Puxian ou Samantabhadra
Samantabhadra est un bodhisattva dont le rôle est particulièrement important dans les écoles bouddhistes Tiantai et Huayan, ainsi que dans le bouddhisme tantrique. Il est connu également sous les transcriptions ou traductions de son nom sanscrit : Puxian 普賢 (chinois), Fugen (japonais) , Kun-tu bzang-po (tibétain), Qamugha Sain (mongol), Phổ Hiền Bồ Tát (vietnamien). Il existe plusieurs interprétations de son nom, chaque maitre choisissant celle qui lui parait la plus appropriée. Puxian est en général compris comme "[celui qui distribue] universellement [la] sagesse".
Place dans les écoles Huayan, Tientai et tantriques
Comme Manjusri, il joue un rôle de premier plan dans le Soutra Avatamsaka (Huayanjing 華嚴經), dont l'influence commença à s'étendre en Chine pendant la période des Dynasties du Nord et du Sud pour devenir très importante sous les Tang. Samantabhadra et Manjusri y ont la préséance sur les autres bodhisattvas en tant que fils du bouddha ; Samantabhadra est à sa droite et représente la vérité (理), tandis que Manjusri à gauche représente l'intelligence (智). Cette triade est connue sous le nom de Huayansansheng (華嚴三聖), les "Trois saints de Huayan". Certaines écoles identifient le bouddha central à Vairocana.
Il joue également un rôle important dans le Soutra du lotus, texte central de l'école Tiantai, et dans les écoles japonaises qui s'appuient sur ce texte, Tendai et particulèrement Nichiren. Certains courants tantriques, dont le bouddhisme Shingon, lui donnent une place centrale : il est l'émanation de Vairocana, ou parfois lui-même le bouddha primordial ; dans ce rôle, l'école tibétaine Nyingma le représente en union avec sa parèdre Samantabhadri. Sa nudité sans ornements représente l'absence de nature propre, tout comme les couleurs des deux déités. Il existe des écoles Yogaçara qui le considèrent comme l'inventeur du yoga en lieu et place de Vairocana.
Place dans la tradition chinoise
En tant que bodhisattva, il a une place même dans les courants qui ne lui attribuent pas un rôle primordial. Il est connu en Chine comme l'un des quatre grands bodhisattvas ; il représente alors la pratique déterminée (大行), associé à Manjusri, l'intelligence (dazhi 大智), Avalokiteshvara, la compassion (dabei 大悲) et Ksitigarbha, la force du voeu (dayuan 大願). Le mont Emei lui est consacré. Son premier temple y fut construit après l'installation en 399 du moine Huichi (慧持) venu du mont Lu (廬山). L'empereur Taizong des Song y fit dresser une statue de bronze.
Une croyance populaire fait se réincarner Manjusri et Samantabhadra dans deux orphelins élevés dans un monastère, qui seraient devenus les célèbres moines et amis Hanshan et Shide.
Dans l'iconographie chinoise, il est le plus souvent représenté montant un éléphant blanc à 6 défenses, symbole de fermeté, dont chaque pied repose sur un lotus ; il peut être opposé à Manjusri chevauchant un tigre bleu, symbole d'intelligence. On lui donne exceptionnellement une apparence féminine.
Les dix voeux de Samantabhadra
Selon le soutra Avatamsaka, il a prononcé dix voeux, proposés aux fidèles comme voie de développement spirituel :
- (1) Rendre hommage à tous les bouddhas
- (2) Leur adresser des louanges
- (3) Ne pas être avare d'offrandes
- (4) Se repentir des fautes qui entrainent un mauvais karma
- (5) Se réjouir des mérites d'autrui
- (6) Requérir l'enseignement du bouddha
- (7) Prier le bouddha de rester dans ce monde
- (8) Suivre constamment ses enseignements
- (9) Vivre en bonne harmonie avec toutes les créatures
- (10) Etendre universellement le bénéfice des mérites.
La tradition chinoise y a ajouté dix exercices de patience, et met en avant la promesse qu'il a faite dans le Lengyanjing (楞嚴經) de venir instantanément au secours de ceux qui l'appellent, quelle que soit la distance. Si le développement spirituel de celui qui l'appelle est assez avancé, il le verra ; sinon, le bodhisattva lui touchera la tête et il sera béni.
