Sagesse : Une pensée de bonté peut changer la vie d'une personne
Durant la dynastie Ming il y avait un xiucai (quelqu'un qui a atteint la maîtrise d'une ou plusieurs disciplines) appelé Zhang Sheng de Jingkou, ville de Zhenjiang, province de Jiangsu, qui était issu d'une famille défavorisée. Il se comportait comme une canaille et causait de nombreux ennuis, mais en réalité il était franc et généreux, prenant tout ce qu'il pouvait aux riches afin d'aider les pauvres. Bien que de nombreux villageois appauvris aient bénéficié de ses actions, il était lui-même indigent.
Un soir de nouvel an chinois, Zhang Sheng manqua de nourriture. Il trouva un vieux morceau de tissu dans sa maison et l'emmena au mont de piété. Il reçut mille wen qian (ancienne unité de monnaie chinoise) pour le tissu. Il acheta un picotin de riz, de la nourriture, et du papier parfumé de paraffine. Il plaça tous les articles dans un panier et se dirigea vers la maison. Il faisait sombre et il neigeait, le sol était glissant. Juste avant d'atteindre sa maison, il glissa et tomba. Tout le contenu du panier se renversa dans la boue. Zhang Sheng rentra rapidement chez lui, chercha une lampe, et retourna chercher les marchandises dans la boue. À sa surprise, il trouva également un sac très lourd. Il ouvrit le sac chez lui et y trouva quelques lingots d'or, plusieurs douzaines de pièces en argent, une poignée de devises étrangères, plusieurs centaines de pièce de petite monnaie, et un livre de comptes. Il savait que ces articles appartenaient à un marchand. Zhang Sheng était très heureux et pensa à la façon dont il pourrait vivre une vie confortable avec ce qu'il avait trouvé. Il lui vint alors a l'esprit que l'aide-comptable d'un magasin pourrait avoir perdu cela sur la route. Et si le commis ne pouvait pas présenter l'argent, il pourrait perdre sa vie. Zhang Sheng décida de laisser le sac à la maison, prit une lampe, et attendit dans le froid que le commis du magasin revienne.
Peu de temps après, Zhang Sheng vit un vieillard et deux jeunes hommes marcher vers lui, portant des lanternes sur lesquelles était inscrit le nom d'un commerçant. Tous trois suivaient le chemin éclairé par les lampes, l'air paniqué. Zhang Sheng supposa qu'ils étaient les propriétaires du sac, il s'approcha d'eux et demanda : "Que cherchez-vous?" Le vieil homme vit Zhang Sheng et savait qu'il était un vaurien. Il ne dit rien et voulait s'éloigner. Zhang Sheng éleva la voix et demanda "Vous portez des lanternes pour chercher quelque chose. Vite, dites-moi. Avez-vous perdu quelque chose ?" Le vieil homme répondit à contre-coeur : "Nous étions en train de récolter de l'argent qui nous était dû et nous sommes passés par ici. Il neigeait et pleuvait et nous nous dépêchions. Nous nous sommes rendus compte que nous avions perdu un sac, nous sommes donc revenus le chercher. Quelqu'un doit l'avoir pris car nous ne pouvons plus le trouver". Zhang Sheng l'interrogea au sujet du contenu du sac. Le vieil homme lui dit qu'il y avait des pièces en argent, un livre de comptes, et ainsi de suite. Tout concordait avec les articles dans le sac que Zhang Sheng avait ramassé. Zhang Sheng dit : "Pourquoi ne venez-vous pas chez moi ? Je sais qui a trouvé votre sac". Alors il emmena le vieil homme chez lui, lui montra le sac et dit : "Veuillez vérifiez les articles dans ce sac et voyez s'ils vous appartiennent". Le vieil homme pleura et répondit : "Je suis responsable pour collecter l'argent. Eussé-je perdu ce sac, même en vendant toute ma maison et tous mes biens, je n'aurais pas pu le rembourser et je n'aurais eu nulle part où m'enfuir. Merci de me sauver la vie !" Le vieil homme se prosterna devant Zhang Sheng de nombreuses fois et lui offrit la moitié du contenu du sac. Zhang Sheng refusa son offre, mais le vieil homme insista sur le fait qu'il ne partirait pas avant que Zhang Sheng ait pris la moitié de ce qui était dans le sac. Zhang Sheng répondit avec un rire étouffé : "Puisque vous insistez vraiment, alors pourquoi ne me prêteriez-vous pas deux pièces en argent de sorte que je puisse acheter un repas pour la veillée du nouvel an. Je serais très reconnaissant !" Le vieil homme vit sa sincérité et n'en dit pas plus. Il donna à Zhang Sheng deux pièces en argent, le remercia, et partit.
Avec l'argent, Zhang Sheng acheta de la graine et des fruits et les offrit aux dieux et au ciel. Lui et son épouse eurent un dîner de réveillon de nouvel an. Cette nuit-là, il fit un rêve. Il rêva qu'il était attaché et emmené devant une personne qui ressemblait à un roi. Le roi le gronda : "Vous avez fait beaucoup de mauvaises actions. Si vous ne changez pas, vous deviendrez un fantôme affamé !" Zhang Sheng se prosterna et demanda pardon. Alors quelqu'un présenta un rapport au roi. Après l'avoir lu, l'attitude du roi changea et il dit : "C'est une très bonne action. Assez bonne pour compenser votre conduite précédente. Restituons son nom dans le "Registre de la prospérité" et le bulletin de cette année pour le concours de la fonction publique". (En Chine impériale le concours de la fonction publique déterminait qui serait employé de l'État). Il dit à Zhang Sheng : "Lorsque vous rentrerez chez vous, vous devez corriger vos méfaits passés et bien faire sans exception. Vous aurez alors un futur brillant !" Après que Zhang Sheng se soit réveillé, il sut que les dieux lui avaient pardonné parce qu'il avait rendu le sac au propriétaire. Il était reconnaissant de leur pitié et de leur protection. Après le lever de soleil, il fit le voeu aux dieux d'atteindre une droiture morale, de cesser de mal se conduire, et de commencer à faire le bien afin de compenser le mal qu'il avait causé.
Au début de l'automne, tout ceux qui avaient une éducation scolaire se rendaient à Jinling pour participer au concours de la fonction publique au niveau provincial. Zhang Sheng n'avait aucune ressource et pouvait à peine se nourrir, comment pourrait-il penser à présenter le concours. C'est alors qu'il rencontra par hasard le vieil homme qui lui demanda : "Pourquoi ne présentez-vous pas le concours?" Zhang Sheng dit qu'il n'avait aucun argent pour le voyage. Le vieil homme répondit, "Vous êtes une bonne personne. Comment pourriez-vous ne pas participer au concours de la fonction publique ? Veuillez rentrer chez vous et attendez-moi !" A l'instant où Zhang Sheng arriva à la maison, le vieil homme arriva avec un jeune homme. Le vieil homme dit : "C'est le propriétaire de la société de commerce. Il a été très ému par votre comportement juste et veut vous rendre une faveur ! Quand il a entendu dire que vous n'aviez pas l'argent pour participer au concours, il a voulu vous offrir 20 pièces d'or et quatre piculs (mot anglais pour une mesure de poids chinoise, un picul vaut environ 133 livres) de riz blanc". Le vieil homme sortit 20 pièces d'or de son propre sac et dit : "J'ai économisé ceci sur mon salaire, et je voudrais vous le donner de sorte que vous puissiez vous rendre à Jinling pour présenter le concours !" Zhang Sheng ne pouvait pas refuser l'offre. Il prit l'argent et sauta immédiatement sur un bateau pour Jinling, présenta le concours, et le réussit. Plus tard, le vieil homme et son employeur offrirent à Zhang Sheng assez de fonds afin qu'il puisse présenter le concours civil du niveau le plus élevé. Zhang Sheng réussit également ce concours et devint jinshi (fonctionnaire de haut rang du gouvernement).
La pensée de bonté d'une personne est la plus précieuse. Grâce à cette pensée charitable, Zhang Sheng a été effacé de la liste "des fantômes affamés" et se retrouva dans le "registre de la prospérité" en un temps très bref ! Comme sa véritable intention avait toujours été d'aider les pauvres et les indigents, il n'a pas été tenté de garder le sac d'argent et a ainsi changé son futur.