Peinture traditionnelle chinoise
Les arts chinois figurent parmi les traditions artistiques les plus anciennes au monde. La peinture chinoise 中国画 en fait partie, et il s'agit même d'un art très complet, alliant techniques de calligraphie, de peinture et de poésie.
Introduction
Contrairement à la peinture occidentale, la peinture chinoise n'est pas juste une représentation visuelle de ce que l'artiste voit ou imagine, il s'agit plus de l'expression d'un mode de pensée, mettant en avant l'harmonie entre l'homme et l'univers, et le dynamisme de cette relation.
La finesse de la peinture chinoise est telle que la vente de ces œuvres atteint aujourd'hui des sommes record.
Histoire de la peinture chinoise
On peut retracer les origines de la peinture chinoise jusqu'au Paléolithique, avec les pétroglyphes peints sur les parois rocheuses des sites anciens, sans qu'on puisse précisément les dater.
Les plus anciennes traces de peinture sur soie, elles, remontent au IIIème siècle avant J.-C., découvertes dans la province du Hunan. C'est du temps des dynasties impériales que la peinture chinoise acquiert véritablement ses lettres de noblesse.
A l'époque de la dynastie des Jin (265-420), la peinture était réservée à l'aristocratie et aux lettrés, seuls personnes de l'époque à avoir le temps nécessaire pour arriver à maîtriser l'art de manier le pinceau, pour la calligraphie d'abord, puis pour la peinture, les deux arts étant étroitement liés.
La peinture figurative ne s'épanouit véritablement qu'au temps de la dynastie des Tang (618-907). La cour impériale est alors largement représentée et dans toute sa splendeur, notamment par Zhou Fang. L'époque Tang vit aussi naître une nouvelle forme d'art, celle du maître Wu Daozi, qui utilisait uniquement de l'encre noire étalée avec des coups de pinceaux libres, contrairement aux techniques connues jusque-là, où les traits à l'encre servaient de contour aux personnages très colorés et très détaillés. C'est aussi à cette époque que s'épanouit la peinture de paysages, des scènes monochromatiques et clairsemées, visant plus à exprimer le rythme de la nature que son image.
Durant la période Song (960-1279), la peinture devient une représentation visuelle des concepts Taoïstes et Bouddhistes. C'est aussi durant cette période que la poète Su Shi et son cercle de lettrés s'adonnent en amateur à la peinture, en utilisant leurs capacités en calligraphie.
C'est ensuite du temps de la dynastie Yuan (1279-1368) que la poésie et la calligraphie sont intégrés à la peinture, par le biais de poèmes calligraphiés suivie du sceau de l'artiste, habituellement sur un côté de la peinture.
L'art minimaliste chinois ne se développe qu'au XIIème siècle, pendant la période Ming (1368-1644), représentant des sujets aussi simples qu'une branche avec un fruit ou un seul cheval. Cependant, deux écoles ont continué à perpétuer certaines techniques : l'école Wu, dirigée par Shen Zhou, ont continué avec les techniques de l'époque Yuan ; tandis que l'école Zhe a repris et transformé les techniques de la cour des Song.
L'époque de la dynastie Qing est une époque de révolte artistique, ou certains peintres se revendiquant Individualistes préconisent un coup de pinceau plus libre. Certains artistes ayant étudié en occident rejetèrent carrément les techniques ancestrales, d'autres cherchèrent à combiner technique traditionnelle et technique occidentale.
Durant les premières années de la République populaire de Chine, le réalisme socialiste était encouragé, et les artistes étaient contraints à produire massivement des œuvres au sujet imposé. La peinture traditionnelle chinoise connut ensuite un nouvel essor après la Campagne des cents fleurs en 1956-1957, mais la Révolution culturelle ferma ensuite les écoles d'art et interdit toute exposition et publication artistique.
La fin de la Révolution Culturelle marqua ensuite une époque d'échange avec des artistes occidentaux, apportant de nouveaux sujets et de nouvelles techniques aux artistes chinois.
A chaque style sa technique
Contrairement à la peinture occidentale, la peinture traditionnelle chinoise n'est pas une peinture d'inspiration. L'apprentissage se fait en copiant à l'identique les dessins du maître, et en répétant les mouvements de telle sorte que ceux-ci deviennent instinctifs. Cette technique a ensuite été largement critiquée, considérant la peinture traditionnelle chinoise comme un art sans originalité, alors qua la tradition artistique moderne ne jure que par l'innovation.
Selon la technique utilisée, on peut distinguer plusieurs types de peinture :
- Le Gongbi 工笔画 (Pinceau soigneux ou Pinceau habile), au crayon et/ou pinceau, caractérisé par sa finesse et son attention minutieuse aux détails.
- Le Baimiao 白描画 (Dessin au trait ou Dessin blanc), avec uniquement les contours dessinés à l'encre noire.
- Le Mogu 没骨画 (Sans ossature), au contraire du Baimiao, sans contours.
- Le Xieyi Hua 写意画 (Ecrire l'idée ou Ecrire l'intention), un dessin libre où sont exprimées des impressions, au moyen de tracés amples.
- Le Shui Mo Hua 水墨画 (Encre et eau), une variante du Xieyi hua, mais à l'encre noire uniquement.
Des supports et un matériel séculaires
La peinture chinoise se décline sur plusieurs sortes de supports. Les plus courants sont les rouleaux de soie et de papier, tendus entre deux bâtons en bois, l'un plus gros, l'autre plus petit, le plus gros servant ensuite à rouler l'œuvre pour la ranger. La peinture chinoise étant essentiellement basée sur des dessins à l'encre, la soie ou le papier doivent être traités selon les cas. L'alun permet de rendre le papier moins absorbant, par exemple. Ensuite, une colle spéciale permet de rouler le support sans endommager l'œuvre. Les formats peuvent varier de 1,50 m à 12 m (mais c'est exceptionnel), pour les rouleaux destinés à une exposition murale, mais il peut aussi exister des peintures plus petites, conservables dans des albums, ou encore utilisées pour orner des éventails.
La céramique et le bois sont aussi d'autres supports qu'on peut trouver. La céramique est un support qui exige une grande précision et une grande rapidité à la fois, de par sa rapidité d'absorption. Le bois, quant à lui est plus rare, mais a permis de conserver de précieux exemples de laques anciennes.
Le matériel utilisé par la peinture chinoise est en partie le même que celui de la calligraphie. Le pinceau, très raffiné, est élaboré de telle sorte qu'avec un seul, plusieurs épaisseurs de trait peuvent être obtenues. Les couleurs sont obtenues à partir de pigments végétaux ou minéraux, réduits en poudre avec une gomme. L'encre, enfin, est de l'encre noire de seiche plus ou moins diluée.