Geisha
Si le début des geishas 芸者 remonte au 18ème siècle au Japon, certains documents historiques les faisaient remonter dès le début du 11ème siècle. On peut considérer les geishas comme les évolutions des taikomochi qu'on peut également assimiler aux bouffons de l'Europe médiévale. D'ailleurs, les premières geishas étaient en réalité des hommes. Aux premières intégrations de femmes dans le milieu des geishas, ces dernières étaient appelées "onna geisha" soit littéralement "femmes geishas". De nos jours, toutes les geishas sont des femmes.
Le nombre de geisha a connu ces dernières années une singulière diminution. Elles ne sont aujourd'hui guère plus que 200, principalement à Kyoto, dans le quartier de Gion. La mauvaise interprétation de leurs rôles et l'association de leurs images à la prostitution ont largement terni leurs images, créant un désintérêt croissant des jeunes filles pour cette profession.
Généralités
Contrairement à ce que l'on peut penser, les geishas ne sont pas des prostituées mais sont plus considérées comme des hôtesses. Elles jouissent d'autant plus au Japon d'un réel prestige et de l'admiration, autant que les cantatrices en Occident. Bénéficiant du même rang en termes de charisme que les sumotoris, ce sont bien davantage le charme et la personnalité qui prédominent sur la beauté physique.
Les jeunes filles peuvent prétendre au métier de geishas très jeunes, dès l'âge de 3 ans et 3 jours. La petite fille pourra alors être confiée à une Okiya, la seule institution apte à former les geishas. C'est dans cette demeure que cohabitent les responsables de l'Okiya, les "maikos" ou apprentis geisha et les "geikos" 芸妓 ou geisha.
Compétences
Les geishas étaient traditionnellement des personnalités qui étaient entrainées à un certain mode de vie depuis leur plus tendre enfance. Généralement, ce sont les familles pauvres qui fournissaient les jeunes filles aux maisons de geishas ou Okiya. Ce sont ces maisons de geishas qui se chargeaient ensuite de les élever et de les entraîner pour une certaine finalité.
Durant l'enfance, les apprentis-geishas sont initiées aux tâches domestiques, ce qui leur permettait ensuite d'accéder au rang d'assistante dans les maisons geishas. Cela assurait le coût de leur éducation et contribuait à parfaire leur développement. La formation de geisha est longue et contraignante et l'entrainement dure généralement plusieurs années. Cette forme d'éducation traditionnelle perdure encore dans le Japon actuel : l'enfant ou l'apprenant vit chez son maître et apprend à ses côtés. Il le regarde pratiquer, l'aide, l'assiste quotidiennement et exécute les différentes tâches ménagères.
Ainsi, dès leur plus jeune âge, les apprenantes geishas étaient initiées aux arts et à la danse. Elles apprenaient à jouer de divers instruments de musique, en particulier le shamisen mais aussi les danses traditionnelles ainsi que les chants. Sont aussi au programme la très rituelle cérémonie du thé et d'autres arts typiquement japonais tels l'ikebana ou l'art de la composition florale.
Elles devaient même maîtriser la poésie japonaise tout comme la littérature. C'est au contact de leurs ainées que les apprenties-geishas apprenaient en les mimant. Leur instruction comportait aussi une familiarisation avec l'art du port de kimono mais aussi de l'art de la conversation, des rapports aux clients ainsi que les différents jeux.
Beauté et élégance
Par ailleurs, toutes les geishas qui sont dans les Okiya sont inscrites au Bureau d'enregistrement de Gion. Les règles de vie en ces lieux répondent à certaines spécificités. Une hiérarchie est observée avec comme règlement tacite, en somme les dernières Geishas rangent tout en haut des casiers leurs chaussures comme sur une échelle. Le kimono est le principal élément constitutif de la garde robe d'une geisha. Ces kimonos bénéficient d'un soin particulier et sont enveloppés dans des papiers en soie et rangés dans un petit bocal.
Les kimonos de certaines geishas ont acquis une certaine valeur et certains sont même stockés à la banque. Il est à remarquer que tous les kimonos ont la même longueur quel que soit la taille de la femme. Le kimono le plus cher valait à lui seul le revenu annuel d'un paysan.
D'autre part, les geishas accordent beaucoup d'importance au maquillage. Pour dessiner les sourcils, ces dernières utilisent un bâtonnet de paulownia séché. Dans la pratique, une crème jaune pâle à base de déjections de rossignols est utilisée comme crème pour visage. Cette préparation pour le moins étrange était sensée régénérer la peau. Pour le visage, le cou et la poitrine, un morceau de cire était malaxé. Les geishas utilisaient des bâtonnets de pigments rouges pour les appliquer sur les joues. Pour les lèvres, seule la lèvre inférieure était peinte afin de lui donner un côté plus pulpeux.
La mise en avant de la nuque est très importante au Japon. Un cou dénudé est très érotique dans la même proportion que l'attrait des européens pour les jambes d'une femme. Le Japonais regarde en priorité la gorge et la nuque chez une femme, raison pour laquelle les geishas aiment à porter des kimonos décolletées dans le dos.
Les chaussures de geishas se composent de deux types : les zori et les okobo. Les zori sont des sandales en paille laqués et tissées de manière grossières. Par contre, les okobo sont des chaussures en bois, assez hautes, avec des lanières laquées. Généralement, des chaussettes blanches appelées tabi accompagnent ces deux types de chaussures.
Grande Soeur
Quand une fille s'estime suffisamment prête pour devenir apprentie-Geisha, elle doit nouer un type de lien particulier avec une geisha plus expérimentée : la "grande soeur". Cette grande soeur doit avoir la particularité d'être l'ainée de l'apprenante, d'au moins un jour.
Lorsque 2 filles d'un Okiya souhaitent devenir soeurs, une cérémonie ressemblant à un mariage est effectuée. Elles pourront alors s'appeler "grande soeur et petite soeur".
La grande soeur aide la petite soeur à se conduire dans son rôle de geisha. Mais son soutien va au-delà de ce rôle de guide. C'est à la grande soeur d'emmener à Gion, le quartier de Kyoto reconnu mondialement pour être le centre mondial des geishas, sa cadette. La grande soeur aura alors à initier sa petite soeur aux maisons de thé qu'il serait bon de fréquenter, les chefs des grands restaurants. Elle lui présentera aussi à ses clients et autres protecteurs. Quant une apprentie-geisha réussit, c'est toute la communauté qui en bénéficie.
La grande soeur touche une part des honoraires de sa cadette et les différentes maisons de thé profitent aussi des retombées.