Chant des regrets éternels
Le Changhen ge 长恨歌 autrement appelé le « Chant des regrets éternels » est un poème datant de la dynastie Tang. Il a été plus précisément composé en 806 par un certain Bai Juyi (772-846).
Introduction
A l'origine, le poète Bai Juyi a gravé le texte original sur une stèle de sa propre main. Cette version originale est aujourd'hui perdue. Mais vers la fin du 19ème siècle, le graveur des sceaux, Xu Sangeng a fait une reproduction par estampillage de la stèle. Xu Sangeng qui a vécu aux environs de 1826 et 1890 fut donc l'un des derniers témoins de la reproduction originale. L'estampillage de Xu Sangeng se présente sous la forme d'un rouleau horizontal de 262 cm de long sur 32 cm de large, estimé de nos jours entre 500 et 800 euros.
Le poème de Bai Juyi est une version narrative de cette histoire empreinte de mélancolie, de tristesse et de désarroi. Le poème est un grand classique chinois souvent cité en référence. Il est généralement considéré comme l'une des principales œuvres de la littérature chinoise qui a marqué son temps. Le poème est l'un des plus longs poèmes chinois. Il se compose de 120 vers de 7 caractères. Son contenu épique et authentique est renforcé par une narration naturelle voire crue. La relation entre l'empereur et sa concubine y est décrite comme étant particulièrement charnelle et intense. Tout comme sa mort qui est dépeinte comme s'étant déroulé dans des circonstances tragiques.
Histoire
Le Changhen ge est une ballade poétique racontant la complainte de la concubine impériale Yang Guifei. Cette concubine du grand empereur Xuanzong qui a vécu entre 712-756 était connue pour sa beauté et son histoire fit l'objet d'un grand nombre de poèmes et de pièces de théâtre.
L'histoire raconte que la beauté de Yang Guifei était très admirée dans tout le royaume. Elle était la concubine favorite de l'empereur. Yang Guifei usa de son influence pour faire admettre un jeune général ambitieux du nom de An Lushan à la cour impériale. Il devient très vite l'amant de Yang Guifei mais il était en grande rivalité avec le frère de celle-ci, Yang Guozhong, Premier Ministre de l'empereur. C'est ainsi qu'en 755, il lance une grande révolte pour s'emparer de la capitale du royaume en 756. En fuite, Yang Guifei et son frère Yang Guozhong furent capturer par la propre garde impériale qui la considérait comme responsable de cette guerre mettant la Chine à feu et à sang. Elle fut exécutée à Mawei, dans la province de Sichuan, le 15 juillet 756.
De nombreux artistes se sont inspirés de cette œuvre artistique comme l'ami de Bai Juyi lui-même, Chen Hong qui a crée une version plus dramatique. Il en est de même pour les trente tableaux du peintre Li Yishi (1886-1942) qui illustrent le poème. Jusqu'à nos jours, on retrouve des traces de ce chef d'œuvre qui a fortement inspiré des artistes contemporains. Que ce soit sous la forme de musique classique, théâtre, peinture, écrits politiques ou œuvres littéraires, l'influance de Bayi reste palpable puisque la plupart des œuvres contemporaines sont largement restées fidèles à sa version.
Bai Juyi
Bai Juyi est un jeune prodige de la littérature qui a vécu sous la dynastie Tang. Il est nommé docteur à 17 ans à peine. Il est né dans une famille de situation modeste mais lettrée. Il a commencé à écrire des poèmes à l'âge de 5 ou 6 ans. Il connu la gloire très vite mais aussi la déchéance et l'exil. Ses poèmes sont renommés jusqu'au Japon où il est encore très célèbre de nos jours. De son vivant, il était déjà très connu notamment grâce à ce poème « Le chant des regrets éternels » qui jouissait d'une popularité incomparable auprès des femmes de cette époque. Dans ce poème, il ne cherchait pas à rendre le vers compliqué ou trop savant. Au contraire, il le simplifiait au maximum pour que son poème puisse être compréhensible de tous même des illettrés.