Romains en Chine
Image extraite du film "Dragon Blade" de Jacky Chan (2015).
Historiquement, les traces de la présence de l'empire romain en Chine remontent au IIème siècle avant J.-C. et plus précisément sous la dynastie des Han (206 av. J.-C. à 220 ap. J.-C.). Leur histoire longue de plusieurs millénaires ont fait de ces deux empires, deux grandes civilisations qui ont marqué leur époque et leur histoire, l'une en Orient et l'autre en Occident.
Situation
Rome était un vaste empire s'étendant de la péninsule Iibérique à la Mésopotamie et du sud de l'Egypte aux îles de Bretagne. Les territoires de l'empire couvraient dès lors plus de 6.5 millions de km².
De son côté, la Chine était déjà aussi quant à elle, un vaste empire. Le territoire chinois unifié, avait déjà sa forme actuelle mais allait aussi bien au-delà. En tant que superpuissance d'Asie orientale, sa taille était sensiblement proche de celle de l'empire romain avec un plus de 6.5 millions de Km².
Enjeux
Selon les écrits retraçant les échanges qui ont eu lieu entre l'empire romain et la Chine, les rencontres entre Romains et Chinois ont été avant tout, des rencontres commerciales et diplomatiques.
En -130, les ambassades de Zhang Qian avaient pour objectif de trouver des alliés potentiels qui pourraient aider l'empereur Wudi à contrer les Xiongnu. A cette époque, la Chine faisait fasse à de multiples conflits internes. L'enjeu de la Chine était autant économique que territoriale, puisque les grandes contrées civilisées et avancées de l'Asie centrale comme Ferghana, Bactriane ou encore Parthie intéressaient beaucoup l'empereur chinois. Ces pays étaient des plateformes stratégiques entre Rome, l'Inde et la Chine d'où leur importance. Le nombre d'ambassadeurs dépêchés dans ces lointaines contrées chaque année prouve l'intérêt grandissant pour ces pays. En moyenne, 10 missions diplomatiques étaient programmées chaque année.
La relation politique entre les deux empires était importante. Entre l'an -130 et l'an 100, les deux pays multiplièrent les missions diplomatiques, les émissaires et les ambassadeurs. Bien que l'on ait retrouvé des écrits parlant d'expéditions militaires et que les deux empires détenaient chacune de puissantes armées, aucun affrontement direct ni sanglant n'a été répertorié.
En fait, les deux empires ne se connaissaient et ne se croisaient pratiquement presque jamais. Les échanges commerciaux étaient menés par des marchands ambitieux, originaires pour la plupart des royaumes aux alentours. Avides de gains et de profits, ces intermédiaires plus ou moins nombreux avaient tout intérêt à faire transiter les marchandises entre ces deux riches superpuissances.
De ce fait, il est possible d'en conclure que les relations directes entre les deux pays devaient être rarissimes. Rome renforce pourtant sa présence en Chine par l'intermédiaire de ces ambassades. Des dizaines d'ambassades furent envoyés chez l'empereur dont la plus ancienne date de l'an 166, et qui fut celle d'Antonin le Pieux ou Marc Aurèle.
C'est le commerce qui a contribué à apporter énormément de changement. En effet, les relations commerciales entre les deux empires ont laissé de nombreux héritages précieux. A cette époque, Rome allait chercher les marchandises de luxe en Chine et en Inde. C'est ainsi que la Chine fournissait Rome en tissu (soie, lin, coton…), en épices (poivres….), en pierres précieuses et semi-précieuses (diamant, turquoise, saphir, onyx…), ou encore en huiles et senteurs (cardamone, myrrhe, cannelle, huile de ben…).
Selon Jean Noel Norbert, historien et latiniste, auteur du livre « Rome et la Chine », le plus étonnant était la conception et l'idéologie capitaliste des romains de l'époque qui importaient les matières premières pour les transformer en produits manufacturés à Rome et qui les réexpédier en Chine.
Selon un texte ancien chinois datant du IIIème siècle, le monde est dirigé par 4 empereurs appelés « les Fils du Ciel ». Le Da Qin, tel qu'ils nommaient l'empire Romain, était le Fils du Ciel des richesses et se situait à l'ouest. Au nord, vivait le Fils du Ciel des chevaux (Scythes), au sud le Fils du Ciel des éléphants en référence à l'Inde. Puis, la Chine était le Fils du Ciel des hommes à l'Est.
Les Chinois considéraient les romains comme des partenaires commerciaux fiables. Dans son livre, Jean Noel Norbert, parle de la vision d'un citoyen romain des contrées lointaines et exotiques comme la Chine comportait des idées surprenantes. Les romains se figuraient que le fil de soie était produit par un arbre. Il cherche aussi à faire le lien entre l'empire romain et l'empire han chinois. Il parle même d'échanges de savoirs entre les deux cultures.
Légion romaine perdue en Chine
Quand on parle des relations entre l'empire romain et la Chine, on ne peut pas passer sous silence la fameuse histoire de la légion perdue. Bien que cette incursion soit plus que probable, elle n'en est pas moins incertaine.
Selon la légende, un général romain du nom de Marcus Crassus, aurait quitté Rome avec une légion de 42.000 hommes pour Parthes. Arrivée en Asie centrale (Turkménistan actuel), une partie de la légion vaincue disparu après que Crassus ait été tué à Carrhae. Personne ne sait ce qu'il est advenu de cette légion par la suite. Mais comme toute légende, ce récit doit être corroboré par des preuves tangibles.
Mythe ou réalité ? Les historiens comme les scientifiques ont beaucoup du mal à le prouver. Cependant, dans les régions aux alentours du désert de Gobi vivent aujourd'hui des peuples aux traits physiques étrangers qui suscitent l'attention. Grand, effilé, droit, peau clair, épais sourcils, yeux marrons, bleus ou verts, et parfois même blonds, indiquent qu'on ne peut assurément pas nier le fait qu'il y ait eu un processus de métissage dans ces régions. Mais de là à confirmer l'hypothèse que ces personnes sont des descendants de romains, il y a encore du chemin.
Sont-ils vraiment des descendants de romains ? Assurément non si l'on en croit les caractéristiques physiques romaines qui prévalent encore aujourd'hui. Ceux qu'on voit dans ces régions reculées ressemblent plus à des indo-européens blonds aux yeux bleus qu'à des romains plus typés méditerranéens avec un teint hâlé, des cheveux bruns ou noirs et des yeux marron.