Concession française de Shanghai
La concession française de Shanghai 上海法租界 (Shànghǎi fǎzūjiè) est une partie de la ville chinoise qui était passée sous la gouvernance de la France pendant presque cent ans, entre 1849 et 1946. On peut actuellement voir des bâtiments d'époque à l'emplacement de l'ancienne concession française à Shanghai, dans les quartiers de Xuhui (anciennement Zi Ka Wei) et Luwan.
Histoire
La signature du Traité de Huangpu, le 24 Octobre 1844, définissait les accords entre la France et la Chine sur l'entrée des produits étrangers sur le marché chinois. Cette ouverture du marché chinois au commerce international concernait cinq villes dont Shanghai. Le consul de France, Charles de Montigny, y était alors établi. En 1947, elle n'abritait qu'une trentaine de Français. Parmi eux, il y avait en majorité des gens en mission pour répandre la bonne parole ou des jésuites, qui y fondèrent le collège Saint-Ignace. Ceux qui travaillaient dans le domaine du commerce n'étaient pas nombreux. Parmi eux, un commerçant en vin, vint requérir l'assistance du consul pour pouvoir étendre sa clientèle.
Suivant l'exemple du Traité de Nankin signé en 1842 et qui permettait aux Anglais d'avoir une concession en Chine, le consul de France put aussi négocier la cession d'une partie de la ville de Shanghai à la France. La concession française fut alors fondée sur d'anciens marécages, situés au nord de la ville. Alors que la France n'eut droit qu'à 66 ha de terrain, juste sur son côté nord se trouvait la concession anglaise qui faisait un peu moins de 200 ha. Ces deux concessions étaient établies côte à côte, séparées par le canal de Yang King Pang. Le territoire français était bordé à l'Est par le Huang Pu, au sud, on pouvait voir la vieille ville et à l'ouest, Defense Creek.
Charles de Montigny demanda l'aide des religieux français établis dans tout l'empire pour la fourniture de produits à expédier vers la France, et ceci afin de développer le plus rapidement possible l'économie de la concession. Mais en 1853, des rebelles chinois, les Xiaodao hui, attaquèrent la ville de Shanghai. Cette invasion eut des incidences sur les concessions étrangères établies dans la ville. Une muraille fut alors érigée afin de protéger ces territoires. En 1856, le consul français de l'époque, Benoît Edan, avait créé une garde municipale composée de vingt cinq hommes.
7 ans après la première attaque, une autre invasion orchestrée par l'armée Taiping donna du fil à retordre aux concessions, tant à celle de la France, que du Royaume Uni et de l'Amérique. Elles ont dû former une milice composée au début d'une centaine d'hommes puis de milliers afin de résister et de gagner contre l'armée Taiping, et ce après plusieurs mois de guerre. A la tête de cette milice se trouvait un Américain du nom de Frederick Towsend Ward avec l'assistance du Français Albert-Édouard Le Brethon de Caligny. La concession française décida après ces incidents de créer sa propre garde.
Face à l'invasion des Taipings et à leurs exactions, plus de 20 000 personnes venant des campagnes avoisinantes étaient venues se réfugier dans les concessions. En 1861, 59 ha furent alors rajoutés à la concession française et elle fut reliée à la concession britannique par un pont. Cette année là, une centaine Français composaient la communauté française de Shanghai. Un conseil municipal, avec à sa tête le consul de France, fut créé. Il était composé de cinq membres de la communauté même, en majorité des propriétaires. La garde municipale s'agrandit pour atteindre le nombre de 3 000 hommes. Un collecteur d'impôts ainsi qu'un inspecteur des routes furent aussi désignés par le conseil municipal.
Mais un conflit survint entre le conseil municipal et le nouveau consul, le vicomte Antoine Brenier de Montmorand. La concession subit alors un dérèglement de son organisation. A ce problème s'ajoutèrent des difficultés liées à la dégringolade du commerce, la migration des réfugiés chinois une fois la paix revenue et des soucis concernant le trafic d'opium. En 1874, des conflits apparurent suite à des affrontements entre la communauté française et des Chinois.
En 1863, l'évolution des activités commerciales se sont étendues à l'exportation de tissu de soie vers la ville de Lyon. De nombreux établissements bancaires se sont installés dans la concession.
En mai 1899, la concession fut à nouveau agrandie de 68 ha. A la même période, la concession internationale, qui était composée auparavant des concessions britannique et américaine, s'est étendue sur 760 ha de plus. Pendant ce temps, les violences perpétrées contre la communauté chrétienne dans les provinces chinoises augmentaient sous l'impulsion de la révolte des Boxers.
De grands aménagements furent effectués au sein de la concession jusqu'en 1940, et de grandes avenues furent construites. En 1902, des platanes furent plantés sur l'avenue Joffre. Quatre années après, une ligne de tramway ainsi que des automobiles apparurent au sein de la concession.
Le 23 juillet 1921, le congrès pour former le Parti communiste chinois s'est tenu dans une bâtisse construite en briques de couleur grise, dans la rue Huangpi, dans l'enceinte même de la concession.
Les années 30 auront également été des années fastes pour la concession française de Shanghai. Des constructions plus grandes sont érigées dans la partie nouvelle, et dans la rue Pétain, le Collège Américain est édifié par les Américains. Après la révolution de 1917, qui a entraîné l'arrivée de nombreux Russes, La population a fortement augmenté pour passer de 41 résidents en 1915 à 7000. Les nationalités composant la population sont multiples. En 1934, sur 498 193 résidents, 18 899 habitants sont étrangers dont 1 430 seulement sont des Français.
Avec la première guerre mondiale, l'invasion de la ville de Shanghai par l'armée nipponne entraîne des milliers de Chinois à trouver refuge dans les concessions étrangères.
En février 1943, la concession internationale est restituée à la Chine. A la fin du mois de Juillet 1943, la concession française est aussi rendue à la ville de Shanghai. Les clés de la concession sont alors remises au maire de Shanghai Cheng Gengbo par le consul général de France, Roland de Margerie. L'accord stipulant cette restitution ne fut signée que vers le début du mois de mars 1946.
Carte ancienne
