Église de l'Est en Chine
Introduction
La présence du christianisme en Orient et notamment en Chine est répertoriée dans des écrits de la dynastie Tang au 7e siècle. Parmi ces derniers, on trouve les stèles Nestoriennes, des tablettes de pierre qui ont permis d'identifier et de déterminer le nombre exact de chrétiens qui ont installé des lieux de cultes dans la capitale chinoise Chang'an en l'an 635. Les inscriptions chinoises contenues sur ces tablettes sont très détaillées et possèdent également des gloses syriaques composées par le clerc Adam. C'est la première référence au Beth Sinaye ou Église de l'Est.
La religion chrétienne est alors représentée en majeur partie par des protestants, des catholiques et quelques orthodoxes. Mais la première mission chrétienne de l'Église d'Orient en Chine, reconnue en tant que telle est celle qui a été conduite par le moine syriaque Alopen. Leur influence est telle que l'empereur Taizong (dynastie Tang) demanda des traductions de la littérature sacrée pour la bibliothèque impériale.
Cette présence déjà significative va influer sur la Chine durant 300 ans environ avant de s'essouffler un peu. Elle retrouve son effervescence vers le 13e siècle alors que la dynastie Yuan d'origine mongole règne sur le pays.
Les Sutras de Jésus
Les écrits nestoriens sont également connus sous le nom de « soutras de Jésus » d'après des textes retrouvés faisant état d'une religion appelée « Jingjiao ». Le Zunjig ou « livre des prières » est une preuve flagrante de cette activité chrétienne en Chine. Il renferme 35 livres traduits en chinois dont certains livres de la Bible comme la Genèse, les Psaumes ou encore les Évangiles. D'autres manuscrits Jingjiao ont survécu à travers les siècles comme le Sutra de l'origine des origines, le Sutra de l'ultime et mystérieux bonheur, l'Hymne de la perfection ou encore le Sutra d'audience du Messie.
Une renaissance soudaine au 13e siècle
Après l'effondrement de la dynastie Tang, l'Église d'Orient en Chine a également une période de flottement passagère. Son succès se confirme avec l'invasion mongole au 13e siècle, qui a permis à l'Église de retrouver son aura d'antan avec deux nouvelles provinces annexées : Tangut et Katai et Ong.
Que ce soit à Tangut ou à Katai et Ong, l'Église métropolitaine tente d'assoir son autorité en même temps que les Mongoles en créant des diocèses pour mieux contrôler chaque province. Le Beth Sinaye s'étend donc sur tout le territoire du nord de la Chine et notamment toute la région située autour de la grande boucle du fleuve jaune. Cette région a vu l'apparition de grandes figures de cette religion notamment le patriarche Yahballaha III dans les années 1270.
À cette époque, il n'est plus vraiment difficile de prouver l'existence et surtout la reprise du Beth Sinaye. De nombreux écrits furent découverts et des fouilles archéologiques ont même récemment permis la découverte du tombeau d'un évêque nestorien nommé Shlemum, mort en 1313. Marco Polo lui-même a déjà signalé l'existence de cette petite communauté chrétienne comme une minorité religieuse à Fujian.
La fin du Beth Sinaye
Les chrétiens convertis à l'Église de l'Est ont sensiblement diminué au milieu du 14e siècle notamment à cause des répressions, de la peste de 1338 et des expulsions des étrangers chrétiens après la révolution de 1368. La dynastie mongole des Yuan est alors remplacée par les Ming, moins tolérants envers les religions monothéistes. Privés de leur protecteur, les Mongols nestoriens chrétiens ont progressivement disparu.