Zao Wou-Ki
Zao Wou-Ki ou Zhao Wuji 赵无极 (Zhào Wújí) est un peintre franco-chinois.
Biographie
Zao Wou-Ki est né le 13 février 1921 à Pékin. Il obtint la naturalisation française en 1964.
Il est lié à la nouvelle École de Paris dans les années 1950, puis travaille dans l'abstraction lyrique avant de s'attacher à devenir selon l'avis de Claude Roy : « ...Un grand peintre qui poursuit dans son oeuvre une dizaine au moins de grands siècles de l'art chinois, et qui est un des meilleurs peintres modernes de l'Occident. »
Ses réalisations sont nombreuses. Son oeuvre comprend entre autres les peintures réalistes de ses tous premiers tableaux qui représentent majoritairement des portraits, quelques natures mortes et des paysages, échelonnée entre 1935 et 1949. Il produit aussi des huiles sur toiles de grands formats, inspirées de Paul Klee. Celles-ci tendent toutes vers le thème de l'abstraction dès les années 1950, puis mutent progressivement vers l'abstraction lyrique dans les années 1960, avec les encres de chine et les calligraphies.
Il se fait très rapidement un nom en Occident, étant un compère de Pierre Soulages, de Joan Miró, d'Henri Michaux, il est consacré par son pays vers 1983. À cette époque, il est d'abord sollicité à Pékin où ses oeuvres sont divulguées au Musée national de Chine. La France lui a maintes fois rendu hommage. Il a notamment été gratifié du grade de grand Officier de la Légion d'honneur, de celui de commandeur de l'Ordre national du Mérite, d'officier des Arts et des Lettres, puis en 1995, la Poste a diffusé un timbre qui reproduisait un de ses chefs d'oeuvre.
Enfance
Environ six mois après la naissance de Zao Wou-Ki, son père banquier décide de s'installer à Nantung, dans le nord de Shanghai. Le garçon y fait ses études primaires ainsi que ses études secondaires jusqu'à sa troisième année. Sa famille représente une très ancienne famille dont l'histoire et les ancêtres remontent vraisemblablement à la Dynastie Song des Xe-XIIe siècle. Il est d'ailleurs le premier né parmi sept enfants dont un partira s'installer aux États-Unis tandis que les autres demeureront en Chine. Toutefois, tous les enfants sont des intellectuels.
Pareillement chaque année, afin de fêter l'anniversaire des ancêtres, il est d'usage d'exposer le trésor familial qui se compose de deux peintures : la première de Zhao Mengfu (1254-1322) et la deuxième de Mi Fu (1051-1107). Aujourd'hui encore, Wou-Ki considère Mi Fu comme figurant parmi les plus éminents peintres chinois en justifiant que « C'est avant tout un peintre qui regarde autrement, un grand calligraphe. » Par ailleurs, il avance également qu'il n'aurait sans doute pas adhéré à la vocation de peintre si son entourage familial ne l'y avait pas d'ores et déjà prédisposé et que s'il avait été bien plus érudit en mathématiques, il serait alors devenu médecin. Le père de Wou-Ki est d'autant plus heureux que son fils ne nourrisse aucunement l'ambition de devenir banquier.
A l'école c'était un élève relativement doué, féru de littérature. Wou-Ki se prend à dessiner et à peindre très tôt, dès l'âge de dix ans. De plus, la famille de l'enfant ne le décourage guère de poursuivre dans ce dessein, exception faite lorsque par moment il lui prennait la fantaisie de dessiner ses motifs sur les précieuses assiettes familiales datant du XIIe siècle. Son grand-père lui enseigne l'art d'admirer et d'aimer la calligraphie, un point auquel il accorde une très grande importance étant donné qu'il l'entrevoit comme un art, et non uniquement comme une technique banale, c'est d'ailleurs son importance vue qu'elle fait passer une émotion. L'idée de la calligraphie elle-même, à l'envers de chaque feuille de notes avec des illustrations renvoyant au sujet que suppose chaque caractère.
En 1935, Zao Wou-Ki intègre à l'âge de quatorze ans l'école des beaux arts de Hangzhou, après avoir réussi avec brio le concours d'entrée qui consistait à dessiner une statue grecque d'après moulage. Il poursuit des études dans l'institution pendant six ans, approfondissant ses connaissances concernant le dessin d'après des plâtres puis des modèles, la peinture à l'huile, la peinture traditionnelle chinoise par le biais des copies et, dans une optique plus théorique, la perspective dans le style purement occidental ainsi que la calligraphie. C'est à partir de leur sixième année que les élèves travaillent avec la peinture à l'huile. Mais l'élève se démarque dans la mesure où trop impatient, il n'attend guère qu'on lui dispense une instruction avant de s'exercer chez lui en réalisant des paysages et des portraits de sa soeur. Les instituteurs de l'école des beaux-arts de Hangzhou sont pour la plupart de nationalité chinoise, avec en plus petite portion, des professeurs issus de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles. Quelques uns de ses maîtres chinois ont d'ailleurs suivi un cursus aux Beaux-Arts de Paris. Après la période de l'occupation de la Chine par les Japonais, l'école des beaux-arts de Hangzhou change d'adresse en 1938 pour se réinstaller à Chongqing. L'école ne choisira de revenir dans sa ville initiale qu'au cours de l'année 1946, à la suite de la Reconquête chinoise de 1945.
A une vitesse épatante, Zao Wou-Ki commence à ressentir le besoin de délaiser quelque peu la peinture traditionnelle ou académique. Le jeune homme désire explorer de nouvelles perspectives en allant chercher ailleurs une autre source d'inspiration. Reçu comme assistant dans son école en 1941, le peintre montre sa première exposition à Chongqing et c'est son père qui lui fera l'honneur d'acheter sa première oeuvre. Zao Wou-Ki dira modestement de ses premières oeuvres « ... en réalité les tableaux que j'avais exposés étaient très influencés par Matisse et Picasso ». Il trouve son inspiration dans la peinture française, par l'intermédiaire de cartes postales que son oncle lui aura ramener de Paris, ou plutôt des pages des journaux qui évoquent des peintures qu'il découpera assidûment dans des revues telles que Life, Harper's Bazaar ou encore Vogue. C'est en cela qu'il représente d'une certaine façon un lien tangible avec le célèbre Paul Cézanne, ou bien Amedeo Modigliani, voire Auguste Renoir. Les issues aux problèmes qu'il se pose demeurent bien gardées par ces maîtres, plus particulièrement chez Cézanne et Matisse, et non plus au sein de la peinture traditionnelle chinoise ou dans la peinture académique européenne.