France : Les filières migratoires des clandestins chinois
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D'après un article du Dr Pierre Picquart de 2004.
Depuis des années, des Chinois sont venus immigrés en France, surtout pour des raisons économiques. Cette immigration économique chinoise est toujours d'actualité grâce à la création de nouveaux canaux d'immigration, en provenance du Nord-Est de la Chine. Les Chinois qui sont arrivés tout récemment sont originaires de cette partie du territoire chinois, ainsi que de la région du Sud-Est. Cela est dû à la fermeture d'usines qui s'est produite dans le nord de la Chine. De plus, malgré la forte croissance économique que connaît la Chine depuis quelques années, des zones font face à une crise économique. C'est un véritable contraste par rapport à l'important essor économique de certaines provinces chinoises.
Habituellement, les nouveaux migrants chinois entrent en France en tant que touristes. Ils peuvent aussi présenter des visas d'étudiants. Il est aussi possible qu'ils aient en leur possession des visas délivrés par les autres pays européens. En effet, grâce à l'existence de l'espace Schengen, ils ont la possibilité de circuler librement au sein des pays concernés. Pour pouvoir rester en France au-delà de la durée de leurs visas, certains Chinois entament des procédures pour demander l'asile politique. Ils peuvent faire cette formalité dès leur arrivée ou à l'approche de l'expiration de la validité de leur visa. D'autres par contre n'ont pas les moyens de faire cette demande. Dès leur arrivée en France, ils intègrent les communautés chinoises du pays, afin de rembourser leurs dettes. Ils sont accueillis par des familles ou vont travailler dans des ateliers clandestins. Ils y occupent surtout des emplois qui n'ont pas beaucoup de valeur et gagnent mal leur vie. Ils sont par exemple embauchés dans les établissements restaurateurs en tant que plongeurs. Ils peuvent aussi travailler au sein d'ateliers de couture. Les femmes sont engagées en tant que nourrices ou femmes de ménage. Certaines sont plus mal loties car elles sont forcées de travailler dans la prostitution.
Auparavant, les migrants économiques chinois venaient surtout des régions du Sud-Est de la Chine. Mais depuis quelques années, beaucoup de Chinois viennent aussi des provinces du nord-est. Celles-ci font face à des restructurations économiques ainsi que la fermeture d'usines qui ne rapportent plus de bénéfices. Quand ces Chinois demandent leurs visas de touristes ou d'étudiants, ils mentionnent qu'ils seront domiciliés en France au sein de familles chinoises ou d'associations déjà présentes en Chine. L'Europe de l'Est devient aussi un important point de passage pour les nouvelles filières migratoires.
De plus en plus de personnes originaires des villes de Guangdong, Zhejiang et Fujiang dans le Sud, et celles de Jiling, Lianing, Heilongjiang et Hebei dans le Nord-Est tentent d'immigrer clandestinement vers l'Europe, et plus particulièrement la France. Pourtant, l'immigration provenant de Wenzhou est toujours aussi active et il y a même de nouvelles filières qui se sont créées depuis quelques années. Plus de la moitié des nouveaux migrants chinois qui s'installent dans le quartier de Belleville à Paris viennent de Zhejiang. La plupart des postulants à l'immigration sont des jeunes Chinois. Mais les groupes de migrants venant des régions Nord et Nord-Est de la Chine comprennent aussi des techniciens ou des cadres plus âgés. Ceux-ci ont été employés dans les usines qui ont fermé leurs portes ou qui se sont restructurées.
Comme il est de plus en plus difficile d'obtenir un visa en Chine, ces migrants choisissent de transiter par les pays de l'Europe de l'Est, mais aussi par la Turquie. Ils peuvent s'adresser aux différents réseaux de passeurs existants en Asie, en Russie mais aussi dans de nombreux pays de l'Europe de l'est comme la Pologne, la Bulgarie et l'ex Yougoslavie. Ils arrivent dans ces pays afin d'obtenir de faux papiers ou des papiers en règle comme des visas polonais ou serbes. Le délai d'attente avant de pouvoir passer dans des pays comme l'Allemagne, les Pays Bas, la Belgique, la France, l'Angleterre, l'Espagne, l'Italie ou même les Etats Unis peut varier de quelques semaines à plusieurs mois. Les trajets empruntés par les clandestins suivent plusieurs circuits et ils sont pris en charge par de nombreuses filières établies en Europe. Il est même possible que les migrants Chinois mettent quatre mois pour arriver à leur destination finale. Pour mener à bien leur immigration clandestine, les passeurs utilisent diverses stratégies. Les migrants peuvent aussi emprunter différents moyens de transport comme l'avion, le camion, le train ou le bus. Ce choix dépend des occasions, et ce sont aussi les passeurs qui choisissent les moyens de transport les plus adaptés. Il est même possible que certaines distances soient parcourues à pied. Il est possible que les migrants Chinois prennent l'avion et atterrissent à l'aéroport français de Roissy Charles de Gaulle grâce à des billets achetés auprès d'agences de voyage. Mais ils peuvent aussi être aidés de passeurs présents en Chine. A leur arrivée sur le territoire français, ils sont accueillis par des petits groupes. Ceux-ci les aident à s'intégrer au sein des communautés chinoises, telles Wenzhou et Téochew, qui existent en France depuis des années. Ils sont ensuite embauchés dans les nombreux ateliers clandestins, chinois et turcs, qui sont présents dans le quartier du Sentier. Cette nouvelle main d'œuvre n'est pas très exigeante et ne réclame pas un salaire très élevé. Quant aux réseaux de prostitution, ils sont établis dans les secteurs de Denfert-Rochereau, Strasbourg Saint-Denis, de la Gare de l'Est, la Place de la République ou devant le magasin Tati ou même à l'intérieur de cet établissement.
