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Grande Famine de Chine

© Chine Informations - La Rédaction

La grande famine chinoise, appelée aussi Les Trois Années de Catastrophes Naturelles, fait référence aux années de 1958 à 1961 dans la République Populaire de Chine, période durant laquelle la famine a sévi. Selon les statistiques gouvernementales, il y a eu 15 millions de morts supplémentaires durant ces années. Les chiffres officieux varient et souvent à la hausse. Yang Jisheng, un ancien journaliste de l'agence Xinhua News, après avoir passé 10 ans à rassembler toutes les informations viables possibles auprès de la population, estime le nombre de victimes à 36 millions.

Les représentants officiels de la Chine ont employé les termes de « Trois Années de Difficultés Economiques » et « Trois Années Dures » pour décrire cette période.

Grande Famine de Chine
Les paysans contraints d'abandonner la production de denrées alimentaires privée.

LES CAUSES

Jusqu'au début des années 1980, la position du gouvernement, illustrée par « Trois Années de Catastrophes Naturelles » fut de dire que la famine était principalement due aux désastres naturels, combinés à des erreurs de planning. Cependant, les chercheurs étrangers, sont généralement d'accord pour affirmer que les changements massifs politiques et institutionnels entraînés par la politique du « Grand Bond en Avant », ont été des causes clés dans la famine. Depuis les années 1980, la Chine a reconnu de manière plus officielle le rôle important des erreurs politiques dans ce désastre, et a déclaré que celui-ci était dû à 35% aux causes naturelles et à 65% aux erreurs de direction.

Pendant « Le Grand Bond en Avant », l'agriculture fut réorganisée dans les communes, et la culture de terrain privé fut interdite. Mais les paysans perdirent leur motivation pour bien travailler à cause de cette collectivisation forcée. Dans le même temps, la production du fer et de l'acier fut identifiée comme une clé pour l'avancement économique. Des millions de paysans furent forcés de quitter leur travail agricole pour rejoindre les productions de fer et d'acier.

Yang Jisheng en a résumé ainsi les effets en 2008 :

« A Xinyang, des gens mouraient de faim aux portes des entrepôts de grain. Alors qu'ils mouraient, ils criaient 'Parti Communiste, Président Mao, Sauvez-nous'. Si les greniers de blé de Henan et Hebei avaient été ouverts, personne n'aurait eu besoin de mourir. Alors que les gens mouraient en grand nombres autour d'eux, les représentants officiels ne se demandaient pas comment les sauver. Leur seule préoccupation était de savoir comment ils allaient réussir à livrer le blé. »

En plus de la collectivisation, le gouvernement central décida de plusieurs changements concernant les technique agricoles, en se basant sur les idées du pseudo-scientifique Trofim Lysenko. L'ensemencement rapproché était une de ses idées. Par ce procédé, le jeune plant devait tripler la 1ère fois et puis encore doubler par la suite, selon la théorie que des plants de la même espèce ne rivaliseraient pas entre eux. Mais en pratique c'est ce qu'il s'est passé, les plants étaient chétifs, la croissance retardée, ce qui entraîna une baisse de culture. Une autre politique agricole, celle-ci proposée par un collègue de Lysenko, Teventy Maltsev, encourageait les paysans chinois à semer plus en profondeur (à 1 ou 2 mètres). Il pensait que le sol fertile était le sol profond. Mais ce ne sont que des cailloux, de la terre, et du sable qui sont venus recouvrir le sol de surface.

Ces changements radicaux dans l'organisation agricole coïncident avec des schémas météorologiques défavorables allant des sécheresses aux inondations. En juillet 1959, le fleuve Jaune déborda. Selon le Centre des Catastrophes, cette inondation tua directement environ 2 millions de personnes autant à cause des récoltes ruinées qu'à cause des noyades. Cette inondation est rangée à la 7ème place des catastrophes naturelles les plus meurtrières du 20ème siècle.

En 1960, la sécheresse et les mauvais temps ont endommagé 55% des terres cultivées. On estime à 60% les terres agricoles n'ayant reçu aucune pluie. Les encyclopédies britanniques des années 1958 jusque 1962 font l'état d'une météo anormale suivie de sécheresse et d'inondations, comme à Hong Kong, où il y a eu 760 mm de précipitations en 5 jours en juin 1959, exemple de ce qui a frappé tout le sud de la Chine.

Tout cela entraîna une chute de la production de blé de 15% en 1959, en comparaison avec l'année 1958. En 1960, la production chuta encore de 15%. Il n'y eut aucune augmentation avant 1962, c'est à dire lorsque la politique du « Grand Bond en Avant » prit fin.

Selon le travail de Amartya Sen, économiste lauréat du prix Nobel et expert en famines, les faibles productions de nourriture ne seraient pas l'unique cause de la plupart des famines. Le problème résiderait plutôt dans la mauvaise distribution de la nourriture, et serait aggravé par non seulement un manque d'information mais surtout par une désinformation totale, qui ne fait qu'étendre le problème.

CONSEQUENCES

Selon les statistiques du recueil de l'année 1984, la production de blé est passée de 200 millions de tonnes en 1958 à 143,5 millions de tonnes en 1960. A cause du manque de nourriture et du nombre décroissant de mariages, la population en 1960 est estimée à 658 590 000, soit 13 480 000 de moins qu'en 1959. Le taux de naissance de 2,922% en 1958 est descendu à 2,086% en 1960. Seul le taux de décès a connu un croissance, de 1,198 %en 1958, il est passé à 2,543% en 1960, et 4% en 1962, pour enfin redescendre à 1% en 1965.

Les rapports officiels des taux de décès indiquent des chiffres encore plus dramatiques dans plusieurs comtés et provinces. Par exemple, dans la province de Sichuan, la plus peuplée, le gouvernement fait état de 11 millions de morts sur une population d'environ 70 millions, entre 1958 et 1961. Cela équivaut à un mort sur 7. Dans la province de Henan, le gouvernement rapporte 102 000 pertes humaines sur une population de 378 000 personnes en 1960. Au niveau national, les statistiques officiels déclarent 15 millions de « morts excédentaires » ou de « morts anormales », la plupart suite à la famine.

Yu Dehong, le secrétaire du parti officiel à Xinyang en 1959-1960 a déclaré :

« Je suis allé dans un village et j'ai vu 100 cadavres, et dans un autre village, encore 100 cadavres. Personne n'y prêtait attention. On disait que les chiens mangeaient les corps. Mais j'ai dit que ce n'était pas vrai, car les chiens avaient déjà été mangés depuis longtemps par les gens. »

Les experts croient largement que le gouvernement a minimisé le nombre de victimes. Lu Baoguo, journaliste à Xinyang explique à Yang Jisheng pourquoi il n'a jamais rien dit de son expérience :

« Durant le 2ème semestre de 1959, j'ai fait un long trajet en bus, de Xinyang à Luoshan et Gushi. Par la fenêtre, je voyais cadavre après cadavre dans les fossés. Dans le bus, personne n'osait parler de ces morts. Dans le comté de Guangshan, un tiers de la population était morte. Malgré tous ces morts partout, les dirigeants locaux avaient le droit à de bons repas et à de la bonne liqueur...J'avais vu des gens dire la vérité sur ce qu'il se passait, et être détruits. Eus-je osé l'écrire ? »

Plusieurs professeurs et diplômés estiment le nombre de « morts anormales » entre 17 millions et 50 millions. Des analystes occidentaux comme Patricia Buckley Ebrey estime le nombre de personnes mortes à cause de la famine, celle-ci entraînée par une mauvaise politique et des catastrophes naturelles, entre 20 et 40 millions. En 1998, Li Chengrui, ancien ministre du Bureau National des Statistiques de Chine estimait ce même nombre à 22 millions.

Les estimations varient à cause des données inexactes, en effet le gouvernement a multiplié ses efforts pour cacher la situation (toutes les données ont été classées ultra-confidentielles jusqu'à leur révélation en 1983). Etant donnée la responsabilité accablante du gouvernement, certaines personnes réfutent toutes ces estimations, avançant qu'il n'y avait eu alors aucun recensement fiable de la population. C'est ce qu'avance le professeur Wim F. Wertheim, professeur à l'Université d'Amsterdam :

« Il a souvent été dit qu'on a dénombré entre 17 et 29 millions de chinois manquants lors du recensement au cours des années 1960, en comparaison avec le recensement officiel des années 1950. Mais ces calculs manquent cruellement de fiabilité...Il est peu probable que soudainement, et en une si courte période (1953-1960), la population chinoise soit passée de 450 millions à 600 millions ».

Cependant, cette déclaration ne prend pas en compte que le gouvernement avait dénombré le nombre de décès, et que c'est seulement 20 ans plus tard, qu'il a divulgué les chiffres.

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