Le tribut en Chine
Le tribut est à la fois une institution symbolique et économique. Il est versé à l'empereur par les provinces du pays et par les peuples étrangers. Dans son aspect symbolique, il marque l'allégeance des provinces chinoises ou la soumission volontaire des peuples périphériques, les « Barbares » désireux de participer à la culture raffinée de l'empire du Milieu. Ces derniers offrent des produits particuliers à leur pays, qui, à leur image, sont « naturels » : animaux, fourrures, minéraux et plantes alimentent une collection de curiosité dans la Cité interdite. En échange, l'empereur leur octroie des biens « culturels » : soieries, céramiques, vêtements et autres objets sortis des manufactures impériales.
Du point de vue économique, l'échange peut se révéler très profitable aux « Barbares » surtout s'ils présentent un danger militaire potentiel et que la Cour veut « acheter » leur pacifisme. C'est ainsi qu'avant leur conquête de la Chine les Mandchous vendent sous le système du tribut du gingseng, des fourrures et des perles à la cour des Ming et s'enrichissent considérablement. Dans la réalité, le tribut des provinces se transforme souvent en simple taxe, et parmi les pays étrangers tributaires on compte des nations tout aussi culturellement sophistiquées que la Chine, comme le Viêtnam et la Corée. Les cadeaux apportés par les missions diplomatiques occidentales (horloges, lustres…) étaient volontiers considérés par les Chinois comme un tribut.