Le pont construit par des pies sur la Voie lactée
L'histoire du pont construit par des pies sur la Voie lactée et permettant au bouvier et à la tisserande de se rencontrer le septième jour de la septième lune est un conte populaire qui est souvent raconté aux enfants par leurs grands-mères.
Le bouvier était orphelin, et depuis son enfance, il menait une vie pénible avec son frère et sa méchante belle-sœur. Après avoir épuisé les biens familiaux, le jeune bouvier vivait de son travail en s'appuyant sur son précieux bœuf. On disait que ce bœuf était un Immortel venu du Ciel. Ayant commis un crime, cet Immortel aurait été condamné à s'incarner dans le corps d'un bœuf et à travailler péniblement avec un paysan. En remerciement pour ses actions, le bouvier lui témoignait beaucoup de sympathie. Le bœuf-divinité aurait donc décidé d'aider son maître à créer une famille heureuse.
Une nuit, le bœuf apparut en rêve au bouvier, et il lui demanda d'aller, le lendemain, rencontrer la tisserande qui serait en train de se laver dans la Voie lactée. Le lendemain, les belles fées se baignaient en effet dans la Voie lactée. Le bouvier, caché dans les roseaux, s'empara des vêtements que la tisserande avait laissés sur la rive. Prises de panique, les autres fées se rhabillèrent et s'envolèrent, laissant toute seule la tisserande qui finit par accepter la demande du bouvier. Dès lors, la tisserande mena une vie heureuse avec le bouvier ; l'homme labourait la terre et la femme tissait. Ils eurent deux enfants, un garçon et une fille, un an plus tard.
Avant de mourir, le vieux bœuf demanda au bouvier de garder sa peau qui pourrait lui être utile. Le couple enleva donc à contre-cœur la peau de l'animal mort et enterra sa carcasse sur un versant de la montagne. En apprenant le mariage de la tisserande avec le bouvier, l'empereur de Jade et la déesse furent tellement fâchés qu'ils ordonnèrent aux gardiens célestes de reprendre la tisserande. Profitant de l'absence du bouvier, les gardiens célestes emportèrent la tisserande. Ne voyant plus sa femme, le bouvier mit la peau du bœuf sur ses épaules, porta à la palanche ses deux enfants et se mit à la poursuite des gardiens. Au moment où le bouvier risquait de les rattraper, la déesse tira de sa chevelure une épingle d'or et fit un geste vers la Voie lactée qui, de peu profonde et limpide, devint immédiatement houleuse. Dès lors, le bouvier et la tisserande ne purent que se regarder de part et d'autre du cours d'eau, les larmes aux yeux. Émus par leur amour sincère, l'empereur de Jade et la déesse leur permirent de se rencontrer chaque année le septième jour du septième mois lunaire. Ce jour-là, les pies s'envolèrent vers le ciel et formèrent un pont enjambant la Voie lactée pour que le bouvier et la tisserande se rencontrent. La nuit, on peut entendre les murmures de ces deux amoureux sous une treille.
À l'époque des Han (206 av.J.-C.-220 apr. J.-C.), des briques sculptées montrent la constellation de l'étoile Véga de la Lyre séparée de l'étoile du Bouvier par la Voie lactée. À l'époque des Song (960-1279), on disait que les pies avaient perdu leur plumage le septième jour de la septième lune parce qu'elles avaient accompli un travail exténuant en construisant un pont. Après son adaptation pour le théâtre, ce conte s'est transmis par la littérature et par des œuvres d'art. Le pont construit par les pies (Queqiao) est devenu le thème illustrant de jeunes amoureux qui se rendent à un rendez-vous. La fête de la Qixi est aussi baptisée sous différents noms par les Chinois : fête des mendiants, fête des jeunes filles, fête de Shuangxing (deux étoiles) et la Saint-Valentin de Chine.
La Qixi (soirée du septième jour du septième mois lunaire) est aussi appelée la rencontre des étoiles puisque, d'après la légende, le Bouvier et la Tisserande (Véga) se rencontrent à ce moment-là. Dans son poème « Qixi », Wang Bo a mis sur le même plan la rencontre des étoiles et la mi-automne, les considérant comme les deux meilleurs moments de l'année pour les liens d'affection et d'amour. C'est aussi la raison pour laquelle on appelle le jour du mariage la « rencontre des étoiles ».
Le Bouvier et la Tisserande est un condensé de la misère des paysans et de la petite économie paysanne dans l'ancienne Chine. On s'extasie sur un pont construit par des pies dans un monde mystérieux. Le charme éternel des contes permettait aux paysans de rêver à un pays où ils seraient autosuffisants. Tous les membres de la famille vivraient ensemble en passant une vie heureuse.