Kuafu poursuit le soleil
Dans l'Antiquité vivait un homme répondant au nom de Kuafu. C'était un hercule de taille gigantesque qui marchait si vite qu'il semblait avoir des ailes.
Il se peut qu'autrefois le Soleil avançât plus vite qu'aujourd'hui. A l'époque, on avait toujours l'impression que les journées étaient trop courtes. Chaque jour, on n'avait pas encore trouvé le temps de se mettre à l'ouvrage que la nuit était déjà tombée. Comme en ce temps-là il n'existait pas de lampe, on peut imaginer combien les hommes étaient incommodés par ces nuits froides, obscures et interminables.
Aussi tout le monde se plaignait-il du Soleil. Un jour, Kuafu se mit en colère et alla voir le Soleil.
- Hé ! Paresseux Soleil ! Lui reprocha-t-il. Combien de temps dors-tu chaque jour ? Tu te lèves tard mais tu te couches bien tôt ! Tu manques vraiment de responsabilité dans ton travail !
Orgueilleux, le Soleil ne daigna même pas lui répondre. Il continua à filer rapidement vers l'Ouest. Furieux, Kuafu se mit à sa poursuite en brandissant son bâton.
L'étrange boule de feu roulait toujours vers l'ouest et Kuafu la poursuivait à toute vitesse à travers les plaines. Kilomètre après kilomètre, il s'en approchait. Mais plus il l'approchait, plus il avait chaud. Il était en nage et les gouttes de sueur voltigeaient autour de lui. N'en pouvant plus, il déchira sa tunique, découvrant ainsi sa forte et rouge poitrine. Supportant la chaleur, il courait et courait toujours.
Kuafu transpirait tellement qu'il lui semblait qu'il allait mourir de soif. Il avait la gorge horriblement sèche. Quelques kilomètres encore et il aurait rejoint le Soleil, mais il n'y parvint pas à cause de la soif.
Il dû s'arrêter et aller à la hâte se désaltérer dans le Huanghe. D'un seul trait, il absorba les eaux du fleuve. Cependant, il avait encore très soif. Il se précipita vers la rivière Wei, mais elle ne suffit pas non plus à étancher sa soif. Il prit le parti d'aller vider un lac du nord. Hélas, trop assoiffé, il ne put l'atteindre et mourut à mi-chemin.
Son bâton, tombé à terre, se transforma en une forêt touffue. Chaque année, les arbres de cette forêt produisent en abondance des fruits désaltérant les hommes qui prennent le frais sous le vaste ombrage.
Kuafu, considérant les difficultés du peuple et négligeant sa peine et sa fatigue, est mort dans l'intérêt de tous. Pourtant, au moment de mourir, il laissa encore un dernier bienfait aux descendants de l'Humanité. Aussi l'exploit de Kuafu est-il resté dans le souvenir des hommes.
CRI