Développement de la broderie Chinoise
La trace la plus ancienne de broderie en Chine date de la dynastie Shang (1700-1100 av J.C). A cette époque, la broderie représentait le statut social. Ce n'est que plus tard, quand l'économie nationale se développa, que la broderie entra dans la vie des gens du peuple.
Grâce aux progrès réalisés durant la dynastie Zhou (1046-221 av. J.C), on assista, sous la dynastie Han (206 av J.C-220 après J.C), à un bond dans la broderie, aussi bien dans la technique que dans le style artistique. La « broderie de Cour » était installée et la spécialisation commença à exister. Les motifs de broderie couvraient un large éventail, depuis le soleil, la lune, les étoiles, les montagnes, les dragons et les phénix jusqu'aux tigres, fleurs et herbes, nuages et dessins géométriques. Des mots propices étaient aussi à la mode. Des rapports historiques ainsi que des productions de cette époque le prouvent. Selon les notes, toutes les femmes de la capitale Qi (de nos jours Linzi, Shandong) étaient capables de broder, même les « idiotes » en étaient adeptes. Elles voyaient et pratiquaient la broderie chaque jour et devinrent ainsi naturellement douées dans cet art. Tout était recouvert de broderie chez la famille royale et l'aristocratie. Leurs pièces même étaient recouvertes de tant de broderies que l'on ne pouvait voir les murs. La broderie envahissait leurs maisons, des matelas à la literie, des vêtements portés de leur vivant comme des articles funéraires. Les broderies authentiques trouvées dans la tombe Han à Mawangdui sont les meilleures preuves de cette prolifération sans précédent de la broderie .Entre temps, les broderies exhumées des grottes de Mogao à Dunhuang, des tombes anciennes d'Astana Karkhoja à Turpan et dans le Nord de la Mongolie Intérieure ont davantage encore renforcé cette observation.
Durant la période des Trois Royaumes qui a suivi, une figure notable dans le développement de la broderie fut la femme de Sun Quan, roi de Wu. Elle fut aussi le premier peintre féminin à être répertoriée dans l'histoire de la peinture Chinoise. Elle était douée en calligraphie, en peinture et en broderie. Sun Quan désirait une carte de Chine .Elle en dessina une et lui présenta même une carte de Chine brodée. Elle était réputée comme « Maitresse du Tissage, de l'Aiguille et de la Soie ». A cette époque, des portraits brodés apparurent aussi.
Comme le bouddhisme fit un bond en Chine sous les Dynasties Wei (386-534), Jin (265-316), Sui (581-618) et Tang (618-907), la broderie fut largement utilisée pour rendre des hommages aux statues de Bouddha. Lu Meiniang, une jeune fille de la Cour de la dynastie Tang broda sept chapitre de sutra Bouddhistes sur un tout petit morceau de soie ! De nouvelles compétences en couture apparurent durant cette période.
A côté des figures Bouddhistes, des sujets propres à la peinture Chinoise comme les montagnes, les eaux, les fleurs, les oiseaux, les pavillons et les gens devinrent des thèmes de broderie, faisant d'elle un art unique.
La Dynastie Song(960-1279) vit un pic de développement de la broderie, à la fois en quantité et en qualité. La broderie se développa en un art combinant la calligraphie et la peinture. De nouveaux outils et de nouvelles capacités furent inventés. Le Département Wenxiu était en charge de la broderie à la Cour des Song. Durant le règne de l'empereur Hui Zong (1082-1135), la broderie fut divisée en quatre catégories : montagnes et eaux, pavillons, personnes, fleurs et oiseaux. Durant cette période l'art de la broderie arriva au zénith et des ouvriers réputés apparurent. Même des intellectuels participèrent à cette activité qui se partagea selon deux fonctions : l'art pour un usage quotidien et l'art pour le plaisir de l'art.
La touche religieuse de la broderie fut renforcée par les dirigeants de la dynastie Yuan (1279-1368) qui croyaient au Lamaïsme. La broderie s'appliqua davantage sur les statues de Bouddha, les sutras et les drapeaux de prière. Une production de cette période est conservée au Palais du Potala (Lhassa,Tibet).
Alors que le germe du capitalisme émergeait sous la dynastie Ming (1368-1644) la société Chinoise connut un essor substantiel dans de nombreuses industries. La broderie montra elle aussi un nouveau visage. Des motifs de vœux traditionnels furent largement utilisés pour symboliser des thèmes populaires : canards Mandarins pour l'amour, grenades pour la fertilité, pins, bambous et pruniers pour l'intégrité, pivoines pour la richesse et l'honneur et des grues pour la longévité.
La célèbre Broderie Gu est typique de cette époque.
La dynastie Qing (1644-1911) hérita des traits de la dynastie Ming et intégra de nouveaux ingrédients de la broderie Japonaise et même de l'art Occidental.De nouveaux matériaux tels que cordons dorés et fils d'argent apparurent. Selon le « Rêve dans le Pavillon Rouge » un roman populaire écrit par Cao Xueqin sous la dynastie Qing, des plumes de paon étaient aussi utilisées.
Le premier livre théorique sur la technique de broderie fut notamment dicté par Shen Shou, une brodeuse accompli et noté par Zhang Jian.
Le nom d'origine de Shen était Xue Jun alias Xue Huan .Le nom Shou lui fut accordé par l'Impératrice Douairière Cixi lorsqu'elle lui offrit une tapisserie brodée : « Huit Immortels fêtant un Anniversaire ». En 1911, elle offrit un portrait brodé à l'Impératrice d'Italie en tant que cadeau de la nation. En 1915, sa broderie d'un portrait de Jésus remporta le premier prix à l'exposition de Panama. Shen excellait en broderie et elle se dévoua pour son enseignement et son apprentissage.
Zhang Jian fut un industriel remarquable dans l'histoire de la Chine moderne. Il fonda l'une des premières usines textiles, la première école normale, la première école du textile et le premier musée. Il était passionné d'art et de culture, c'est pourquoi, lorsqu'il entendit parler de Shen, il décida que ce talent de maître devait être préservé. Comme Shen souffrait d'une petite santé et passait beaucoup de son temps au lit, Zhang s'offrit pour noter chaque mot. Ainsi, la coopération entre un vieil homme de 60 ans et une dame de 40 aboutit à la naissance de « Xue Huan Xiu Pu » (Livre de Broderie de Xue Huan) en 1918.Cette anecdote devait être très belle, surtout en Chine, où peu d'hommes se dévouaient comme secrétaire pour des femmes. Grâce à leur dévouement, le monde possède des données précieuses sur la broderie Chinoise.
Le mot Chinois pour broderie est « xiu » 绣, un tableau ou une broderie de cinq couleurs. Il implique beauté et magnificence. Par exemple, l'expression Chinoise pour « Splendide Chine » à Shenzhen (Guandong) était « Jin Xiu Zhonghua ». « Jin » est le brocart, « xiu » est la broderie et « Zhonghua » est la Chine. « Xiu » fait aussi partie d'expressions telles que « xiu lou » (construction enjolivée) et « xiu qiu » (balle brodée).
La broderie était une tache élégante pour pas mal de femmes qui n'avaient pas le droit de sortir de chez elles. La broderie était un bon passe-temps auquel elles pouvaient consacrer leur intelligence et leur passion.