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Culture de l'épée en Chine

© Chine Informations - La Rédaction

C'est au début de la période des armes blanches que l'épée est apparue pour la première fois en Chine, mais son utilisation dans les combats corps à corps a été relativement courte. Dès les premières années du IIIe siècle, l'épée avait quitté le champ de bataille et était devenue un thème artistique important. Par la suite, on l'a considérée comme un accessoire dénotant la position sociale.

Une étoile de la scène

Après que l'épée, la prétendue reine de toutes les armes, fut tombée en désuétude sur le champ de bataille, elle s'est transformée en outil d'élimination des attaquants individuels, en gardien de la vie de celui qui la possédait et la maniait, et en objet d'appréciation esthétique. L'épée forme depuis toujours un aspect important du théâtre et de la danse folkloriques.

Les deux genres de danse les plus répandus pendant la dynastie des Tang (618-907) étaient la « danse civile », gracieuse et coulante, et la « danse martiale », particulièrement animée. Le maniement de l'épée avec arrangement chorégraphique incluait la spectaculaire danse tourbillonnante Épée Huntuo des contrées occidentales, de même que les danses folkloriques audacieuses et sensuelles Épées de Xihe de la Chine du Nord-Ouest.

Gong Sun était la championne suprême du maniement de l'épée pendant la dynastie des Tang. Vêtue d'un costume d'arts martiaux, elle hypnotisait les spectateurs par sa danse habile et d'un niveau artistique exceptionnel. Ses admirateurs comprenaient des érudits et des gens de lettres respectés; le grand poète Du Fu des Tang a même écrit un poème louant sa virtuosité.

En plus d'intensifier les effets dramatiques des représentations d'arts martiaux, les jeux de l'épée occupaient souvent une position centrale dans l'intrigue des pièces, notamment des opéras. Le conquérant dit adieu à sa concubine préférée, du répertoire de l'opéra de Pékin, est un bon exemple. Cet opéra raconte l'histoire de Xiang Yu, un sérieux prétendant au trône, après la mort de l'empereur des Qin. Après avoir été défait et chassé de l'État de Chu, où il était né, Xiang Yu demande à sa concubine Yu Ji de se joindre à lui pour noyer ses douleurs dans l'alcool, mais la dévotion à son seigneur conduit Yu Ji à élaborer une stratégie de dévouement ultime. Elle interprète la danse de l'Épée – que le grand maître de l'opéra de Pékin Mei Lanfang chorégraphiera par la suite – danse qui se termine par sa propre mort. En mourant ainsi, Yu Ji force Xiang Yu à se libérer des dernières chaînes qui l'empêchaient de tenter de récupérer son royaume.

La danse de l'Épée de Yu Ji fait partie du style gracieux et coulant propre à l'utilisation de l'épée dans le tai-chi : une main de fer dans un gant de velours. Elle reflète avec émotion l'hésitation de l'héroïne à se séparer de son amoureux et sa détermination inébranlable à affronter courageusement la mort. Cette scène constitue le point culminant de l'opéra et fournit un bon exemple d'un maniement dramatique de l'épée.

Jian = épéeCalligraphier le maniement de l'épée

Les maîtres en arts martiaux et les calligraphes conviennent que la calligraphie et l'art du jeu de l'épée ont eu des origines semblables. Aux yeux d'un artiste accompli, le maniement habile de l'épée ressemble à une calligraphie qui danse et est source d'inspiration, alors que pour le maître en arts martiaux, la calligraphie ressemble aux jeux de l'épée, mais sur le papier.

C'est Meng Tian, un général respecté de la dynastie des Qin (221 -206 av. J.-C.) qui, le premier, a fabriqué une tête de pinceau en forme de cône à l'aide de poils de lapin et qui l'a insérée dans une tige en bambou; il venait ainsi d'inventer le premier pinceau de calligraphie et de peinture. Deux mille ans plus tard, on cherche encore comment améliorer cette technique de fabrication.

Zhang Xu, un célèbre calligraphe de la dynastie des Tang (618-907), excellait particulièrement au caoshu. Ce style de calligraphie diffère des autres par son apparence trompeusement simple, alors qu'en réalité, il est très difficile à exécuter. Ce style réclame une virtuosité semblable à celle qui est exigée pour la peinture abstraite, en d'autres mots une bonne maîtrise de l'art classique, condition préalable à la création d'œuvres abstraites. L'écriture de Zhang Xu, basée sur son kaishu ou écriture régulière, était peu courante et manifestement osée. Son art calligraphique lui a permis d'être qualifié de « sage de l'écriture cursive ».

Zhang Xu et Gong Sun étaient des contemporains. Les positions prises par cette dernière en exécutant ses sauts audacieux, ses attaques-surprises et ses mouvements brusques, mortellement précis, évoquaient, aux yeux de Zhang Xu, les contours des caractères chinois, définis de manière exceptionnelle. Zhang s'est inspiré de l'art des jeux de l'épée de Gong Sun et a incorporé dans son style distinctif de calligraphie tout ce qu'il trouvait excitant dans la performance de Gong Sun. Le style de Zhang Xu contribuera par la suite à définir les canons de cet art.

Le général Pei Min, de la dynastie des Tang, est un autre virtuose célèbre du maniement de l'épée. Alors que le général invitait Wu Daozi, un peintre réputé des Tang, à peindre une fresque sur un mur du temple pour exorciser les mauvais esprits et honorer la mémoire de sa mère décédée, l'artiste a répondu : « Je considérerais cette invitation comme un honneur, mais je n'ai pas peint depuis un moment. Pourriez-vous m'inspirer par un numéro de danse de l'Épée? » Pei Min a donc dansé pour lui. Par la suite, Wu Daozi a fait référence à l'œuvre qu'il avait ainsi créée, sous l'inspiration du talent de Pei Min, par les mots suivants : « L'œuvre la plus satisfaisante de ma vie.»

L'empereur Wenzong des Tang (826-841) a fait publier un édit impérial déclarant la calligraphie de Zhang Xu, le maniement de l'épée de Pei Min et la poésie de Li Bai comme les « trois merveilles du grand empire des Tang ».

Culture de l'épée en ChinePortée sociale

Les Chinois anciens croyaient que l'épée était la seule arme à ne pas entraîner de mauvais présages. De nombreuses dynasties ont promulgué des lois spéciales sur le port de l'épée, lesquelles énonçaient généralement que les travailleurs du commun n'avaient pas le droit de posséder une épée. En effet, la possession de cette arme était le privilège des riches et de ceux qui disposaient de puissance et d'influence. L'épée était à la fois l'arme des savants et des guerriers. Beaucoup l'ont portée comme accessoire à la mode et pour indiquer leur statut social élevé. Seuls les fonctionnaires les plus favorisés pouvaient porter une épée une fois qu'ils avaient été appelés à la cour impériale.

L'empereur était le dirigeant suprême de la société chinoise féodale. Au sein de cette société, la vie ou la mort d'un homme pouvait être décidée selon le caprice de l'empereur. Étant donné que l'on considérait que l'épée de l'empereur était dotée d'une telle puissance, celui qui la portait (rarement l'empereur lui-même) était investi de pouvoirs discrétionnaires quant à son utilisation. En conséquence, quel que soit le rang d'un fonctionnaire accusé, celui qui portait l'épée de l'empereur avait le pouvoir d'exécuter ou non ce fonctionnaire, car il en avait le droit.

Cette arme a également eu des applications au sein du taoïsme. Une épée en bois de pêcher était censée écarter les démons et les esprits maléfiques, et on la suspendait souvent à un mur pour protéger et orner une demeure.

Finalement, on a observé que même les lettrés chinois de l'Antiquité sentaient une affinité particulière avec l'épée. Et parmi les lettrés, il semblerait bien que les amoureux de l'épée n'étaient nullement recrutés que parmi les Chinois. Ainsi, le grand poète allemand Heinrich Heine n'a-t-il pas dit : « Après ma mort, déposez une épée, et non un pinceau, dans mon cercueil. »

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