Lin Biao
Lin Biao 林彪 est un homme politique chinois né le 5 décembre 1907 et mort le 13 septembre 1971.
Introduction
Lin Biao est né d'une modeste famille de propriétaires terriens, à Wuhan, dans la province de Hubei en Chine centrale. Brillant chef militaire ayant activement participé à l'avènement du parti communiste, héros de la Longue Marche durant le conflit contre Chiang Kaï-shek, rédacteur du Petit Livre Rouge des citations de Mao Zedong, il embrasse aussi une carrière politique qui le mène au poste de Ministre de la défense en 1959. Les circonstances de sa mort en 1971, plus célèbre que tous ses exploits militaires, restent floues et donnent lieu à plusieurs hypothèses dont aucune n'a jamais été attestée ni démentie.
Une brillante carrière militaire au service du communisme
Dès l'âge de 17 ans, Lin Biao s'inscrit à la Ligue de la jeunesse communiste chinoise et devient un des rares communistes admis à l'Académie militaire de Whampoa, où il rencontre Zhou Enlai, père du Parti communiste chinois, qui le prend sous son aile. A la purge du Parti révolutionnaire ordonnée par Chiang Kaï-shek en 1925, Li doit fuir dans la province du Jiangxi où il rencontre Mao Zedong en 1928. Il y devient un des chefs les plus actifs et les plus capables de la jeune Armée rouge de celui-ci. Chiang Kaï-shek poursuit les communistes jusque dans le Jiangxi, et l'Armée rouge est contrainte à la retraite.
L'épisode du passage du Pont de Luding, dans le Sichuan, pendant la Longue Marche (entre octobre 1934 et octobre 1935) bien que contesté par certains, a fait de Lin Biao un héros de la guerre contre les nationalistes de Chiang Kaï-shek. Il commande alors 20.000 hommes du 1er corps de l'Armée populaire de libération. Il est dit que le pont a été repris aux nationalistes au bout de 2 heures sous le feu nourri de ces derniers, alors que la moitié du pont brûlait déjà.
Grièvement blessé en 1938 lors de la guerre contre le Japon (de 1937 à 1945), durant laquelle il commande la 115ème division de l'Armée de la 8ème route, il est affecté à la direction de l'Académie militaire de Yan'an, part se soigner à Moscou de 1939 à 1942, puis revient à Yan'an, où il continue d'enseigner la doctrine communiste de Mao Zedong, devenu chef incontesté du Parti communiste chinois depuis la Longue marche.
La victoire de la Chine contre le Japon donne lieu à une lutte encore plus acharnée entre nationalistes, appuyé par les Etats-Unis, et les communistes, soutenus par l'URSS, pour s'approprier les territoires abandonnés par le Japon. Le Nord-Ouest est conquis par les communistes, et le secrétariat du Bureau du Parti qui y est érigé est confié à Lin, ainsi que le commandement de l'Armée rouge. Chiang Kaï-shek attaque le Nord-Ouest contre l'avis des américains et semble d'abord gagner du terrain, mais Lin Biao fait encore une fois preuve de son génie militaire en lui reprenant la Mandchourie en 1948 en utilisant des techniques de guérilla, puis en s'emparant petit à petit du reste de la Chine : Beijing en janvier 1949, Wuhan en mai, Guangzhou et l'île de Hainan en octobre. La victoire des communistes sur les nationalistes sonne l'avènement de la République populaire de Chine en 1949, et en 1955, Lin devient maréchal de l'Armée populaire de libération.
L'accession aux hautes sphères de la politique et la Révolution culturelle
La santé de Lin, affaibli depuis sa blessure de 1938, le pousse à se tourner de plus en plus vers la politique. Dès 1950, il est élu au 8ème Politburo du Parti communiste chinois, et en 1959, il est nommé Ministre de la défense. Il développe alors une campagne d'éducation politique de l'armée : il y entame une « dé-russification » et en accentue le caractère « populaire ». Il écrit en 1965 une thèse sur la révolution dans les pays sous-développés, préconisant que pour renverser l'impérialisme occidental, la Révolution communiste chinoise est le meilleur modèle à appliquer dans ces pays. C'est pour véhiculer l'idéologie Maoïste au sein de l'armée, puis au sein du peuple, qu'il rédige le Petit livre rouge, un recueil de citations de Mao Zedong, livre qui deviendra alors le symbole de la Révolution culturelle (de 1966 à 1969).
En avril 1969 pendant le neuvième congrès du Parti dont il est le rapporteur et alors qu'il est bien vu de Mao Zedong, Lin est désigné comme son successeur au sein du 9ème Politburo du Parti communiste chinois.
Le déclin puis la disparition
Bien que fidèle défenseur de Mao Zedong, la rédaction du Petit livre rouge en étant le plus flagrant exemple, Lin Biao perd peu à peu les faveurs de celui-ci, notamment en s'opposant à une restructuration du Parti communiste. Restructuration qui remettrait en cause le pouvoir de l'armée et des organisations nées de la Révolution culturelle. De plus, Lin s'oppose fermement à tout rapprochement avec les Etats-Unis, mais contre son avis, Mao invite le président américain Richard Nixon à Pékin le 10 Juillet 1971, en plein milieu de la Guerre froide.
Le 13 septembre 1971, l'avion qui emmenait Lin Biao, accusé de traitrise contre Mao Zedong, en URSS alors qu'il fuyait le pays est abattu en Mongolie. Les détails de cette traitrise font toujours l'objet de diverses hypothèses, dont celle d'un coup d'état, soutenu notamment par la République de Chine, basé à Taïwan. La version officielle du gouvernement chinois veut que Lin Biao et son fils Lin Liguo aient prévu d'assassiner Mao, et que ce soit sa fille, Lin Liheng qui les aurait dénoncés.
La mort de Lin sera d'abord cachée, puis il sera présenté comme un traître, critiqué au même titre que Confucius, et considéré comme responsable des égarements de la Révolution culturelle.
Ce ne sera qu'en 2007 que son nom sera réhabilité, à l'occasion du 80ème anniversaire de l'Armée populaire de libération.