Acrobatie chinoise
Les arts de la scène chinois figurent parmi les plus spectaculaires et les plus précis au monde. Un spectacle de variété chinois regroupe plusieurs disciplines, de la jonglerie à la danse en passant par les arts martiaux, mais l'acrobatie, elle, se démarque de par la force physique et la maîtrise de soi nécessaire, faisant ainsi du corps humain une œuvre d'art à part entière. Et pourtant, à l'origine, il s'agit d'un art populaire, dont les mouvements et les instruments et accessoires sont inspirés de la vie quotidienne, souvent méprisé de l'élite chinoise de l'époque. Malgré les difficultés que cet art a rencontré au cours des siècles, contraignant les artistes à se réorienter vers d'autres activités plus lucratives et faisant disparaître certains numéros fautes de pratiquants, l'acrobatie chinoise a perduré jusqu'à nos jours.
Histoire
Les origines de l'acrobatie chinoise remontent à des temps immémoriaux. La plus ancienne performance connue encore en pratique aujourd'hui provient d'une technique de chasse de l'époque du néolithique : il s'agit du boomerang.
Ce n'est que du temps de la dynastie Han, de 206 av. J.-C. à 24 ap. J.-C., que les arts de la scène chinois sont devenus un art de divertissement à part entière.
Durant la dynastie Tang, de 618 à 907 après Jésus Christ, l'acrobatie chinoise fait son entrée à la cour impériale, mais perd ensuite de sa popularité au sein de l'Empereur et revient alors aux performances de rue.
Ce n'est pas avant la dynastie Ming, de 1368 à 1644, que les artistes quittent les rues pour se produire sur scène, dans des lieux prévus à cet effet. L'acrobatie retrouve ensuite les grâces de la cour impériale sous la dynastie Qing, de 1644 à 1911.
A l'avènement de la République Populaire de Chine, en 1949, l'acrobatie chinoise est déjà assise en tant qu'art à part entière, et certaines troupes sont mondialement connues.
Figures
Inspirées des gestes de la vie de tous les jours, ces mêmes gestes sont retravaillés, compliqués, tout en évitant de donner un sentiment d'effort. Il s'agit de gestes de combat, de danse, de rites religieux ou même de tâches ménagères. Parmi les plus courants, on peut citer les jeux d'équilibre sur divers supports (corde, briques, bascule) ou encore les exercices de souplesse.
Les figures acrobatiques chinoises incluent logiquement aussi des accessoires et objets du quotidien.
C'est ainsi que des numéros comme les "Etoiles d'eau" (faire tournoyer rapidement deux récipients remplis d'eau attachés aux deux bouts d'une corde sans jamais perdre une seule goutte d'eau), le "Jeu de jarre" (manipuler des jarres en porcelaines pesant jusqu'à 8kg) ou le diabolo (à l'origine un jeu d'enfant) voient le jour.
Plusieurs performances incluent des accessoires empruntés aux arts du combat et de la chasse. Les « armes » ainsi utilisées sont manipulées avec autant de grâce que d'adresse, malgré le risque évident que courent les manipulateurs. Parmi ces accessoires, on peut citer l'arc, la hallebarde ou encore le trident.
Les figures peuvent aussi être inspirées des animaux. Parmi la plus connue, on compte la Danse des lions, où une marionnette représentant un lion, faite en papier mâché et en fils de soie, est animée par un ou deux manipulateurs (selon la taille de la marionnette), exécutant des gestes simples : assis, debout, couché, ramper, marcher, etc.
Evolution
Partant de gestes simples, les figures acrobatiques chinoises se sont développées, améliorées par les artistes eux-mêmes, repoussant les limites du corps humain et de ses capacités.
C'est ainsi que la Danse du lion inclut maintenant des figures où deux lions se tiennent en équilibre sur une boule, par exemple. Les tableaux d'Assiettes tournantes, déjà spectaculaires par leur précision et leur régularité, incluent maintenant des sauts périlleux du manipulateur, ou encore l'équilibre sur la tête. Les jeux d'équilibre, en plus de l'équilibre du corps sur son support instable (par exemple une bascule), intègrent en plus des objets aussi divers que des œufs ou des pyramides de verres posés sur le front, le nez ou le menton.
C'est cette évolution constante des techniques qui a contribué à poser les lettres de noblesse de l'acrobatie chinoise, faisant d'elle une référence mondiale en termes de finesse et de précision, mais aussi de préservation de traditions ancestrales en les perpétuant de manière artistique.