Bonsoir Lililele,
Bonsoir à Toutes et Tous de ce forum,
Pour donner suite au thème mis sur ce forum par Lililele, je mets à votre disposition ce modeste document relatif au poète Li Bai. Dans l'espoir qu'il vous intéresse, je vous souhaite bonne lecture.
Le poète
Li Bai, alias Li Po, naquit à l'époque de la dynastie des Tang.
Cette treizième dynastie régna de 618 à 907 ; règne qui connut une brève interruption de 690 à 705. Durant ces 274 années, l'Empire atteignit une extension qu'il n'avait jamais connue jusqu'à lors. Sa capitale nommée Chang' an, l'actuelle Xi'an, était la ville la plus peuplée du monde.
Cette époque est marquée par un cosmopolitisme certain. Elle est brillante sur le plan culturel. C'est l'âge d'or de la poésie chinoise. Au début avec Li Bai, Du Fu, Wang Wei, suivi de Han Yu et Bai Juyi, pour se terminer avec Li Shangyin et Du Mu.
Li Bai ou Li-Taï-pé naquît en 701. Il est l'un des plus grands poètes chinois de la dynastie Tang. Il fut un grand voyageur et traversa la Chine. Nourrit de la pensée taoïste, il fut sensible aux aspects de la nature, et tout particulièrement de la nature sauvage.
Son lieu de naissance est incertain. Serait-il né en Suiye en Asie centrale, Tchouï au Kirghizistan ? Initialement, sa famille vécut dans ce qui est l'actuelle Gansu, puis elle se serait installée à Suiye et ensuite près de Chengdu, alors qu'il avait cinq ans.
Il fit de brillantes études et fut docteur à l'âge de 20 ans. C'est à l'âge de vingt-cinq ans qu'il commença à voyager à travers la Chine. Il mena une vie sans souci, et l'histoire dit qu'il appréciait le vin, la compagnie des jolies femmes et la lune ronde et pleine. Sa personnalité impressionnait tous ceux qui l'approchaient, aussi bien les gens du peuple que ceux de l'aristocratie.
Un ministre de la cour de l'Empereur, nommé Ho-tchi-tchang qui était d'une grande ouverture d'esprit, partageait son temps entre la science et le plaisir. Il trouva en Li Bai un homme de charme et de goût. Ses improvisations inspirèrent au ministre une vive admiration et il en fit son meilleur ami. Il vanta les mérites du poète à
l'Empereur Ming Huang qui eût envie de le connaître. A son tour, il vit dans le jeune poète, une des principales gloires de son règne et l'introduisit parmi les lettrés de sa Cour. Très vite Li Bai acquit une très grande faveur de son souverain.
Une telle amitié avec le souverain ne pouvait attirer que des jalousies de tous ceux à qui elle faisait ombrage. Alors que Ming Huang allait le couvrir d'honneurs, un eunuque de la Cour le discrédita auprès de l'Impératrice sur l'interprétation de stances qu'il avait écrites. Li Bai, choqué d'avoir pu être soupçonné de manquer de respect à l'Empereur, demanda à quitter la Cour et coupa tous les liens qui l'y attachaient.
L'Empereur lui offrit, faveur rarissime, un assortiment complet de ses habits, auquel il ajouta mille onces d'or.
Il commença à voyager à travers la Chine et rencontra l'autre poète Du Fu, auprès duquel il vécut quelques mois une importante amitié. A ce point que Du Fu écrivit quelques poèmes qui traitent de Li Bai. Du Fu disait de Li Bai que,
«son poème achevé, dieux et diables pleuraient.»
Il mourut à l'âge de 61 ans.
Voici une sélection de poèmes de Li Bai.
Offert à un ami qui partait pour un long voyage
Le jour d'hier qui m'abandonne, je ne saurais le retenir ;
Le jour d'aujourd'hui qui trouble mon coeur, je ne saurais en écarter l'amertume.
Les oiseaux de passage arrivent déjà, par vols nombreux que nous ramène le vent d'automne.
Je vais monter au belvédère, et remplir ma tasse en regardant au loin.
Je songe aux grands poètes des générations passées ;
Je me délecte à lire leurs vers si pleins de grâce et de vigueur.
Moi aussi, je me sens une verve puissante et des inspirations qui voudraient prendre leur essor ;
Mais pour égaler ces sublimes génies, il faudrait s'élever jusqu'au ciel pur, et voir les astres de plus près.
C'est en vain qu'armé d'une épée, on chercherait à trancher le fil de l'eau ;
C'est en vain qu'en remplissant ma tasse, j'essaierais de noyer mon chagrin.
L'homme, dans cette vie, quand les choses ne sont pas en harmonie avec ses désirs,
Ne peut que se jeter dans une barque, les cheveux au vent, et s'abandonner au caprice des flots.
Le cri des corbeaux à l'approche de la nuit
Près de la ville, qu'enveloppent des nuages de poussière jaune, les corbeaux se rassemblent pour passer la nuit.
Ils volent en croassant, au-dessus des arbres ; ils perchent dans les branches, en s'appelant entre eux.
La femme du guerrier, assise à son métier, tissait de la soie brochée ;
Les cris des corbeaux lui arrivent, à travers les stores empourprés par les derniers rayons du soleil.
Elle arrête sa navette. Elle songe avec découragement à celui qu'elle attend toujours.
Elle gagne silencieusement sa couche solitaire, et ses larmes tombent comme une pluie d'été.
La chanson du chagrin
Le maître de céans a du vin, mais ne le versez pas encore :
Attendez que je vous aie chanté la Chanson du chagrin.
Quand le chagrin vient, si je cesse de chanter ou de rire,
Personne, dans ce monde, ne connaîtra les sentiments de mon coeur.
Seigneur, vous avez quelques mesures de vin,
Et moi je possède un luth long de trois pieds;
Jouer du luth et boire du vin sont deux choses qui vont bien ensemble.
Une tasse de vin vaut, en son temps, mille onces d'or.
Bien que le ciel ne périsse point, bien que la terre soit de longue durée,
Combien pourra durer pour nous la possession de l'or et du jade ?
Cent ans au plus. Voilà le terme de la plus longue espérance.
Vivre et mourir une fois, voilà ce dont tout homme est assuré.
Ecoutez là-bas, sous les rayons de la lune, écoutez le singe accroupi qui pleure, tout seul, sur les tombeaux.
Pensée dans une nuit tranquille
Devant mon lit, la lune jette une clarté très vive ;
Je doute un moment si ce n'est point la gelée blanche qui brille sur le sol.
Je lève la tête, je contemple la lune brillante ;
Je baisse la tête et je pense à mon pays.
Quand les femmes de Yu-tien cueillaient des fleurs
Quand les femmes de Yu-tien cueillaient des fleurs,
Jadis, elles disaient : ces fleurs nous ressemblent ;
Mais lorsqu'un matin la fiancée du palais des Han arriva d'Occident,
Il y eut, en Tartarie, beaucoup de belles filles qui moururent de honte.
Elles voyaient que parmi les belles filles, si nombreuses dans le pays des Han,
Il en est auxquelles nulle fleur de Tartarie ne saurait se comparer.
La beauté fut trahie par les portraits menteurs d'un peintre perfide,
Tandis qu'au fond d'un palais, Vou-yen vécut paisiblement.
De tout temps les charmantes filles ont eu cruellement à souffrir de l'envie,
Aussi les sables de la Tartarie reçurent-ils le beau corps de Tchao-kiun