Sexe et sexualité en Chine
Image extraite du film "3D Sex and Zen: Extreme Ecstasy"
La Chine a longtemps été en avance par rapport aux autres civilisations sur le sujet de la sexualité. En effet, les premières littératures abordant ouvertement le sexe sont d'origine chinoise. Il s'agit du "Livre de la fille sombre" et du "Livre de la fille claire", des manuels érotiques qui ont servi à éduquer sexuellement l'Empereur jaune. Ils expliquent les manifestations physiques du désir, les mécanismes sexuels propres à chaque sexe, et surtout les neuf meilleures positions pour faire l'amour. Chacune porte d'ailleurs un nom poétique dont l'Approche du Tigre, les Singes combattants, le Criquet grimpeur, la Tortue escaladeuse, le Phénix en vol, le Lapin suçant les poils, l'Ecaille de poisson, et enfin les Grues entrelaçant leurs cous. Il y a aussi l'oeuvre fondateur intitulé "Sou Nu Jing", véritable guide médical qui sert dans l'éducation sexuelle. Il est considéré comme la bible du sexe dans la civilisation chinoise. Ces divers livres illustrés avaient alors leur place auprès du lit où ils étaient facilement accessibles.
Pendant cette période de la Chine ancienne, les gens avaient une attitude positive à l'égard du sexe. Les dessins ou statuettes représentant l'acte sexuel étaient très populaires. Et pendant le jour du mariage de sa fille, la mère chinoise déposait même un dessin sous son trousseau afin de l'éduquer sexuellement.
La littérature, dernière véritable témoin de cette époque, nous relate les moeurs de quelques empereurs qui avaient une vie sexuelle assez libérale. A l'exemple notamment de l'empereur Zhou en l'an 1155 avant JC, qui faisait régulièrement des orgies dans une mare de vin au sein même de son château. Ou encore l'empereur Yandi en l'an 605, qui était célèbre pour aimer faire l'amour avec beaucoup de femmes et en vint même à aménager sa charrette de façon à optimiser son plaisir. Le point commun de ces souverains était d'ailleurs le fait d'avoir de nombreuses concubines, qui s'apparentaient plus à la polygamie. Et seul un marginal ou un pauvre n'en avait pas.
En ces temps de libération des moeurs, l'homosexualité était même relativement bien tolérée, à l'image de l'empereur Wen en l'an 200 avant JC. Elle était même représentée dans les livres et autres oeuvres d'art. Contrairement à l'inceste qui était passible de mort.
Mais plus le temps passait, et plus la morale redevenait stricte sous les dynasties Song, Ming et Qing. La philosophie néoconfucianiste s'opposait au sexe et elle est même allée jusqu'à l'interdire. Cette période ne pris fin qu'au début de la révolution culturelle.
Durant la majeure partie du 20ème siècle, le régime au pouvoir représenté par Mao fait de la sexualité chinoise une affaire d'état. La politique de l'enfant unique a eu pour effet la légalisation du préservatif et de l'avortement. La politique du gouvernement poussait les femmes à se faire avorter en cas de deuxième grossesse. Cela a permis de libérer les chinois de l'idée de reproduction, car le lien traditionnel de ce dernier avec le sexe fut complètement rompu. Le puritanisme atteignit alors son paroxysme, et l'homosexualité a été fortement réprimée et criminalisée à partir de 1949, et fut même la cause de nombreuses persécutions. Le plaisir est alors l'apanage de la bourgeoisie, et le sexe ne sert que pour la reproduction. Les femmes doivent avoir les cheveux courts et porter des pantalons. Ce qui conduit à une véritable révolution sexuelle.
A la fin des années 80, l'arrivée du capitalisme renoue la Chine avec ses anciennes valeurs et sa vision favorable de la sexualité. Le sexe est de nouveau lié à l'amour, au bonheur et au plaisir, contrairement à la reproduction qui est toujours perçu comme une obligation. On recommence à discuter de l'homosexualité parmi la presse et la population chinoise. Jusqu'à ce qu'elle ne soit plus punis par la loi en 1997, de même que la sodomie. Elle n'est plus considérer comme une aberration mentale en 2001 et est même traiter comme sujet d'étude dans les universités.
Cependant, la période actuelle diffère quelque peu de l'époque ancienne, car les éléments modernes s'y sont ajoutés, par exemple, le droit à la sexualité. Les influences de l'extérieur ont aussi permis d'intégrer de nouveaux concepts, comme le droit des homosexuels ou les droits sexuels des femmes. La discussion sur la prévention des maladies sexuellement transmissibles comme le sida sont abordé ouvertement. Le concubinage et les relations sexuelles avant mariage sont assez répandus chez les jeunes, qui considèrent le sexe comme source de bonne santé. Les aventures hors du mariage sont redevenus à la mode, et le divorce est monnaie courante.
La conséquence du politique de l'enfant unique a eu pour effet un nombre élevé de garçons de plus de 30 ans qui sont encore célibataires face à un faible taux de la population féminine de nos jours. La femme aussi s'est libérée, et aime expérimenter de nouvelles choses dans la découverte de leur sexualité. Et le nombre grandissant de jeunes filles qui ont recours à la chirurgie esthétique montre une volonté de plaire.
Cependant, aujourd'hui en Chine, la pornographie est un délit punissable de peines d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à la perpétuité. Cela a même permis à l'état chinois de censurer certains sites web jugés pornographiques sur tout le territoire. La prostitution est bien présente en Chine, mais de façon discrète, prenant généralement la forme de salons de coiffures, de bars, de night club, de salon de massage ou encore de karaoké.
L'importance de la sexualité dans la vie des chinois est beaucoup influencée par le taoïsme qui le trouve essentiel car source de vie. L'homme est représenté par le dragon ou yang, et la femme par le tigre ou yin, qui mélange leur énergie pour former la vie. Le sexe est considéré comme bénéfique pour la santé, nourrissant l'énergie vitale et permet de vivre plus longtemps. L'acte sexuel ne se conçoit donc qu'à deux, et la masturbation était interdite car cela affaiblissait l'énergie du corps.