Longue Marche
La Longue Marche 长征 (Chángzhēng), parfois appelée La Marche de dix mille li ou de vingt-cinq mille li, est un périple de plus d'un an, mené par l'Armée Rouge chinoise pour échapper à l'armée nationaliste du Kuomintang (KMT) de Tchang Kaï-chek. C'est durant cette marche que Mao Zedong s'affirme comme le chef des communistes chinois.
Commencée en octobre 1934, la Longue Marche prit fin le 19 octobre 1935 et coûta la vie à 90 000 à 100 000 hommes rien qu'au sein des troupes communistes.
Les débuts de la retraite de l'Armée Rouge chinoise
Alors que les quatre premières campagnes de la guerre civile chinoise ont échoué de la même manière, l'armée nationaliste du Kuomintang, menée par Tchang Kaï-chek engage la 5e campagne en changeant de stratégie. Jusqu'alors, bien que supérieure en effectif et en équipement, les combats l'avaient toujours amené loin de ses bases en territoire hostile sans réussir à mener de bataille décisive jusqu'à ce que la contre-offensive lui occasionne de lourdes pertes. La stratégie adoptée pour cette campagne fut la stratégie des blockhaus (création de points de défense le long du territoire conquis). Dans un même temps, l'Armée Rouge chinoise prenant de l'assurance cherchait à abandonner la guerre dite des partisans pour s'engager dans une stratégie plus classique de défense du territoire. En 1934, elle est encerclée dans la province du Jiangxi, qui est un bastion communiste. Pour éviter d'être anéantie, l'Armée rouge chinoise décide d'effectuer une retraite stratégique.
Ce sont les fameux « vingt-huit bolchéviques », des communistes chinois ayant fait une visite chez le puissant voisin soviétique, qui décideront de la retraite.
Les premiers mouvements de la retraite seront effectués par des troupes dirigés par He Long, Xiao Ke, Xu Xiangqian ou encore Fang Zhimin. C'est ce dernier qui se déplacera le premier, en juin 1934, pour percer les lignes du Kuomintang et quitter la région. Xiao Ke le suit en août.
Même si ces mouvements de troupes sont importants, ils constituent qu'une diversion, pour permettre au plus gros des hommes de quitter le Jiangxi. En octobre, les troupes de Mao Zedong et de Zhu De, environ 130 000 hommes, effectuent une percée dans les lignes du KMT (comptant environ 400 000 hommes dans la région).
L'ascension de Mao Zedong au sein du Parti communiste chinois
Après plusieurs mois de marche vers l'ouest, talonnée et harcelée par le Kuomintang, l'Armée rouge est épuisée. C'est dans ces conditions qu'a lieu une réunion à Zunyi dans la province du Guizhou, du 6 au 8 janvier 1935. Cette réunion fait passer pour la première fois Mao Zedong sur le devant de la scène et il est décidé de le mettre à la tête du PCC.
La décision de rejoindre la région du Shaanxi est prise par Mao, mais elle ne fait pas l'unanimité. Des hommes comme Zhang Guotao s'y opposent et préfèrent s'établir sur la frontière de l'Union soviétique. C'est finalement Mao Zedong qui aura le dernier mot.
L'Armée rouge pénètre ensuite dans des régions non chinoises, très hostiles à une telle incursion étrangère. Ils sont alors non seulement harcelés par les troupes du Kuomintang, mais aussi par des groupes armés locaux, qui leur tendent des embuscades. La géographie du terrain est aussi difficile et ils devront traverser des fleuves, des montagnes, des ponts, tout en continuant à se battre.
En juillet 1935 ils effectuent la jonction avec l'armée du quatrième front venue de la province du Henan. Suites à des dissensions au sujet du trajet à emprunter, ils se séparent. Les troupes de Mao Zedong traversent plusieurs marécages et subissent plusieurs embuscades des Tibétains et des Hui (des musulmans chinois).
Et enfin, en octobre, ils atteignent la région du Shaanxi et leurs zones communistes comme Wuqi, Bao'an et Yan'an.
En définitive, après une marche d'environ 12 000 kilomètres, la traversée de onze provinces, ils ne seront que 20 000 à 30 000 à arriver en vie.
La Longue Marche reste un des symboles les plus importants de l'histoire de la lutte communiste chinoise. De nombreux responsables politiques du PCC ont participé à la Longue Marche. Ces derniers ont transformé une défaite en une victoire et en un symbole de la résistance contre les troupes du Kuomintang.
La Longue Marche a été également l'occasion pour le PCC de diffuser son idéologie révolutionnaire. Il a confisqué les terres de nombreux seigneurs de guerre, pour les distribuer aux pauvres. Ces actions lui ont permis de s'attirer les faveurs d'une partie de la population locale.
Apparaissant comme une grandiose épopée, elle fait aujourd'hui le sujet de maints récits et représentations graphiques populaires. Elle inspira Mao Zedong lui-même :
« L'Armée Rouge ne s'effraie pas de la "Longue Marche".
Dix mille rivières, mille monts ne sont rien pour elle.
Les Cinq Pics sinueux sont de petites vagues,
Le vaste Wu Mong est une motte de terre qu'on foule aux pieds.
Tièdes étaient les rochers où se brisait la rivière aux Sables d'or,
Glacées étaient les chaînes de fer du pont de la Tatu.
Passé le mont Mien aux mille pieds de neige,
La joie de toute l'armée fut immense. »