Le Tang et l'autel des ancêtres
Chaque maison chinoise avait ou a encore traditionnellement un hall des cérémonies (tang ou ting) qui constitue le centre et qui est flanqué d'une chambre à droite et d'une cuisine à gauche ; bien que les nouvelles demeures échappent de plus en plus à cette règle.
Le tang est à la fois salle de réception, un salon et un temple. En effet c'est dans cette pièce que se trouve l'autel des ancêtres, un meuble ou une simple étagère, faisant face à la porte d'entrée. Les âmes ancestrales y étaient figurées soit sous la forme de tablettes individuelles et nominatives, soit sous la forme de tablettes collectives, mais dans tous les cas rangées par ordre généalogique, jusqu'à la cinquième génération au-dessus de celle du maître de maison. Elles constituaient en quelque sorte la tribune d'honneur présidant aux destinées de la maisonnée.
La matérialisation de cette partie invisible du groupe familial en la personne de ses « disparus » était justement ce qui faisait de cette pièce centrale un temple et un pivot sociologique. On s'adressait ainsi formellement à ses parents.
La communauté familiale (jianzu) était hiérarchisée de telle sorte dans l'espace physique et social que la subordination des uns et des autres résolvait spontanément la plupart des conflits d'intérêts potentiels. Le culte des ancêtres, garant et symbole de l'ordre moral, rappelle à chacun ses devoirs.