Rechercher un caractère chinois dans un dictionnaire papier
Un dictionnaire de sinogrammes est un dictionnaire écrit avec des sinogrammes utilisés par des langues telles que celles utilisées en Chine ou au Japon.
Il diffère des autres types de dictionnaire car il ne comprend pas d'ordre alphabétique. En effet, les sinogrammes ne sont pas composés d'alphabet. Dans ce type de dictionnaire, la méthode de classement des sinogrammes se basent sur les principes suivants :
- Un classement primaire selon les « clefs » qui font partie des sinogrammes. Ils sont en nombre très réduit (une centaine est fréquemment utilisée) afin de permettre un ordre de classement arbitraire.
- Un classement secondaire par nombre de traits constituant le sinogramme
Nombre de caractères dans les dictionnaires chinois
Le Kāngxī zìdiǎn 康熙字典 ou le Dictionnaire de caractères de Kāngxī, paru en 1717, est l'un des dictionnaires chinois les plus connus et a été publié par Kangxi, le second empereur de la dynastie Qīng (1644-1911). Celui-ci referme environ 47.000 caractères.
Le nombre de caractères dans les nouveaux dictionnaires tels que le Zhōnghuá zì hǎi 中華字海 atteint les 85.000 caractères et même plus. En effet, ils renferment des hapax, des erreurs, de nombreuses variantes ou des caractères rares. Le dictionnaire Le Grand Ricci de caractères chinois, qui est le plus grand dictionnaire occidental, compte 13.500 caractères.
Pour pouvoir lire la presse ou la littérature dans le quotidien, connaître 2.000 à 4.000 caractères semble être suffisant. Alors que pour les érudits et les calligraphes, il faut avoir la maîtrise de plus de 80.000 caractères.
Selon Viviane Alleton, linguiste et sinisante, on distingue :
- 80.000 caractères différents : le nombre total mais irréel des caractères dans la langue chinoise. C'est le plus grand nombre de caractères émis de tous les temps. Certains dictionnaires recensent encore les caractères qui ne sont plus utilisés ou rarement.
- 9.000 caractères : c'est le nombre de caractères utiles à savoir pour pouvoir lire les différents textes (mais il est possible de rencontrer quelques caractères encore inconnus)
- 2.000 caractères : c'est le nombre de caractères qu'un ouvrier doit maîtriser. C'est aussi, le taux moyen d'alphabétisation. Mais, il est toujours de nécessaire de consulter un dictionnaire.
- 1.500 caractères : c'est le nombre de caractères fixés par les standards d'alphabétisation. C'est le nombre minimal qu'un paysan doit connaître.
- 1.000 caractères : c'est le nombre de caractères permettant la lecture de 90% des caractères dans une publication courante
Rechercher un caractère dans un dictionnaire
La majorité des dictionnaires utilisent des clefs pour indexer et retrouver les sinogrammes. La méthode la plus utilisée est celle de Mei Yingzuo. Elle est basée sur les clefs et les nombres de traits. Elle consiste à trier les caractères par clefs ; ensuite le classement de chaque clef est associé à un nombre croissant de traits additionnels.
Si on veut retrouver un caractère donné dans un dictionnaire suivant cette méthode, il faut :
- Identifier la clef qui semble être la mieux adaptée
- Trouver la partie du dictionnaire associée à cette clef
- Dénombrer les traits élémentaires renfermés dans le reste du caractère
- Se rendre à la page contenant les caractères ayant le nombre de traits additionnels définis
- Chercher dans la page le caractère donné
Dans la pratique, on ne réussit pas à retrouver le caractère donné aux premiers essais. Il est nécessaire de continuer la recherche en se basant sur d'autres hypothèses concernant la clef à choisir ou le nombre de traits additionnels.
Par exemple, prenons le caractère 信, constitué par deux éléments simples : l'homme (人) et le mot (言). Il désigne la confiance et la sincérité. En combinant les idées, il signifie : la parole d'un homme en qui on peut se confier. Dans ce caractère, la clef de l'homme (人) est celle à retenir. Dans ce qui en reste, on compte sept traits additionnels puisque le carré du dessous se dessine en trois coups de pinceau. Ensuite, on se recherche dans l'index des clefs la page qui correspond à la clef de l'homme. Arrivée à cette page, on cherche la section associée aux sinogrammes ayant sept traits additionnels. Le caractère donné devra se retrouver dans la liste si on a retenu la bonne clef (ce qui est difficile pour les caractères complexes) et le bon nombre des traits additionnels (ce qui freine souvent pour les caractères mal connus)
Un caractère composé peut renfermer plusieurs clefs. D'une manière empirique, la clef à retenir est le plus souvent celle de gauche, de la partie supérieure ou celle qui entoure. Toutefois, cela ne constitue pas une règle générale. Par exemple, 信 est classé selon la clef de gauche 人 et non celle de droite 言 ; 套 est rangé suivant sa partie supérieure 大 et non celle du dessous 長. En plus, les dictionnaires diffèrent les uns des autres et ne classent pas forcément un caractère suivant la même méthode.
Pour permettre des recherches plus faciles, les dictionnaires insèrent parfois dans leur liste des clefs à formes normatives des formes simplifiées contenues dans les compositions. De ce fait, le sinogramme 心 peut être retrouvé avec les caractères à quatre traits alors que sa forme simplifiée 忄 servant de composition, se retrouve dans la liste des caractères à trois traits. En utilisant ce système, il est inutile pour l'utilisateur de connaître que les deux caractères, 心 et 忄 sont étymologiquement les mêmes.
Pour rendre les recherches encore plus faciles, les dictionnaires mettent en place un double classement. De ce fait, le caractère donné est affiché sous la clef canonique ainsi que sous les éléments complémentaires. Par exemple, la plupart des dictionnaires rangent le caractère 義 selon la clef de la partie supérieure mais aussi suivant se partie inférieure.