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Les migrants de la diaspora chinoise en France

© Chine Informations - La Rédaction
   

D'après Un écrit du Dr. Pierre Picquart (chinoisdefrance.com)

La diaspora chinoise est éparpillée sur les cinq continents. Elle est le fruit d'un long mécanisme de migrations débutant il y a mille ans.

La diaspora chinoise mondiale : la plus riche et la plus puissante

Durant le XIXème siècle, les migrations se sont intensifiées jusqu'à la mise en place de la République Populaire de Chine. L'histoire de la diaspora chinoise en France commence durant la Grande Guerre. Ensuite, la vague migratoire se trouve modérée. A partir de 1975, les migrants créent le quartier chinois du XIIIème arrondissement. Avec le soutien de la diaspora chinoise, Paris est témoin de l'émergence des axes commerciaux indépendants. En 1996, les sans-papiers chinois ont mis en place une fissure au sein des communautés et sollicitent une intégration républicaine. Vues les restructurations faites au niveau des entreprises d'Etat ainsi que l'ouverture de la Chine concernant les secteurs économiques, une nouvelle vague migratoire du Sud-Est et Nord-Est de la Chine débarque. La France est devenue un lieu très prisé. Par conséquent, le gouvernement français et celui des autres pays européens ont soulevé la question concernant l'immigration chinoise sur leur sol. En effet, le flux migratoire chinois a touché presque tous les pays du monde. A ce jour, on compte en moyenne 50 millions de Chinois dans la diaspora chinoise mondiale. Si l'on tient compte des chinois issus de Taïwan et de Hong Kong  restituée, ce chiffre atteint les 80 millions d'individus. La diaspora chinoise est constituée d'en moyenne 450.000 têtes en France et de 250.000 en Ile-de-France. En effet, depuis que la Chine s'est ouverte au monde sur le plan économique, la France voit arriver de nouveaux migrants chinois et devient une destination de choix.

Les nouvelles filières d'immigration chinoise vers la France

Comme les entreprises chinoises ont subi une réorganisation économique, les chinois du Nord-Est sont aussi venus gonfler les rangs de ceux provenant des régions du Sud-Est. Ils arrivent avec des visas et sont hébergés par des tierces personnes françaises ou dans des associations. Ainsi se créent les nouveaux réseaux de migration chinoise. D'une part, les populations des régions du Sud (Guangdong-Zhejiang et Fujian) et du Nord-Est (Heilongjiang – Jilin - Hebei – Liaoning) essaient de se rendre clandestinement en France. D'autre part, l'immigration Wenzhou continue. En effet, ces natifs de Zhejiang constituent 60 à 65% des nouveaux arrivants dans la zone de Belleville en France. Le flux migratoire traverse l'Europe oriental et la Turquie et implique l'Asie, la Russie, l'Europe de l'Est. L'attente des passages clandestins à travers l'Allemagne, les Pays Bas, l'Angleterre, la Belgique, la France, l'Espagne ou l'Italie fait en sorte que le voyage prend énormément de temps (quelques jours à quatre mois) en tenant compte des différents circuits et réseaux illicites européens. Les migrants peuvent voyager en avion, en train, à pied, …

Beaucoup d'immigrants chinois se rendent par avion et atterrissent à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle avec l'aide des agences de voyage. Les « Dongbei », déjà implantés sur place, les accueillent et certains groupes nordistes les installent au sein des communautés chinoises en France (Wenzhou et Teochew). Ces immigrants chinois effectuent des petits travaux dans les ateliers chinois de Paris ou en Ile-de-France. Les femmes travaillent comme femmes de ménage. En effet, ils tolèrent même les travaux les moins prisés. Des réseaux de prostitution s'organisent discrètement à Paris et une vague de jeunes mineurs débarquent aussi.

Annuellement, environ 40 000 ressortissants chinois essaient d'entrer dans les territoires français si l'on ne tient pas compte  de ceux qui y arrivent légalement, c'est-à-dire munis d'un visa  octroyé par les Consulats de France en Chine (79 000 en 1999, sans ceux de Hong Kong). Ce chiffre prouve l'évolution rapide des stratégies des migrants chinois. En effet, de récents travaux effectués en Chine avec la collaboration des autorités françaises avancent des statistiques (OFPRA, Ambassade de France, Ministère de l'intérieur français), montrant les différentes méthodes utilisées par ces migrants chinois pour accéder en France. Et ce phénomène tend à augmenter exponentiellement.

Dans les régions parisiennes, la demande d'asile chinoise est la première par groupe de nationalité. Selon l'OFPRA en 2001, les candidatures étaient au nombre de 100 en 1985, 2 076 en 1998  pour être de 5 169 en 1999. Les chiffres pour l'année 2000 sont estimées identiques à ceux de 1999. Bien que le taux d'acceptation des demandes est très faible (inférieur à 3%  en 1999), le dépôt de ces dossiers apporte un gain de temps aux demandeurs pour tenter une régularisation dans l'avenir et leur réponse ne constitue qu'une partie réduite des entrées en France. On distingue les normalisations dans  l'espace de Schegen (campagnes en Espagne). En effet, les migrants obtenant des papiers en règle de la part  des autorités ibériques (hébergement payants de 20 000 à 30 000 FF) retournent en France. Les chinois ont bien compris ce système et les bénéfices qu'ils peuvent soutirer des accords de Schegen. Et beaucoup de chinois habitant l'Europe centrale attendent impatiemment l'entrée de leur pays d'accueil au sein de la Communauté Européenne.

La diaspora chinoise à Paris est d'un grand appui

La nouvelle migration chinoise est soutenue par des réseaux bien ancrés. La diaspora chinoise pèse lourd dans le domaine de l'économie du fait de sa solidarité et de son indépendance vis-à-vis de leur pays d'accueil. Le développement des quartiers chinois dans les régions parisiennes n'est nullement pas le fruit d'un hasard ou de soudaines conjonctures. Il est basé sur deux principes : la confiance au sein des cercles d'ami et les réseaux auprès d'un projet communautaire ainsi qu'un plan de réussite personnelle.  Les unions entre les clans, entre les familles ou entre les régions parlant le même dialecte se rattachent à la culture des ancêtres, aux  connaissances collectivistes confucéens et aux réseaux de solidarité financière de par le monde. Elles proviennent aussi des relations d'investissements avec le pays d'origine, la Chine.

Les migrants chinois font fortune grâce à leurs avantages culturels et  au commerce, le fondement de leur pratique migratoire. En effet, la diaspora participe largement à l'ouverture de l'économie de la République Populaire de Chine, avec l'appui de puissants groupes financiers dans le monde, en effectuant de gros réinvestissements auprès des régions d'origine. Bien que leur démarrage économique et social au niveau de leur pays d'accueil  ne soit pas facile, ils progressent rapidement au niveau scolaire et social dès la deuxième génération. Il en résulte un succès personnel, familial ou collectif. Ces migrants discrets, unis, laborieux peuvent effectuer des investissements très rapides grâce à leur solidarité mais surtout au « Hui ». Le « Hui » est un système de prêt collectif permettant l'obtention en comptant d'un logement ou lieu de commerce sans l'aide des entités financières. Ainsi, les emprunteurs peuvent s'installer au sein d'un quartier bientôt florissant. Le XIIIème arrondissement parisien comme le quartier de Belleville ainsi que d'autres régions de Paris reflètent la réalité de ces stratégies.

Le système de solidarité des chinois leur ont permis de s'installer d'une manière indépendante dans les commerces de l'extrême orientale, dans la restauration chinoise ainsi que dans divers activités économiques. Bien que la majorité des français trouve avantageux l'existence de la diaspora chinoise, certains la qualifie de modèle d'intégration chinoise. D'autres encore la qualifie de « guetto » qui s'écarte largement du modèle français d'intégration. En effet, la vie cette communauté est en « développement séparée » de celle de la société française. Toutefois, l'extension des quartiers chinois a engendré des querelles avec ses voisins, les français, mais aussi avec les autres groupes étrangers habitant ou en déplacement hors des quartiers chinois.

La mise en place d'un nouveau modèle d'intégration et le flux des « sans-papiers » chinois

En France, « la révolte des sans-papiers Chinois » depuis 1997, a causé une fissure au sein des quartiers chinois de Paris. En effet, les migrants chinois sont nombreux à avoir été régularisés  avec un taux de 83% qui est le plus élevé par rapport aux autres nationalités. Une vague de nouveaux migrants chinois et des jeunes chinois souhaitent vivement en faire partie. Les anciens veulent rester au sein des communautés déjà florissantes tandis que les nouveaux migrants ont envie de s'éloigner des traits conservateurs des quartiers chinois. Ils utilisent la plupart du temps la langue française et désirent avoir une vie à l'européenne, un travail et un mariage hors de ces espaces chinoises. Ils tendent vers une nouvelle modèle d'intégration. D'où, les jeunes chinois de Paris ont décidé d'organiser un congrès international des jeunes Teochews (5 – 6 Mai) avec le thème « La place de la France dans le monde ». Pour ce, ils sont plus de 400 à y participer.

Les perspectives et les propositions d'une coopération entre l'Europe et la Chine

De nos jours, il faut se pencher un peu plus sur les différentes modalités d'entrée des chinois dans les territoires français en favorisant de nouveaux axes de recherche comme les facteurs motivants et les préparatifs des voyages vers la France, les différents réseaux et méthodes pour accéder en France, les conséquences des arrivées des Chinois. Une amélioration des approches quantitatives des vagues de migration des chinois en France accompagné de la différenciation des origines et des régions d'accueil doit avoir lieu. En plus, il faut effectuer une évaluation des itinéraires et de l'importance des chinois en France et préciser leurs modèles d'intégration en France et dans tous les pays européens. La Communauté européenne doit s'allier avec la Chine dans la gestion des vagues migratoires chinoises. D'une part, il faut inciter la venue des migrants chinois dans les régions européennes. Mais d'autre part, il faut lutter contre l'immigration et l'utilisation de la main d'œuvre clandestine. De ce fait, la Chine doit mettre en place des mesures préventives face à cela. Pour ce, des aides humanitaires et actions de soutien peuvent être apportées aux plus démunis. En plus, les services d'Etat, des collectivités locales, des ONG ainsi que des différentes actions de coopération peuvent être mises en place. De ce fait, les régions chinoises de la région du Nord peuvent bénéficier de la forte expérience des régions françaises telles que le Pas-de-Calais, Lorraine dans les restructurations industrielles. La coopération de la France avec la Chine concernant la gestion des flux migratoires sera plus efficace si elle est globale.

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