Guérir les maladies infantiles (superstitions chinoises)
Superstitions chinoises (traditionnelles) pour guérir les maladies infantiles.
Extrait de "Manuel des superstitions chinoises, ou Petit indicateur des superstitions les plus communes en Chine."
Par le P. Henri DORÉ, S. J. (1859-1931).
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Nous ne pouvons noter ici que quelques‑unes des innombrables superstitions, qui varient de province à province, de localité à localité.
Tch'e pe-kia fan, manger le riz de tout le monde.
Si l'enfant est faible et maladif, on envoie quelqu'un muni d'un sac en étoffe rouge quêter des céréales ou autres comestibles chez tous les amis et toutes les connaissances de la famille. Puis on fait une bouillie avec ces céréales, on lui donne à manger ces aliments. Un enfant si chéri de tous pourrait‑il mourir ?
Ché so‑yuen, offert à la pagode.
Les parents le donnent à la pagode, le vouent au poussah, par l'entremise du bonze, à qui ils remettent l'enfant et une aumône pour qu'il le nourrisse, soi-disant. La cérémonie achevée, ils ramènent l'enfant chez eux ; mais à 12 ans accomplis, ils devront le racheter. C'est comme on le voit, une vente fictive, un don simulé.
Honorer les constellations Pé‑teou et Nan-teou.
Cheou‑sing, la Longévité, est le principal des 6 esprits stellaires du pôle sud. On les honore pendant la VIIIe lune, pour les enfants malades.
Fang-cheng, sauver un être vivant.
Si l'enfant est malade, ses parents achètent un poisson, qu'ils lâchent dans l'eau près d'une vanne où le canal passe sous les murs de la ville. Par ce moyen on aura ménagé à l'enfant le passage d'une douane redoutable koan‑cha, où réside un diable redoutable. Ce procédé ingénieux s'appelle : k'ai-t'ong‑koan‑cha, ouvrir et passer la douane.
T'ao‑tsien, flèches en bois de pêcher.
Un arc et des flèches en bois de pêcher, suspendus près du lit d'un nouveau‑né, sont un talisman contre les lutins et les mauvaises influences. Quelqu'un décoche aussi ces flèches dans toutes les directions, pour les mettre en fuite.
Ché tien‑keou, lancer une flèche contre le chien céleste.
Des images figurant Tchang‑sien décochant une flèche contre le chien céleste, l'ennemi de l'enfance.
T'eou‑cheng‑koei, âmes cherchant un corps.
Les âmes en quête de se réincarner essaient d'entrer dans le corps du nouveau‑né, et d'en chasser son âme. Aussi les païens ont‑ils inventé mille moyens de leur donner la chasse et de les tenir à bonne distance durant les cent premiers jours qui suivent la naissance.
Si un enfant vient à mourir avant cent jours révolus, on monte sur le toit de la maison, pour maudire l'âme voleuse. Mais afin de l'éloigner on emploie les moyens suivants :
1° Chao p'ouo hai, brûler de vieux souliers.
On brûle de vieux souliers près du berceau : l'odeur désagréable tiendra l'âme à distance, puis sans souliers comment pourra‑t‑elle s'enfuir avec le corps de l'enfant ?
2° On tend un filet de pêcheur.
Les mailles du filet représentent des yeux braqués sur les âmes voleuses, qui n'osent pas s'avancer. De plus ces filets sont frottés avec du sang de porc, qui les rend plus résistants. Le sang effraie les âmes voleuses.
3° Le crible, chai-tse est également un bon démonifuge. Chacun des trous est un œil, qui est censé surveiller les alentours.
Le bonnet rouge.
Tout enfant qui a eu la variole porte sur la tête un morceau d'étoffe rouge, i k'oai hong pou, en forme de bonnet ou de turban. C'est pour informer Sien-kou lao‑t'ai que l'enfant a déjà payé son écot, et qu'elle ne doit plus lui envoyer désormais cette maladie.
Un balai près du lit.
Pour balayer dehors les maladies et expulser les lutins. (L'exorcisme des cadavres se fait avec un balai.)
Enfant qui crie et pleure la nuit.
Quant un enfant crie et pleure continuellement la nuit, et devient un véritable fardeau pour les parents, ceux‑ci font écrire un avis ainsi conçu :
"Charitables passants, daignez lire cette affiche, et aidez-nous à reposer jusqu'au lever du jour."
L'affiche est collée sur un mur ou sur un arbre, au bord de la route, pour que les voyageurs puissent la lire en passant.
Voici encore une autre formule assez usitée :
"Ciel rouge ! Terre jaune ! Bonnes gens qui passez, lisez cette sentence, et l'enfant qui pleure dans la chambre de sa mère, cessera ses plaintes."
Kouo‑koan, passer les douanes.
Tout enfant, pendant sa jeunesse, doit passer des douanes dangereuses espacées sur le chemin de la vie. C'est vers 16 ans environ, qu'il voit tout péril disparaître. Les diseurs de bonne aventure signalent ces passages dangereux et indiquent les pratiques superstitieuses qu'il faut s'imposer, si on veut échapper au danger de mort. Voir les noms des 30 douanes.
Perforer le cadavre des enfants morts.
Quand plusieurs enfants sont morts successivement il arrive quelquefois que des parents dénaturés mutilent affreusement le petit cadavre pour effrayer l'âme et l'empêcher de revenir dans les enfants qui naîtront plus tard.
Kiao‑hoen, rappeler l'âme.
Cette cérémonie est universelle en Chine ; inutile de la décrire. Les parents prennent un habit de l'enfant et crient aux alentours, appelant l'enfant par son nom et l'invitant à revenir à la maison.
Ils font rentrer l'âme dans l'habit, qu'ils posent sur le petit malade afin de lui rendre son âme.
D'une façon générale :
- Invitation des bonzes, des tao-che, des magiciens, des devins, des tireurs d'horoscope : pou-koa, tch'é-tse, soan‑ming, k'an‑siang, etc.
- Invitation des magiciennes, des sorcières, des tao‑niu (vulgo tao‑nai-nai au Nord).
- Vœux aux poussahs, et accomplissement des promesses, offrande d'huile, d'encens....
- Recours aux divinités spécialistes :
pour les yeux : Yen‑koang p'ou‑sa.
pour la variole : Teou‑chen.
pour la fièvre : P'i-han‑koei.