Le Chant des regrets éternels (Wang Anyi)
« Le Chant des regrets éternels » est un roman de l'écrivaine Wang Anyi, publié en 1995. Ce roman chinois en 3 parties raconte l'histoire de la vie d'une jeune fille de Shanghai, Wang Ts'iyao. A travers les 3 livres, le lecteur découvrira les évolutions de ce personnage, un peu perdue dans les méandres et les pièges de la ville.
Dans le premier livre, on découvre Wang Ts'iyao, jeune fille, plutôt joli mais un peu naïve. Comme de nombreuses filles de son âge, elle se laisse bercer par l'illusion d'une possible célébrité et d'une carrière au cinéma. Convaincue de son talent, elle se lance dans la jungle des auditions et finit par se présenter au concours de Miss Shanghai où elle finit troisième. A défaut de succès, elle rencontra un homme puissant et riche, le Directeur Li, qui devient son amant. Malheureusement, elle a à peine le temps de profiter de cette relation naissante que le Directeur Li meurt prématurément.
C'est dans le village de sa grand-mère, Ponts-des-Wou, que Wang Ts'iayo se réfugie au début du second livre. Elle cherche à oublier et à faire le deuil de son amant, le Directeur Li. Lorsqu'elle décide de revenir à Shanghai, la ville a bien changé déjà. Elle travaille comme infirmière et fait la connaissance de deux personnages clés : Mme Yen avec qui, elle va se lier d'une profonde amitié, et l'oncle Maomao qui deviendra son amant et le père de son unique enfant. Elle se trouve en face d'un gros dilemme : avorter pour sauvegarder son honneur ou garder l'enfant. Elle finira par choisir la deuxième option après des jours et des semaines d'hésitations.
Dans le troisième livre, les années ont passées, et la fille de Wang Ts'iyao, Weiwei a grandit. Les deux femmes ne s'entendent guère. Les tensions apparaissent entre la mère et la fille notamment lorsque cette dernière fait la connaissance de celui qui va devenir son mari. Elles s'éloignent au fur et à mesure que Wang Ts'iyao se rapproche d'une camarade de classe de Weiwei. Elle entretient une bonne relation avec cette jeune fille. Malheureusement, la jeune fille n'a que de mauvaises fréquentations. Après une autre liaison avec un jeune étudiant qui finira par la laisser seule, Wang Ts'iyao est assassiné par le petit ami de son amie qui en voulait à son or (héritage laissée par le directeur Li).
Le moral de cette intrigue complexe est qu'il faut toujours se méfier des dangers et des pièges des grandes villes. L'ambition démesurée, la course après les célébrités et le succès ou encore le pouvoir et l'argent, le sentiment d'étouffement, les mauvais choix en amour comme en amitié, ou encore la solitude, sont autant de sujets abordés par l'auteur.
A travers le regard de Wang Ts'iyao, le lecteur découvre aussi la ville de Shanghai (qui évoluera beaucoup au fil des 3 livres). Il est donc clair que l'auteur voulait que Shanghai soit animé comme un personnage à part entière. L'objectif de l'auteur dans ce livre a été de rester la plus réaliste possible. Son style se rapproche un peu du naturalisme mais elle touche toutes les générations par l'universalité de ses thèmes (amour, amitié, succès), que par son style plus poétique. En effet, le lecteur est plutôt spectateur puisque les dialogues sont peu nombreux. Le livre de Wang surprend par la lenteur de la progression. La narration descriptive du début du 1 Tome est faite de telle sorte que le lecteur a l'impression de marcher dans les rues de Shanghai. Chaque détail (drôle, insolite ou totalement banal) est minutieusement rapporté. De plus, les 3 livres font progresser le lecteur sur une période de 40 ans environ. Cela donne le temps de bien connaître les personnages. On découvre la fin saisissante et touchante d'une femme condamnée à un destin tragique dans une ville en perpétuel changement.
L'auteure de « Le Chant des regrets éternels » est née en 1954 à Nankin et grandit en plein milieu de la Révolution Culturelle chinoise. Fortement influencée par les poèmes chinois depuis son plus jeune âge, Wang Anyi a déjà publié plusieurs romans avant celui-ci dont « La Trilogie amoureuse » qui aborde le thème de l'amour et de la sexualité avec beaucoup de liberté. Grâce à « Le Chant des regrets éternels », Wang Anyi a reçu le prestigieux prix Maodun.
