Zheng He
Zheng He, navigateur musulman chinois du XVe siècle
Zheng He 鄭和 (1371-1433), surnommé "l'Eunuque aux trois joyaux", né en 1371 et mort en 1433, était un eunuque chinois et un explorateur maritime célèbre. Il a fait le tour du monde il y a 600 ans, a permis à la Chine d'acquérir une réputation de pays amical et puissant.
En tant qu'émissaire commercial et politique de l'empereur chinois, il a parcouru les mers, avec ses 27 000 hommes à bord de 200 navires, sur plus de 50 000 kilomètres, et visité plus de 30 pays en Asie et en Afrique, dont l'Indonésie, durant 28 ans de 1405 à 1433. Ses voyages ont devancé de 87 ans ceux de Christophe Colomb, de 92 ans ceux de Vasco da Gama et de 114 ans ceux de Fernand de Magellan.
Zheng He, Ma He de son nom d'origine, est né en 1371 dans une famille pauvre de l'ethnie Hui (qui partique l'Islam), dans la province du Yunnan dans le sud-ouest de la Chine.
Son grand-père et sont père ont effectué un pèlerinage à la Mecque par voie terrestre. Leurs voyages ont beaucoup contribué à l'éducation du jeune Zheng He. Dès son adolescence, il parlait l'arabe et le chinois.
Recruté comme serveur par la famille impériale à l'âge de dix ans, Zheng He fut désigné deux ans plus tard comme faisant partie de la suite du prince Yan, qui devint plus tard l'empereur Yong Le.
L'empereur Yong Le chercha à améliorer son image et celle de la Chine en envoyant des flottes spectaculaires et en accueillant des ambassadeurs de pays étrangers à la cour impériale.
Le gouvernement de la flotte a été confié à son favori, Zheng He.
Ses voyages ont beaucoup contribué à la renommée de la dynastie des Ming comme un puissant pouvoir à l'Est et ont aidé à réaliser de grands progrès dans les domaines économique et diplomatique.
Zheng He est décédé dans la 10e année du règne de l'empereur Xuande (1433) des Ming et fut enterré dans la colline de Tête de taureau (Niushou) dans la banlieue sud de la ville actuelle de Nanjing dans la province du Jiangsu.
En 1983, lors du 580e anniversaire du voyage de Zheng He, son tombeau a été restauré. Le nouveau tombeau a été construit sur le site du tombeau original et reconstruit selon les moeurs et coutumes islamiques.
Hypothèse de la découverte de l'Amérique
Une thèse récente, exposée en 2002 par l'auteur britannique Gavin Menzies, prétend même qu'une partie de la flotte aurait contourné le sud du continent africain pour remonter l'Atlantique jusqu'aux Antilles, une autre partie aurait franchi le détroit de Magellan pour explorer la côte ouest de l'Amérique et, finalement, une autre aurait navigué dans les eaux froides de l'Antarctique. Les côtes de l'Australie n'auraient pas été laissées de côté lors des ces voyages d'exploration.
Cette thèse fut élaborée à partir de l'étude d'anciennes cartes maritimes italiennes et portugaises antérieures aux voyages de Christophe Colomb et montrant des îles et territoires inconnus des Européens à cette époque, interprétés généralement par les historiens comme des îles imaginaires. L'auteur affirme que ces territoires correspondent bel et bien à des terres réelles, contredisant l'explication généralement admise. Bien que cette thèse fût bien accueillie par les milieux universitaires chinois, elle est toutefois controversée et recueille un scepticisme prudent de la part des historiens. Seule la découverte de vestiges physiques (épaves de navires, artefacts chinois) et la découverte de textes historiques relatant ces voyages (qui en théorie, ont tous été détruits) dans les archives chinoises pourront confirmer les affirmations de l'auteur.
À l'époque de Zheng He, la marine chinoise était la plus puissante du monde, de par le nombre et la taille de ses navires, le nombre de ses marins et la modernité des technologies employées. Mais toutes les explorations entreprises n'aboutirent à aucune colonisation, la Chine se repliant sur elle-même pour vivre en autarcie dès 1433. L'interdiction de construire de grands navires, la destruction des grandes jonques et de leurs plans, réduisirent à néant l'immense potentiel chinois en matière d'exploration et toute capacité de tenir en respect les Européens qui allaient bientôt sillonner les mers d'Asie.
Pour expliquer le peu de suites de ces expéditions, on met généralement en avant le fait que la Chine impériale se considérait comme le centre du monde (« l'Empire du Milieu »). Il faut surtout comprendre que la Chine de l'empereur Yongle n'avait, en termes commerciaux, pas beaucoup à attendre des autres nations - alors que les grands voyages espagnols et portugais étaient à l'origine motivés par le commerce des épices.
Les voyages de Zheng He étaient donc avant tout des opérations de prestige destinées à affirmer la puissance de l'Empire des Ming et à gagner la reconnaissance de royaumes lointains - d'où les échanges de produits de luxe, qui relevaient plus de la pratique du tribut que de vraies opérations commerciales. La différence est donc grande avec les expéditions qui partirent d'Europe quelques années plus tard. Si les expéditions de Zheng He augmentèrent grandement le prestige de l'Empire dans toute l'Asie, elle n'étaient pas rentables économiquement et ne constituaient pas un enjeu politique primordial - ce qui explique sans doute que la Chine ait sabordé ce qui était alors la marine la plus formidable de l'Histoire.
Reproduction d'une carte par Mo Yi Tong en 1763, attribuée par certains aux expéditions de Zheng He et réalisée en 1418. Des tests concernant sa date de réalisation sont en cours en 2006. L'authenticité de cette carte n'est donc pas certaine. On peut tout de même remarquer l'assez bonne précision pour l'époque des différents continents, malgré quelques erreurs (mauvais emplacement et taille de l'Australie plus petite qu'elle ne l'est et également le fait que l'actuelle Californie est considérée comme une île).