Katana
Article sur le Katana rédigé par Artkatana, boutique de vente en ligne de katana.
Histoire
Le katana 刀 est un sabre japonais mesurant de 70 à 76cm, pesant de 800 à 1300 grammes, à réputation aussi bien guerrière que politique. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les premiers katanas n'étaient non pas des lames courbes, mais des lames droites, forgées pour la première fois par Amakuni en 700 ap. J-C.
Ce n'est que par la suite, en fonction des époques, que les courbures des lames sont apparues avec différentes variations : en effet cette courbure caractéristique permet de dégainer bien plus facilement. De plus, ce sont plus des armes de tailles que d'estoc. La courbure permet ainsi de mieux suivre la ligne du corps de l'adversaire et de faire ainsi des entailles de plus grande surface, les coups de tailles étant effectués en ramenant naturellement le bras vers sois à mesure que le coup se termine. Généralement accompagné d'un wakizashi, il forme ainsi un ensemble appelé daïsho. Arme favorite des samurais, le katana représentait un véritable statut social. Ils étaient en effet les seuls à pouvoir en porter. D'après le Bushido, code moral des samurais, le katana constituait leur âme, c'est ainsi que même pendant leur sommeil, ou lorsqu'ils entraient dans un lieu où les armes étaient interdites, nul ne pouvait aisément ou n'avait le droit de les en séparer. Ce katana pouvait s'obtenir à l'âge de 13 ans, lors d'une cérémonie appelée gempuku, qui permettait aussi au porteur d'obtenir un véritable nom d'adulte. Les samurais disparaitront en 1866, après l'édit d'interdiction du port du katana.
Forge
La forge de katana est un art complexe qui n'a eu de cesse de se transformer avec les époques. De manière générale, on différencie les lames de katanas en quelques grandes classes.
Les lames carbonées, ou maru
Les katanas sont forgées avec de l'acier. L'acier n'est finalement que du fer contenant du carbone.
Ainsi, on différencie les lames en fonction de leur taux en carbone, on parle de maru 1045, 1060, ou 1095 contenants respectivement 0,45%, 0,60%, et 0,95% de carbone. Il existe évidemment aussi d'autres mesures, 1055, 1070...
Le carbone permet de rendre la lame plus dure. Ainsi le tranchant peut être mieux affûté, et les coups sont ainsi nettement plus efficace à mesure que le taux augmente. Néanmoins, un acier hautement concentré en carbone est plus dur, mais beaucoup moins souple. Il absorbe donc moins bien les chocs, et risque de se briser. C'est ainsi que l'un des principaux problèmes de la forge de katanas, consiste à trouver un acier/alliage, ou une composition permettant d'avoir un tranchant dur et efficace, et le reste de la lame plus tendre pour éviter qu'elle ne se brise.
Ces taux permettent aussi de connaître la concentration des autres composantes, telles que le chrome et le molybdène. Le chrome permet d'empêcher les lames de rouiller, et le molybdène permet d'empêcher la lame de se briser. Un maru 1095 représente donc la meilleure qualité pour ce type de lames.
Les lames damassées, ou de damas
L'acier de damas provient d'Iran, il est néanmoins apparût très tôt au Japon et donc constitue une véritable technique traditionnelle.
Le principe de l'acier damassé, consiste à superposer des couches d'acier à concentration en carbone différente. On allie ainsi de l'acier tendre (shigane, ou 1040-1050 environ) avec de l'acier dur (hagane, 1080-1095 environ). L'intérêt de cette pratique est d'allier la dureté de l'acier à haute concentration de carbone, à la souplesse de l'acier tendre : les chocs sont forts et les lames se brisent moins facilement. De plus, l'aspect décoratif est indéniable.
Les lames composites
Les lames composites constituent la gamme encore supérieure. Le principe de celles-ci est d'avoir une couche d'acier dur en surface, surtout vers le tranchant, et un cœur ainsi qu'en général un dos de lame plus tendre pour l'absorption des coups. Il existe bon nombre de composition différente (cf. schema récapitulatif).
Le traitement thermique, ou hamon
Le but de la trempe à l'argile ou traitement thermique est de former du martensite au niveau du tranchant, qui est hautement saturé en carbone. Ainsi, le martensite est donc très dur mais très cassant (l'intérieur plus souple est là pour palier à ce problème).
Le traitement thermique, ou trempe sélective, consiste à enduire la lame d'un mélange à base d'argile réfractaire, contenant aussi du charbon de bois et de la pierre à polir (ces deux derniers composants ont pour but d'éviter l'éclatement du mélange à la chaleur). On l'applique sur toute la lame, en augmentant l'épaisseur en s'éloignant du tranchant (on peut atteindre ainsi 3cm). Le traitement n'aura donc lieu que sur le tranchant, laissant le reste de la lame souple. Une fois l'argile sec, on le chauffe à 800° avant de le tremper directement dans l'eau ou l'huile. Plus traditionnellement, on le trempe dans l'eau à une température s'approchant des sources en aout ou en février en fonction des écoles. Cette trempe accentue de plus la courbure du katana.
On peut ensuite observer la ligne de trempe, ou hamon gage d'une qualité indéniable : un tranchant d'une dureté exceptionnelle, et une lame toujours souple.
Il existe de faux hamons fait à l'acide ou la meuleuse qui ne valent rien en terme de qualité et qui sont purement décoratifs.
Les hamons faits à la meuleuse se distinguent aux traits perpendiculaires au tranchant de la lame.
Faux hamon à la meuleuse
Les hamons fait à l'acide sont en général plus visibles par rapport aux vrais hamons.
Faux hamon à l'acide | Vrai hamon |
L'entretiens des lames
Un katana s'entretient. Il peut rouiller. Pour éviter que ce soit le cas, des kits d'entretiens existent. Si néanmoins il devait y avoir des points de rouille, il est conseillé d'utiliser un papier de verre avec un grain de 1000 (du P2000 ou P2500 d'après la nomenclature ISO). Il est également possible desuivre la démarche suivante :
Utiliser de l'huile choji, du nugui-gami, ainsi qu'un uchiko. Ce dernier est un sac contenant de la poudre de pierre à polir. Possédant un petit manche, vous devez « tapoter » la lame d'un bout à l'autre et de chaque côté pour y déposer la poudre. Cette poudre n'a pas le but de polir, mais d'absorber l'huile sur la lame. Prendre ensuite une feuille de nugui-gami, et essuyer la lame d'un geste ample. N'effectuer cette opération qu'environ une fois sur trois, car elle peut nuire à l'éclat de la lame. Mettre ensuite un peu d'huile sur une seconde feuille de nugui-gami, et s'en servir, toujours d'un grand geste ample, pour enduire la lame. Ce processus est à faire après chaque utilisation.
Le katana dans le sport
Le katana (et ses dérivés d'entrainement : bokken, iaïto pour le iaïjutsu et l'iaïdo, shinaï pour le kendo) est une arme dont le maniement est très pratiqué, notamment en France à travers divers sports. Alors que le kenjutsu apprend l'art de pratiquer le sabre une fois que celui-ci est retiré du fourreau (pratique principale du bushi, ou guerrier japonais), le iaïjutsu lui, offre un panel de coups pour dégainer et frapper d'un seul mouvement, avantage technique et stratégique à ne pas négliger. Le iaïdo quant à lui, est un sport récent, qui est comparable au iaïjutsu d'un point de vue technique si ce n'est qu'il est bien plus ancrée dans une optique de développement de sois. Le kendo est la version plus moderne du kenjutsu. La différence se situe au niveau de la compétition : répandue et internationale. Enfin, nous pouvons citer le battodo, ou art de la coupe, se pratiquant avec des shinken (katanas très coupants) sur des nattes de pailles et des roseaux tressés.
Authenticité d'un katana
Aujourd'hui il est difficile de faire la différence entre ce qu'on peut appeler un bon katana, un katana authentique, ou au contraire un mauvais katana. Un katana authentique, autrement dit un katana japonais, est très difficile à trouver. En réalité, un véritable katana japonais est un katana historique, datant d'une certaine période, et pouvant donc coûter relativement cher. Leur capacité de coupe n'a pas toujours su survivre au temps, mais leur valeur en font des objets d'art et de collection. En effet, aujourd'hui, les katanas produits au Japon ne sont pas du tout un gage de qualité, de même qu'il ne faut pas croire qu'un katana européen sera fait selon des normes qualitatives respectables, ou que Longquan, ville chinoise mondialement connue pour ses forges, produise forcément des katanas de qualité.
Un bon forgeron respecte certains procédés, utilise certains matériaux bien spécifiques, il vous faut donc compter sur vos connaissances ! En effet vous ne verrez que rarement un vendeur montrer les aspects négatifs de ses produits. Il est donc très difficile de trouver un katana de qualité si vous n'y connaissez rien. Sachez néanmoins qu'avec internet, de très bon forums existent où vous pourrez poser vos questions. Mais même sur ces forums, gardez à l'esprit que les généralités sont largement discutables : un katana d'une marque connue n'est pas forcément bon, un katana du japon ça ne signifie pas forcément quelque chose, sauf si celui-ci est historique et éventuellement fournit avec un certificat NBTHK. D'après mon expérience j'ai trouvé de bonnes forges aux États-Unis, une seule véritable au Japon, ainsi que seulement deux à Longquan (à savoir que j'en ai côtoyé une vingtaine). Tous les katanas ont des défauts, tels qu'un ou deux matériaux qui pourraient être plus traditionnels par exemple. Mais gare aux katanas qui sont des arnaques pure et dure, ils constituent malheureusement les trois-quarts des katanas existants.