11/12/2008 à 20:38 - Pavillon français de l'expo shanghai 2010 REMOUS
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ARTICLE du JOURNAL LACROIX du 09/12/2008
« EXPLICATION
Remous judiciaires autour du pavillon français de l'Exposition universelle de Shanghaï
Une entreprise française de BTP conteste la décision du gouvernement d'attribuer le chantier à une société chinoise.
Comment l'affaire a-t-elle commencé ?
Tout démarre en avril dernier, par l'appel d'offres pour la construction du pavillon français de l'Exposition universelle de Shanghaï en 2010. La procédure est lancée par la Cofres (la Compagnie française pour l'exposition de Shanghaï), une société créée pour l'occasion et détenue à 100 % par l'État. Elle est dirigée par José Frèches, un énarque spécialisé dans la communication, ancien membre du cabinet de Jacques Chirac, qui participa à la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Plusieurs sociétés concourent, dont le groupe de BTP Levaux, associé au service ingénierie d'Aéroports de Paris, à une société de conseil (Ademape Ingénierie) et au chinois Shanxi Construction. La procédure fixée est celle du « dialogue compétitif » . Autrement dit, le cahier des charges est établi au travers d'une discussion entre la Cofres et les candidats, qui déposent ensuite leurs propositions.
Le 6 mai, la Cofres signifie par courrier au groupement Levaux que sa candidature est retenue. Suivent alors des réunions à Paris et à Shanghaï. « Au début, tout se passait bien. Puis, au fur à mesure, on s'est rendu compte que toute la procédure d'appel d'offres était entachée d'irrégularités : les critères de sélection ont été changés en cours de route pour favoriser une société chinoise. Tout a été fait pour nous décourager, en nous demandant, par exemple, de travailler sur des documents écrits en chinois, ce qui est un comble quand le donneur d'ordre est l'État français », s'in digne François Souleau, amiral à la retraite, aujourd'hui gérant d'Ademape Ingénierie et porteparole du groupement Levaux, qui a porté l'affaire devant la justice. En attendant, c'est une entreprise de Shanghaï, Shanxi Construction, qui a été retenue. Le permis de construire a été attribué le 10 novembre et les premiers coups de pioche ont été donnés dans la foulée.
Que va-t-il se passer maintenant ?
Le groupement Levaux a déposé mi-novembre un référé devant le tribunal de grande instance de Paris pour suspendre l'opération, en accusant la Cofres d'avoir commis de « sérieux manquements aux obligations de publicité et de mise en concurrence » . En vain. L'entreprise française a été déboutée pour une question de forme, le contrat ayant déjà été signé. Conseillé par un des plus gros cabinets d'avocats de Paris, Gide Loyrette Nouel, Levaux ne désarme pas et a l'intention de porter l'affaire au fond. La Cofres se dit, quant à elle, sereine. « Nous avons choisi l'entreprise la mieux-disante, qui s'avère également la moins chère en termes de prix exprimés en valeur absolue. La proposition retenue est 20 % moins onéreuse que celle de Levaux » , souligne-t-elle dans un communiqué. Des arguments réfutés par François Souleau, qui estime que les coûts ont été minorés par les Chinois et prédit une envolée de la facture finale.
« Tous les autres pays exposants impliquent leurs sociétés dans la construction de leur pavillon. Sauf la France. C'est un comble, alors que le gouvernement ne cesse de réaffirmer son engagement auprès de ses entreprises », s'indigne-t-il. »
JEAN-CLAUDE BOURBON
journaliste
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La Croix