Islam en Chine
Les premiers contacts chinois avec l'Islam remontent au Vème siècle après J.-C. Il s'agit de l'une des histoires les plus anciennes, lorsqu'en 635 la conquête arabe a débuté.
Histoire
Autour de 650, un émissaire arabe, Sa'd ibn Abi Waqqas est même envoyé auprès de l'empereur Tang Gaozong, pendant le règne du calife Othmân ibn Affân.
Toutefois, les premiers contacts entre chinois et arabes sont nés avant même l'apparition de l'islam. Dès 500 av. J.-C., les Arabes entretenaient déjà des relations commerciales avec le pays. Les boutres partaient de Bassora pour se rendre vers les ports de Quanzhou et de Guangzhou.
À l'ère de l'islam, les relations commerciales entre Abbassides et les Tang continuèrent. Échanges et alliances se multipliaient et ce malgré les affrontements entre les deux peuples. C'est au travers de ces relations que l'islam s'est peu à peu installé dans le pays.
Sous la dynastie des Song, les communautés musulmanes prennent pied non seulement dans les ports, où leurs ancêtres venaient commercer, mais aussi à l'intérieur de terres. Des villes comme Yangzhou, Kaifeng ou encore Chang'an.
À Guangzhou, baptisée Khanfou par les Arabes, les musulmans y installent un quartier musulman qui devient rapidement un véritable centre de commerce.
Après les Tang, la communauté musulmane devient de plus en plus conséquente. Sous la dynastie des Song, sur la route qui mène vers Chang'an (Xi'an aujourd'hui), les Arabes dressent ce qui sera la future route de la soie. Ils prennent plus de responsabilités et sont même nommés Directeur général du transport maritime. Les musulmans se succèdent à ce poste.
En 1070, l'empereur Shenzong forme une zone tampon entre les empires chinois et Liao au nord-est. Pour cela, il invite 5 300 personnes de Bukhara pour s'installer en Chine. C'est à cette époque que celui reconnu comme le père de l'islam fait ainsi parler de lui, le prince Amir Sayyid ou « So-fei-er » en chinois.
L'islam continu alors sa progression et les musulmans prennent de plus en plus d'importance. Les Mongols leur permettent de gagner en influence en les installant à des potes clé de l'administration. Cela n'empêche pourtant pas les chinois de mettre à mal les Mongols et de mettre fin à leurs rêves de conquête chinoise sous la dynastie des Ming. Toutefois, les musulmans continuent à garder de leur importance et restent des éléments clés de l'administration.
Sous les Qing, tout comme les autres ethnies chinoises, les musulmans sont persécutés. Le pays connaît alors 8 révoltes et ce jusqu'à la chute de la dynastie et l'avènement de la République de Chine de Sun Yat Sen.
Sous l'impulsion de Mao Zedong et de sa Révolution culturelle, l'islam est complètement abattu. Des mosquées sont détruites, des copies du Coran sont brûlées et les pèlerinages à La Mecque sont interdits. L'accalmie arrive en 1978.
L'Islam en Chine aujourd'hui
Selon les chiffres officiels, la Chine compterait aujourd'hui plus de 100 millions de musulmans. Une petite poignée face aux bientôt deux milliards de chinois. Avec une forte prédominance musulmane dans la province du Xinjiang, on en retrouve aujourd'hui un peu partout au-delà de cette province par lequel l'islam s'est installé entre le IXe et le Xe siècle. Dans les provinces du nord-ouest, de Gansu et de Ningxia, les musulmans sont également très nombreux ainsi qu'à Yunnan et à Henan. On en retrouve surtout dans ce qu'on appelle la « Ceinture du Coran ». Cette zone est formée par les régions chinoises d'Asie centrale, le Tibet et la Mongolie.
Sur les 20 millions de musulmans chinois, la principale majorité est constituée par les Hui. À côté, ce sont neuf autres ethnies, classées par ordre d'importance : les Ouïgours, les Kazakhs, les Dongxiang, les Kirghizes, les Salars, les Tadjiks, les Ouzbeks, les Bonans et les Tatares. Les musulmans en Chine sont majoritairement sunnites et suivent la doctrine hanafi, la plus ancienne et la plus tolérante des quatre écoles islamiques de la loi.
Apports de l'islam en Chine
L'influence de la culture musulmane pour la Chine n'est pas contestable et les connaissances arabes ont grandement influencé la Chine ne serait-ce qu'en matière de technologie, de sciences, de philosophie ou encore d'art.
Si pourtant le Coran n'a été traduit en chinois qu'en 1927, la première mosquée en Chine aurait été construite au VIIe siècle sous la dynastie des Tang. De nos jours, la Chine dispose de nombreuses mosquées qui témoignent de l'héritage culturel de l'arrivée de l'Islam en Chine. Certaines comme la Grande mosquée de Xi'an ou celle de Jinan par exemple allient ainsi tradition chinoise et musulmane. Et rares sont les mosquées qui ressemblent à celles que l'on peut rencontrer dans les pays arabes. Les mosquées chinoises ressemblent pour la plupart à des pagodes. La mosquée de Xi'an s'étale sur 12 000m² et c'est l'une des plus grandes mosquées de la première époque de l'islam en Chine.
Parmi les autres apports de la culture musulmane à la Chine, on retrouve le Sini. Forme de calligraphie chinoise islamique pour l'écriture arabe, le Sini est très présent dans les mosquées de la Chine Orientale. On retrouve également des calligraphies et mosaïques sculptées, chères à la culture musulmane.
Certaines villes à majorité musulmane proposent également de nombreuses spécialités halal. Agneau, moutons, sont très appréciés dans certaines régions du pays. Dans certaines grandes villes on retrouve des stands uniquement dédiés au halal, tenus pour la plupart par des gens issus de l'ethnie des Ouïgours. D'ailleurs, en chinois halal se dit « quigzhen cài » (litt. « nourriture de la pure vérité »). Dans le vocabulaire chinois le terme de « pure vérité » revient souvent pour qualifier les institutions islamiques.