Solstice d'hiver
Le Solstice d'hiver 冬至 (dōngzhì) connu aussi sous le nom de "fête du Dongzhi" figure parmi les plus importantes festivités célébrées par les Chinois et même en Extrême Orient.
Origine
La date retenue pour cette célébration est en majorité le 21 décembre, qui est le jour le plus court de l'année. En effet, après cette date, les journées sont de plus en plus longues. La philosophie du Yin et du Yang, qui se rapporte à l'harmonie et l'équilibre du cosmos, est le moteur qui guide cette fête depuis ses origines. Le Yin se rapporte au froid et à l'obscurité, et ces tendances sont à leur maximum au moment du solstice d'hiver. Cette période marque aussi le passage du froid vers la lumière et la chaleur, qui sont des aspects propres au Yang. Cette étape qui va du froid au chaud est la raison pour laquelle la fête du Solstice d'hiver est célébrée dans l'optimisme et la bonne humeur. Ce phénomène est interprété comme le retour des flux d'énergie positive.
Il est préférable de noter que le calendrier traditionnel chinois diffère du calendrier grégorien. En effet, le calendrier chinois est calculé selon les mouvements de la Lune mais pas selon le système solaire. Selon un adage chinois, "il ne fait pas vraiment froid jusqu'au solstice d'hiver". Les neuf jours qui suivent le 21 décembre sont les plus froids de l'année et sont appelés par les Chinois les "Neuf plus froids".
Histoire
Durant le règne des dynasties Shang et Zhou, connues aussi en tant que dynasties Yin et qui étaient restées au pouvoir entre 1570 et 722 avant JC, et sous la souveraineté de la dynastie Qin (221 à 206 avant JC), le jour du solstice d'hiver était pris comme le premier jour du Nouvel An. Sous les Han, le solstice d'hiver était considéré comme le "festival d'hiver". La "célébration de l'hiver" était une réjouissance organisée par les fonctionnaires occupant des rangs élevés. Le solstice d'hiver marquait aussi le début des vacances officielles. A cette période, tout le monde marquait un arrêt de travail, que ce soit les membres des familles royales ou les émissaires gouvernementaux. Même l'armée était en vacances. Les portes aux frontières étaient barrées et les commerces n'ouvraient pas. C'était l'occasion pour les membres de chaque famille de se réunir ou de se rendre visite afin d'effectuer un échange de cadeaux ou de nourriture. C'était l'occasion pour chacun de se relaxer.
Entre 960 et 1279, durant le règne de la dynastie Song, le Solstice d'hiver est l'occasion pour rendre hommage aux aïeuls. Les plus jeunes venaient rendre visite aux membres plus âgés de la famille.
Traditions
La fête du Solstice d'hiver est traditionnellement une occasion pour les membres d'une même famille de se réunir. Des plats spécifiques sont préparés pour célébrer cette festivité. Par exemple, les peuples qui habitent dans le sud de la Chine cuisinent des Tangyuan ou boulettes de riz gluant. Ce plat symbolise la réunification de la famille. Cette tradition est aussi perpétrée par la majorité des communautés chinoises à l'étranger. De la farine de riz est utilisée pour la confection de ces boulettes de riz gluant. Les Tangyuan sont parfois colorés. La coutume veut que l'on donne plusieurs Tangyuan à chaque membre de la famille, un grand modèle et plusieurs petits. Les boulettes de riz sont confectionnées soit fourrées soit pleines. Leur mode de cuisson s'effectue en les plongeant dans un bouillon ou une soupe sucrée. On sert ensuite le tout dans un même récipient. Actuellement, les Chinois du sud organisent une grande fête à l'occasion du Solstice d'hiver. Cette occasion est la deuxième fête célébrée par de nombreuses familles du Sud, juste après les festivités du Nouvel An.
L'usage est un peu plus différent dans le nord du pays. A la place des Tangyuan, ils servent des raviolis chinois ou wontons. La légende raconte que Zhang Zhongjing, un médecin de la dynastie Han, est à l'origine de cette tradition. Il officiait dans la ville de Changsha. Il était surnommé le "docteur miracle". Originaire de la ville de Nanyang, il y retourna en hiver, quand vint sa retraite. Par compassion envers des gens nécessiteuses qui souffraient d'engelures aux oreilles un jour où il faisait très froid, il demanda à ses aides d'établir un campement à l'extérieur de la porte Est de la ville. Il demanda alors à ce qu'on fasse un bouillon à base de viande de mouton, de piment et d'autres épices et herbes. Une fois la viande cuite, il fit confectionner des boulettes de viande qui furent recouvertes de pâte. Les wontons obtenus furent distribués ensuite aux personnes qui étaient dans le besoin afin de leur apporter un peu de chaleur. Et cette soupe aida à la guérison des engelures que les gens avaient aux oreilles. La forme des raviolis faisait penser à des oreilles. Le médecin leur donna ainsi le nom de "soupe de boulettes qui protège du froid". Cette tradition est encore respectée de nos jours et les Chinois consomment de la soupe de boulettes de pâte pendant la fête du solstice d'hiver, afin de les protéger du froid. D'après les croyances anciennes, sous le règne de la dynastie Han, les Huns ont plusieurs fois attaqué les peuples qui habitaient à la frontière nord de la Chine. Les principales tribus Hans étaient gouvernées par le chef Hun et le chef Don. Face aux exactions commises par les Hans, les Chinois inventèrent le Hun Tun (Hun et Don) afin que la paix revienne dans la région. Ils créèrent ce plat le jour du solstice d'hiver.
En prévision des saisons froides, les gens qui travaillent dans les fermes et les personnes qui sont dans le domaine de la pêche ont pris l'habitude de faire des provisions. A Hong Kong, les gens quittent leur lieu de travail plus tôt afin de préparer un festin pour le soir, à partager en famille.