céladon
Le céladon 青瓷 est à la fois un coloris et un type de céramique chinoise.
Introduction
Forts de plusieurs siècles d'affinage de leur technique, les arts chinois figurent parmi les plus aboutis du monde, que l'on parle d'arts circassiens, de calligraphie, de pyrotechnie ou encore d'arts martiaux. La réputation de la céramique chinoise, elle, n'est plus à faire. Cela est dû notamment à la porcelaine, que les chinois ont inventée, et qui est la plus fine et la plus raffinée qui soit. Il ne faut pas oublier cependant, parmi les formes de céramiques chinoises les plus belles, le céladon, la céramique aux couleurs de jade.
Une appellation importée
Le mot « céladon » désigne aussi bien la glaçure que la couleur des céramiques du même nom. On attribue souvent l'origine de cette appellation à Céladon, berger mis en scène dans « L'Astrée », un roman pastoral français du XVIIe siècle. Dans ce roman, écrit par Honoré d'Urfé, Céladon porte des rubans, dont on dit que la couleur est celle des céramiques glacées de céladon. D'autres sources attribuent ce nom au sultan de la dynastie Ayyubid, Saladin (Salah ad-Din, en arabe), qui offrit au sultan syrien Nur ad-Din Zengi 40 pièces de ce genre de céramique en 1171. D'autres, enfin, voient dans ce nom une déformation de « sila » et « dhara », qui sont les mots sanskrits pour « vert » et « pierre ».
Bien que l'appellation actuelle soit relativement récente, l'origine du céladon (en chinois : 青 ; pinyin : qīng : vert ou bleu-vert, couleur de l'herbe), elle, remonte à beaucoup plus loin. Des fragments de céladon ont été mis à jour à Zhejiang lors de fouilles de tombes remontant à la dynastie Han de l'Est (25 à 220 de notre ère). L'archéologue Wang Zhongshu affirme que cette forme de céramique est très présente durant la période des Trois Royaumes (220 à 265 de notre ère). C'est à l'époque de la dynastie Song du Nord (960 à 1127) que le céladon sous sa « vraie » forme voit le jour. Il s'agit de céramiques à la glaçure bleutée, bleu-vert ou encore vert olive, et dont la qualité et le raffinement se rapprochent plus de la porcelaine que du grès. Les artisans potiers découvrent alors les vertus des fours dragons, fours à bois tout en longueur, permettant d'atteindre les températures idéales à la production des céladons – entre 1285 et 1305°C (2345° à 2381°F). La capacité de ces fours facilitait aussi une production de masse, allant jusqu'à la cuisson d'un millier de pièces en même temps. C'est au VIIIème siècle que le céladon gagne ses lettres de noblesses, grâce aux lettrés chinois, qui buvaient leur thé dans des bols en céladon. Ceux-ci firent entrer cette nouvelle forme de céramique à la cour impériale, et de là la popularité des céladons ne cessera de croître.
Une technique séculaire
Selon l'épaisseur de la glaçure, la nature de l'argile et la nuance exacte de la glaçure, les nuances du céladon peuvent varier du blanc au jaune en passant par le bleu et le gris. Mais le céladon se caractérise surtout par ses nuances de bleu-vert, qui fait penser à la pierre sacrée orientale : le jade. Ce qui en fait une céramique très prisée en Asie, tandis qu'en Europe, c'est la porcelaine qui l'emporte. Pour obtenir cette couleur caractéristique, il faut d'abord que de l'oxyde ferreux soit inclus dans la glaçure pendant la cuisson en réduction (cuisson avec moindre apport d'oxygène) à haute température. Quand le four refroidit, le processus d'oxydation transforme l'oxyde ferreux en oxyde ferrique, ce qui rajoute plus ou moins des nuances bleu-jaunes à la glaçure, selon la quantité d'oxygène qui s'infiltre dans le four. Les nuances les plus prisées du céladon varient entre le brun-vert, pour le céladon produit au nord, à Yaozhou, et le vert olive, tirant parfois jusqu'au jaune, pour les pièces produites au sud, à Longquan. La glaçure, quant à elle, est le fruit de l'observation de la formation d'un revêtement brillant et translucide quand les cendres incandescentes de bois et de végétaux se déposaient sur les pièces quand elles sortaient du four. En affinant cette technique, les artisans potiers ont fini par obtenir la glaçure propre aux céladons, au moyen d'un mélange de cendres et d'argile liquide qu'on étale au pinceau sur la surface des pièces. Il peut arriver, comme pour toutes les glaçures, que le revêtement se craquelle. Mais ce craquèlement peut être voulu par l'artisan, et finir par constituer un décor naturel de la pièce, surtout pour les modèles sans décors en relief.
Les pièces de céladon sont des pièces délicates, à la décoration simple et raffinée. Les motifs sont tracés dans l'argile avant la cuisson, et représentent le plus souvent des arabesques, des fleurs ou des animaux. Les céladons sont, pour la plupart des pièces, monochromes, généralement peu décorés. Si décor il y a, celui-ci consiste essentiellement en de fines sculptures et bas-reliefs à la surface des pièces.
Le céladon coréen
Les céladons coréens sont caractérisés par leur décor à l'engobe (un revêtement argileux mince que l'on dépose à la surface de la pièce non-cuite) noir ou blanc. Parce que le céladon rappelle fortement le jade, qui est la pierre sacrée par excellence, la grue est un motif récurrent des céladons, cet oiseau étant le symbole de la longévité et du bonheur. Les origines du céladon coréen remontent à l'an mille, sous l'influence de la Chine. Grâce à l'ingéniosité des artisans coréens, le céladon coréen atteint un tel degré de raffinement que la Corée finit par cesser d'importer des céladons chinois, les pièces produites localement pouvant s'aligner avec celles des chinois. Aux alentours de 1150, le céladon chinois se diversifie, grâce à l'apparition du céladon rouge vif, mais les pièces de cette facture ont plus de succès en Chine. Le raffinement et la beauté du céladon coréen sont tels que plusieurs pièces sont inscrites au trésor national de Corée du Sud, notamment des pièces datant de la dynastie Goryeo, aux détails complexes et minutieux.