant sa loyauté envers le Dalaï Lama. Le Panchen Lama avait notamment déclaré que le progrès apporté au Tibet par la Chine ne saurait compenser la somme de destructions et de souffrance infligée au peuple tibétain. Après sa disparition, le Parti communiste chinois chargea Chadrel Rimpoché, le responsable du monastère du Tashilhunpo, croyant qu'il leur était favorable, de trouver la réincarnation du Panchen Lama. Le Dalaï Lama propose à Pékin de dépêcher une délégation de hauts dignitaires religieux pour "assister" Chadrel Rimpoché. Mais l’offre est rejetée par la Chine, qui la qualifie de «superflue». Le Dalaï Lama et les autorités tibétaines commencent à organiser les recherches pour trouver sa réincarnation suivant les traditions tibétaines. Au Tibet, Chadrel Rimpoché retient trois enfants aux qualités remarquables. Parmi eux, le petit Gendhun Choeky Nyima, fils de nomades tibétains. Chadrel Rimpoché informe une équipe envoyée clandestinement au Tibet par le Dalaï Lama. Gendhun reconnaît sans hésiter les biens du défunt Lama. Il avait d'ailleurs déclaré à ses parents «Je suis le Panchen Lama. Mon monastère est le Tashilhunpo.» Le 14 mai 1995, après avoir étudié les différents candidats, un jeune garçon de six ans fut officiellement reconnu par le Dalaï Lama comme étant le onzième Panchen Lama. Il est nommé Gendhun Choekyi Nyima. Fils de Kunchok Phuntsok et Dechen Choedon, il est né le 25 avril 1989 dans la ville de Nagchu.
Trois jours plus tard, le 17 mai 1995, Gendhun Choekyi Nyima et ses proches furent portés disparus et certaines rumeurs laissèrent croire qu'ils auraient été kidnappés et emportés à Pékin. Chadrel Rimpoché, lui, est immédiatement arrêté et emprisonné pour avoir informé le Dalaï Lama. Un an plus tard, Pékin avouait détenir le Panchen Lama, ce qui en fait le plus jeune prisonnier politique au monde. En 1996, son cas a été examiné par le Comité des Droits de l'Enfant de l'ONU et les autorités chinoises avaient admis pour la première fois avoir "pris l'enfant pour sa sécurité" quand la question du Panchen Lama fut abordée. Le Comité a demandé à rendre visite à Gendhun, mais les autorités chinoises ne l'ont pas invité. Le dossier n'a pas avancé depuis lors. Aujourd'hui, il serait toujours détenu par les autorités chinoises. Pourtant, pour les Tibétains et les Bouddhistes de l'école Tibétaine, il est le onzième Panchen Lama, l'un des plus hauts dignitaires du bouddhisme tibétain. Une alerte « Amber » mondiale a d'ailleurs été lancée par le monastère Tashilhunpo (siège en exil en Inde du Panchen Lama) et une récompense est offerte à toute personne fournissant une information permettant d'entrer en contact avec le panchen lama[1].
Liste des Panchen Lama
- Khedrup Je, 1385–1438
- Sönam Choklang, 1438–1505
- Ensapa Lobsang Döndrup, 1505–1568
- Lobsang Chökyi Gyalsten, 1570–1662
- Lobsang Yeshe, 1663–1737
- Lobsang Palden Yeshe, 1738–1780
- Palden Tenpai Nyima, 1782–1853
- Tenpai Wangchuk, 1855–1882
- Thubten Chökyi Nyima, 1883–1937
- Lobsang Trinley Lhündrub Chökyi Gyaltsen, 1938–1989
- Gendhun Choekyi Nyima, 1989–