Cannabis en Chine
Le cannabis (大麻 dàmá en chinois) est l'une des premières plantes cultivées par l'homme. Certes, cette plante a toujours existé à l'état sauvage dans le continent asiatique, mais l'homme n'a commencé à l'exploiter que quelques millénaires plus tard, vers l'an 8000 avant J-C.
Origine du cannabis
La véritable origine géographique de cette plante reste floue. Il y a ceux qui prétendent que le cannabis est originaire de l'Inde et ceux qui insistent sur le fait que le cannabis trouve son essence en Chine, d'autant plus que les premières traces archéologiques sur l'utilisation de cette plante ont été retrouvées sur le site archéologique de Xianrendong, dans l'est de la Chine. Les archéologues y ont découvert des artefacts fabriqués à partir de fibres de chanvre.
A l'origine, les Chinois cultivaient cette plante principalement pour ses fibres, notamment pour la fabrication de vêtements et cordages pour les bateaux. Au fil du temps, ils commencèrent à utiliser les graines de cette plante dans l'alimentation. L'utilisation du cannabis dans la médecine est apparue plus tard.
La théorie selon laquelle le cannabis est originaire de Chine se justifie davantage car les premiers documents indiquant son utilisation dans diverses applications médicales ont été retrouvés dans ce pays.
Même si les premières traces de l'utilisation du cannabis par l'homme ont été retrouvées en Chine, cette plante qui cache tant de mystères a également fait son histoire en Inde. D'après les vieilles légendes indiennes, le cannabis serait issu des poils du dos du dieu de la stabilité du monde appelé par les indiens « Vishnu ». D'autres légendes parlent de la déesse Shiva qui aurait emmené le cannabis du haut de l'Himalaya pour la joie et l'illumination des humains. Des rites en hommage de cette déesse indienne se pratiquaient en versant du « Bhanga » (nom indien du chanvre) sur une pierre dressée que les indiens appelaient « Lingam ». Durant toute la cérémonie, les indiens fumaient du cannabis.
Les médecins ayurvédiques utilisaient le cannabis pour atténuer les douleurs et pour favoriser le sommeil. Le « Súsruta-Samhitã », le plus vieux traité de médecine indienne, répertorie plus de 1120 maladies, 700 plantes médicinales, 64 préparations de substances minérales et 57 préparations à base de substances animales. Parmi ces 700 plantes, figure le cannabis.
Le cannabis dans la médecine traditionnelle chinoise
Les premières théories mentionnant l'utilisation du cannabis dans la médecine traditionnelle chinoise datent de l'an 2800 avant J-C, à la même période où l'écriture chinoise a fait son apparition.
Même si la Chine avait exploité le cannabis depuis plus de 10 000 ans, rien ne prouve que cette plante ait été utilisée dans la médecine à cette même époque. Seuls les chamans ou les sorciers ainsi que leurs descendants étaient en mesure de soigner les malades. La transmission du savoir se faisait uniquement par la tradition orale étant donné que l'écriture n'existait pas encore à l'époque. Même si les remèdes utilisés par les chamans et sorciers étaient principalement à base de plantes naturelles, il n'existe aucune trace du cannabis dans cette forme de médecine faute de l'inexistence de preuves écrites.
L'avènement de l'empereur Shennong (~2800 avant J-C) à la tête de l'empire chinois a renforcé la théorie de l'utilisation du cannabis dans la médecine traditionnelle chinoise. On le considère comme étant le patron de tous les herboristes et apothicaires. D'après les légendes, il est l'auteur du plus vieux traité de pharmacopée de l'humanité, le « Shennong bencao », le Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste, contenant une mention du cannabis. Ce manuscrit n'évoque pas les applications thérapeutiques de cette plante, néanmoins, il est dit que l'empereur Shennong recommandait son utilisation contre de nombreux symptômes et maux, dont le rhumatisme, la goutte, les problèmes liés au sommeil, les règles douloureuses ainsi que le paludisme. Il aurait également enseigné à son peuple la culture du cannabis.
Le Classique des rites, le « Li King », édité par les disciples de Confucius, mentionne l'utilisation du chanvre dans la médecine et les rites traditionnels chinois.
Hua Tuo (110-207 après J-C), un des plus grands médecins et chirurgiens de l'Histoire chinoise, utilisait le cannabis comme anesthésiant dans ses interventions chirurgicales. A cette même époque, le cannabis figurait parmi les ingrédients dans la fabrication de médicaments.
Durant la dynastie des Tang, en l'an 650, la première école de médecine en Chine, enseignait déjà la médecine à base de plantes naturelles, dont le cannabis.
A partir du XIIIe siècle, pendant la dynastie des mongols, les premiers manuels médicaux ont été édités. Li Shizhen (1518-1593), fut l'un des plus grands auteurs de cette époque. Il fit un recueil des plus vieux textes et manuscrits sur la pharmacopée chinoise du temps des empereurs légendaires. La plus grande oeuvre de Li Shizhen fut sans doute la réécriture du « bencao ». Sa version le « bencao gagmu » ou « Grand Traité de Matière Médicale », répertorie plus de 2000 remèdes à base de plantes naturelles, de substances animales et de minéraux. Y figure comme dans original, le chanvre.
Cependant, de nombreux documents relatifs à l'utilisation du cannabis dans la médecine auraient été censurés par le gouvernement chinois. L'histoire du cannabis en Chine aurait été modifiée comme le fait que l'empereur Shennong aurait prescrit des graines de cannabis et non des « sommités fleuries ».
La datation par carbone 14 des traces de cannabis trouvées dans les sites archéologiques chinois révèle que cette plante était bien présente dans le quotidien des Chinois d'il y a plusieurs millénaires avant notre ère. La plus vieille planque de cannabis, datant de 700 ans avant J-C établit le fait que les Chinois de cette époque cultivaient le cannabis à des fins psychoactives et non pour ses fibres, selon les chercheurs.
Interdiction du cannabis en Chine
En 1979, une loi pénale est votée en Chine interdisant la vente et l'usage du cannabis (Loi pénale de la RPC du 1er juillet 1979, modifiée le 14 mars 1997).
Les peines prévues pour contrebande vont de 7 ans d'emprisonnement jusqu'à la prison à perpétuité, ou la peine capitale -selon la quantité saisie-, et la confiscation des biens.
La possession illégale de cannabis en Chine peut être sanctionnée par une garde à vue ou une peine de prison allant jusqu'à 7 ans maximum, et une amende.
La culture illégale de plants de chanvre peut être sanctionnée par des peines de prison de 5 ans en moyenne, et une amende.
La peine est alourdie lorsqu'un mineur est incité à participer à ces activités.