La Bonté de l'empereur Yao
Récit de la légende du premier empereur de l'Antiquité chinoise, l'empereur Yao. La bonté dont aurait fait preuve cet homme s'est manifesté aussi parmi le peuple, ce qui aurait permis, selon la légende, de faire face et d'endiguer tous les problèmes.
Pour montrer la force de l'empereur et manifester le respect et l'affection infinie du peuple pour l'empereur, les ministres voulaient lui construire un palais. Ils voulaient couvrir d'or le sol, lui construire des marches en jade, des piliers en marbre et damasquiner (incruster d'or, d'argent et de cuivre) le soleil, la lune et les étoiles sur les plafonds. Quand Yao fut au courant, il dit : « On va construire un palais, c'est certain, mais c'est moi qui décide comment il sera. »
Yao conduit alors les ministres à bâtir quelques chaumières en utilisant les grumes et les roseaux de la montagne. L'empereur voulait coucher dans l'une des chaumières.
Tous les ministres parlaient de cet événement : « Votre majesté loge dans une chaumière? Comment votre majesté peut-elle montrer sa puissance imposante ? » Mais Yao répondit : « En ce moment le peuple est dans la peine, la construction d'un palais luxueux gaspille les ressources en hommes et en matériel, si l'empereur fait souffrir son peuple, de quelle puissance imposante parlerez-vous ? Ce que doit faire l'empereur c'est éliminer les soucis du peuple et l'aider à surmonter les difficultés. », suite à quoi il envoya des ministres se renseigner sur les conditions de vie du peuple.
Un jour, Yao vit un monsieur se jeter sur la bordure de la route. Yao lui demanda avec sollicitude : « Qu'est-ce que vous avez ? » Le monsieur répondit avec une voix faible : « J'ai faim… » Alors Yao lui remit ses provisions de voyage et lui dit : « Allez manger, c'est moi qui vous fait souffrir de faim ! » Le monsieur fut si ému qu'il se mit à pleurer à chaudes larmes et mangea comme un affamé. Yao dit à sa suite de ministres : « Affectez une partie de ma nourriture aux gens qui souffrent de la faim. » Les ministres rétorquèrent : « Et vous alors ? » Yao répondit : « Je peux manger plus léger avec davantage de nourriture provenant de la forêt. » Les ministres firent alors comme Yao leur avait demandé, ils distribuèrent une partie de leur nourriture aux gens souffrant de la faim.
Le lendemain, Yao et sa suite de ministres allèrent devant la porte d'une grotte, ils voulaient boire à cet endroit. La voix d'une fille dans la grotte se fit entendre : « Il n'y a personne chez moi, n'entrez surtout pas ! » Les ministres répondirent : « N'ayez pas peur, c'est l'empereur qui est arrivé, ouvrez vite la porte. » La fille était presque en pleur d'inquiétude et refusait toujours d'ouvrir.
Alors un monsieur portant un fagot sur le dos s'approcha et dit : « Excusez-moi, c'est ma fille, elle n'a pas de vêtement à mettre malgré son âge, c'est pour ça qu'elle ne peut pas vous ouvrir. » Yao fut au bord des larmes quand il entendit cela, il ouvrit son sac en toute hâte et sortit un pantalon au père de la fille. Le père refusa et s'exclama : « Comment puis-je prendre votre pantalon ! » Yao dit avec tristesse : « Je n'ai pas bien gouverné le pays, c'est pour cette raison que votre fille n'a pas de vêtement à mettre, je suis indigne de vous ! » Le père ému fondit en pleurs, sa fille et les ministres également.
Pour rentrer au palais, il fallait passer par un petit bourg où un criminel était attaché. Yao demanda au garde : « De quel crime l'accuse-t-on ? » Le garde répondit : « Avoir volé de la nourriture. » Yao demanda au coupable : « Pourquoi avez-vous volé de la nourriture ? » Le coupable répondit : « Il y a eu une sécheresse chez nous, nous n'avons pas eu de récoltes. » Yao demanda alors au garde : « Attachez-moi, car c'est moi qui le rends coupable. » Le garde et les ministres se mirent à genoux à la hâte. Un ministre dit : « Cela n'a rien à voir avec vous, il a commis un crime parce qu'il n'y avait pas de nourriture à cause de la sécheresse ! » Yao répondit : « Le peuple est incapable de résister à la calamité, c'est ma responsabilité ; s'il vole quand il n'y a pas de nourriture, c'est moi qui ne l'ai pas bien instruit. Comment peut-on dire que cela n'a rien à voir avec moi ? » Yao commanda donc aux ministres de l'attacher et il se mit debout à côté du coupable. Les gens venaient de partout pour regarder, ils étaient très touchés, on les entendait pleurer. Tout à coup, une dizaine de personnes sortirent de la foule, elles se mirent à genoux devant Yao, confessèrent tous les crimes que chacune d'entre elles avaient commis et exprimèrent leur volonté d'accepter la punition.
Après le retour des ministres qui étaient partis enquêter sur les conditions de vie du peuple, Yao parla à tous les ministres dans la salle d'audience de la chaumière : « Il y a des gens qui souffrent de faim, qui n'ont pas de vêtements à mettre, qui sont en train de commettre des crimes, tout cela est ma faute, je vais avouer ces crimes pour qu'on examine mes fautes envers le peuple. » Les ministres réagirent en masse : « Si le peuple ne vit pas bien c'est parce qu'il y a trop de calamités, le peuple doit apprendre la patience pendant cette période difficile. » Mais Yao dit: « Le peuple est dans la gêne, il ne faut pas se soustraire à nos responsabilités à cause des calamités, par contre il faut chercher en soi les raisons de ce mal. Je ne peux pas me plaindre que le peuple ne soit pas patient, il faut que je réfléchisse sur mes torts dans ma façon de gouverner le pays. »
Quelques jours plus tard, Yao fit convoquer une assemblée populaire. Le peuple pouvait exprimer des critiques envers l'empereur, lui montrer ses fautes. Puisque Yao aimait le peuple, qu'il se mettait à sa place constamment, qu'il menait une vie simple et recherchait sa propre responsabilité chaque fois qu'un problème se présentait, il était aimé et respecté de tout le monde. Ainsi, peu à peu le peuple vécut de plus en plus dans l'aisance et on pouvait entendre partout les éloges de Yao.