Linxia
Linxia est une ville située dans l'Ouest de la Chine, où 98 % de la population est constituée de Musulmans.
Linxia, le chef-lieu du département autonome du même nom, se trouve à 4 ou 5 heures de route de Lanzhou, la capitale de la province du Gansu, dans l'Ouest de la Chine. D'une population de plus de deux millions d'habitants, elle était autrefois appelée « Hezhou ». Linxia se situe au bord de la rivière Daxia. En chinois, justement « Lin » signifie « au bord » et « Xia » désigne le nom de cette rivière. C'est cette situation géographique qui a ainsi donné son appellation à la ville. Linxia se trouve à équidistance entre Lanzhou et le temple bouddhiste tibétain de Napolun. Donc, ceux qui veulent visiter ce temple en partant de Lanzhou le matin, doivent s'arrêter à Linxia pour la pause-déjeuner.
Sur place, on peut entendre partout une musique folklorique très répandue dans le Nord-ouest de la Chine, et se rendre compte également de l'atmosphère musulmane. En effet, Linxia compte une bonne trentaine de mosquées, de toutes tailles. Des deux côtés de la rue principale, on peut y voir des maisons blanches recouvertes de tuiles grises. Les porches sont décorés de tableaux en fer ciselé, et les murs, incrustés de faïence. Les habitants de Linxia résident le plus souvent dans des maisons sans étage. Sur le linteau des portes, on peut y lire une inscription en arabe du Coran. Dans la ville, on croise partout des hommes coiffés d'un chapeau blanc et des femmes portant un voile noir, blanc ou vert. Assis sur un banc sur le pas de leur porte, les hommes âgés musulmans, bavardent ou jouent aux échecs.
Mlle Xia Wenxi, une étudiante en quatrième année à la faculté des sciences humaines de l'Université de Beijing, s'est rendue deux fois dans la ville de Linxia. Ecoutons ses impressions :
« Ce qui m'impressionne le plus dans la ville de Linxia, c'est le respect que les habitants portent aux rites. J'ai séjourné deux fois à Linxia, toujours en été. Malgré la chaleur, les hommes âgés musulmans portent un costume chinois bleu traditionnel et des lunettes de soleil. Tout leur corps est entièrement recouvert, seul, émerge un front ridé. Leur barbe est toujours bien soignée. Les femmes, elles, observent scrupuleusement les traditions aussi. »
A Linxia, les Huis, se mélangent aux minorités ethniques Dongxiang et Baoan. Si ces dernières ont des tenues et des physionomies similaires aux Hui, elles ont des coutumes et une culture propres à elles.
Les ancêtres de l'ethnie Dongxiang faisaient partie des Turcs d'Asie centrale. Lors de l'expédition des Mongols, ils furent incorporés dans l'armée mongole et dépêchés dans la banlieue Est de Linxia où ils s'installèrent. On les a ensuite surnommés « les Huis de Dongxiang ». Depuis, plusieurs siècles se sont écoulés. Et outre la croyance de leurs ancêtres qu'ils ont conservée et leur nez plus pointu que les autochtones, les Dongxiang ont perdu tout contact avec l'Asie centrale et choisi cette terre située au bord de la rivière Daxia comme leur pays natal.
Le plat à base de mouton qu'on mange avec les mains est une des spécialités de Linxia. Et personne ne peut s'en passer. Agé de 63 ans, M. Ma Fukang a tenu un restaurant de cette spécialité. Comme il nous l'a expliqué :
« En fait, si la matière première de ces plats à base de mouton que l'on mange avec les mains de Dongxiang s'avère très simple, la préparation est différente des autres ethnies. La viande est toute fraîche, et la qualité du mouton est très bonne, car le fourrage est de qualité. »
L'autre ethnie minoritaire de la province du Gansu, les « Baoan » descendent des Turcs et des Mongols. Les Baoan sont partis de Qinghai, dans l'Ouest de la Chine au 17e siècle, puis ont émigré à Linxia. Selon leur tenue traditionnelle, les hommes Baoan attachent une ceinture rouge qui supporte un sabre sur lequel l'on peut y voir trois caractères en bronze « da-he-jia », du nom d'un lieu de la région. Entièrement réalisée à la main, cette arme a suivi un processus de fabrication de plus d'une quarantaine d'étapes. M. Ma Xing, un étudiant de l'Université centrale des ethnies minoritaires, est d'ethnie Baoan. Il nous a précisé :
« Le sabre de l'ethnie Baoan date d'il y a 120 ans. Il dispose de particularités propres à cette ethnie. Par exemple, sur le manche du sabre, on peut voir des décorations en bronze, fer et verrerie ainsi que des fleurs de prunier fabriquées à l'aide de fils de cuivre. Le fourreau est en général en argent et en cuivre blanc et muni d'une pince en bronze. Celle-ci sert à enlever les poils de la viande, et vérifier si les plats sont empoisonnés. »
Linxia constitue un passage important dans les provinces du Gansu, de Qinghai et du Sichuan. Sa culture particulière a fait naître un art architectural spécial : la sculpture en briques des Hui de Hezhou qui a été créée sous la dynastie des Song au 10e siècle. Riches et variées, les oeuvres en briques, laissent libre-cours à l'imagination par leur style abstrait. C'est parce que les Huis croient en l'Islam sans être adeptes pour autant du culte des idoles. La matière première de ces briques est recherchée. Les biscuits de briques sont en terre en provenance du bord de la rivière Daxia. Les motifs sont d'abord dessinés avant la cuisson des biscuits. On pourra d'ailleurs admirer les oeuvres des Huis de Hezhou dans les parcs de Hongyuan et Donggongguan.
Linxia compte deux millions de Musulmans. Toute la journée, les mosquées de la ville appellent les fidèles à la prière, à raison de cinq fois par jour. La ville s'emplit alors d'une atmosphère sacrée.
Chers amis, nous venons de vous parler de la ville de Linxia dans la province du Gansu, merci de nous avoir suivi.
Indications touristiques : les touristes peuvent se rendre d'abord à Lanzhou, le chef-lieu de la province du Gansu avant d'y prendre un car qui vous conduira à Linxia. A Linxia, vous pouvez acheter des produits artisanaux ethniques dont de la porcelaine, de la peinture en feuille d'or et des peignes en corne de boeuf. La broderie de Linxia est aussi très raffinée. Sans oublier de goûter bien sûr aux spécialités locales dont les plats de mouton que l'on mange avec les mains ou le mouton rôti.