Nous avons déjà évoqué, dans
les séries TV sont-elles le miroir de la société chinoise ?, les feuilletons dont l'histoire est censée se passer de nos jours. Je sors cet ancien sujet des oubliettes pour aborder la question des feuilletons historiques.
L'avant-dernier feuilleton diffusé sur CCTV,
Le Chant du Palais de la grande clarté, consacré à l'époque Tang, est remarquable : non seulement l'intrigue y est très prenante, les personnages attachants, mais encore le contenu historique - pour autant que j'aie pu en juger en consultant Wikipédia -, assez conforme à la réalité. J'y ai appris beaucoup de choses sur l'impératrice Wu Zetian, dont j'ignorais jusqu'alors l'existence. Cette série m'a semblé très libre de ton : on y évoque même, contre toute attente (cela était jusqu'alors interdit) l'amour passionné d'un des fils de Wu Zetian avec son coiffeur, relation présentée comme une relation socialement admise et codée, à l'instar de la pédérastie grecque.
La reconstitution des décors, des objets, des coutumes, des costumes, surtout, est admirable : j'avais souvent l'impression de voir s'animer les statues de l'époque Tang que je vais admirer dans les boutiques d'antiquités chinoises lorsque je suis à Paris : musiciennes, joueurs de polo, servantes, etc. Le générique mentionne d'ailleurs les conseillers en beaux-arts qui ont collaboré à cette série.
Et si, comme moi, vous apprenez le chinois, je vous conseille plus vivement encore cette série : les dialogues sont riches et la diction assez lente pour qu'on s'y retrouve, du moins quand, par miracle, on connaît le vocabulaire utilisé...
Je regarde actuellement
Le Grand Empereur des Han, toujours sur CCTV. Ce feuilleton n'est pas à la hauteur du précédent mais il est néanmoins plein d'intérêt, non seulement historique mais encore culturel.
Dans le premier épisode, l'Empereur chasse les mauvais esprits : des enfants, munis de tambours, font un boucan du diable puis les masques symbolisant les démons sont brûlés sur un grand bûcher.
Le deuxième épisode montre un jeu de balle fort intéressant, entre rugby, foot-ball et basket : deux équipes, réparties sur les 4 côtés du terrain, s'affrontent, à la main et au pied, pour la possession du ballon, qu'on tente de faire passer dans un trou ménagé en hauteur dans la paroi verticale du but (un peu comme le trou dans lequel passe la tête du prisonnier dans un carcan).
Le cinquième épisode montre un tranche-tête, ancêtre de la guillotine, dont le premier ministre de l'Empereur fait les frais. Dans le feuilleton précédent, chaque fois qu'il était question de
"guillotine", je croyais à une traduction anachronique eh bien non ! le tranche-tête de M.Guillotin n'est pas une invention purement philanthropique de la France des Lumières....
Dans le 7° épisode, au tout début, un jeu de pari est organisé entre les concubines et autres beautés impériales pour financer la guerre que l'Empereur mène contre ses vassaux rebelles. Ces dames y frappent leurs baguettes contre le rebord de la table en lançant un dé ou une plaque qu'elles font tourner sur la table en disant une formule dont je n'ai pas compris le sens (cette histoire évoque la dispute entre une mère et un maire) et celle qui a gagné (ou perdu) doit donner ses bijoux en gage.
Le douxième épisode évoque la fête du troisième jour de la troisième lune dont je parle
ailleurs.
Si quelqu'un a de plus amples renseignements sur l'un ou l'autre de ces sujets, je le remercie d'avance de nous éclairer. Je crois en tout cas que ces séries valent largement la production française ! Une chose me frappe, par contre, dans tous les téléfilms chinois que je vois : la buée sort très souvent de la bouche des acteurs, quels que soient le lieu et l'époque de l'année évoquée : je suppose qu'on tourne en hiver et dans des studios non chauffés par raison d'économie...