Liubo
A côté du xiangqi (échecs Chinois) et du weiqi (jeu de Go), liubo 六博 était un autre jeu de société dans la Chine ancienne. C'est un jeu entre deux joueurs, chacun ayant six pièces, d'ou le nom de "liu bo" ou "six bâtonnets".
Les accessoires du jeu incluent un dé, des pièces de jeu, un plateau de jeu, des jetons, un couteau tranchant, un couteau à racler et une boîte. Une pièce du jeu, ou "pion" pour faire court, est aussi connue sous le nom de "ma" ou "cheval". Il y a 12 pions au total, 6 noirs et 6 blancs (ou rouge), chaque couleur représentant un côté. Le plateau de jeu, autrement connu comme "plateau de bois" ou "qudao" est habituellement un plateau de bois presque carré avec des rainures de formes rectangulaires différentes et des points ronds sculptés sur la surface blanche ou noire. Les rainures sont soit peintes en laque rouge soit incrustées d'ivoire. Les jetons sont faits de fins bambous coupés. Il y a deux sortes de jetons : les longs et les courts. Les jetons, variables en nombre d'un jeu à l'autre, sont utilisés pour garder une trace de l'état des gains et des pertes des joueurs. Le couteau tranchant et le couteau à racler sont utilisés pour fabriquer les jetons de numérotage. La boîte sert à ranger les accessoires du jeu.
L'invention du liubo est bien antérieure à celle des échecs Chinois. Il prit naissance il y a longtemps, durant la Période des Printemps et Automnes (722-481 av J.C.) et devint populaire sous la période des Royaumes Combattants (481-221 av J.C.). Le jeu était largement répandu durant les Dynasties Qin (221-206 av J.C.) et Han, devenant un des jeux de société les plus populaires dans la cour impériale et parmi le peuple.
Avec l'ouverture de la Route de la Soie sous la Dynastie Han, le liubo fut introduit à l'étranger. Pendant la Dynastie des Jin occidentaux (265-316) et la Périodes des Seize Royaumes, il fut apporté en Inde. Le jeu de liubo a peut-être été largement répandu, mais il est progressivement tombé dans l'oubli après les Dynasties Sui (581-618) et Tang (618-907)
Le dessin du tablier de jeu est le prototype d'un motif cosmologique que l'on retrouve sur des miroirs de bronze et qui pouvait être utilisé indépendamment pour la divination. On employait six bâtonnets de bambou. Pour le jeu, on pouvait aussi utiliser un ou deux dés à la place des bâtonnets afin de déterminer les mouvements des douze pions (six pour chacun des deux camps).
Les règles précises du jeu ne sont pas connues mais de nombreux fragments littéraires nous permettent d'éclairer le fond mythologique, ainsi que les personnages historiques impliqués dans le jeu. On considérait que le jeu était joué aussi bien par des humains que par des immortels. Au cours de ces dernières décennies, quelque vingt sites archéologiques ont été fouillés mettant au jour, entre autres, des tabliers de jeu et des ensembles complets d'accessoires. En outre, un grand nombre de scènes en relief sur des briques, des sarcophages, des miroirs de bronze et des céramiques, ainsi que des figurines complètes en train de jouer ont été découvertes.
" Quand on ne fait que boire et manger toute la journée, sans appliquer son esprit à aucune occupation, qu'il est difficile de devenir vertueux. N'a-t-on pas des tablettes et des pièces ? Mieux vaudrait se livrer à ces jeux que de rester à ne rien faire." Confucius