Masques chinois
Dans l'antiquité où la nature était impénétrable à l'entendement humain, face aux calamités naturelles, aux maladies et à la peste, les ancêtres chinois étaient dans la plus complète perplexité et même pris de panique. Croyant aux démons et à leur action maléfique, ils organisaient des cérémonies d'exorcisation. Lors de telle cérémonie, les gens portaient des maques aux figures hideuses, féroces et terrifiantes afin d'intimider et de chasser des démons.
Sous les dynasties des Shang et des Zhou (16e siècle - 256 a.v. JC), les cérémonies de ce genre étaient très fréquentes. Au cours de la cérémonie, l'officiant principal, qui s'appelait Fang Xiangshi, avait les mains recouvertes de peau d'ours et portait un costume rouge et un masque en bronze. Brandissant d'un sabre et d'un bouclier, il dirigeait des centaines de personnes au cours du déroulement de la cérémonie de sorcellerie.
Entre la dynastie des Han et de la dynastie des Tang (206 a.v. JC - 618), avec le développement économique de la société féodale, les cérémonies d'exorcisation prirent de l'ampleur. 12 animaux divinisés, interprétés par 12 enfants, et d'une équipe de danse composée de 120 garçons d'origine noble furent introduits dans la cérémonie.
Sous la dynastie des Tang (618-907), la cérémonie ne s'organisait plus uniquement dans le but de chasser le démon. Elle se transforma progressivement en une fête. On y portait des masques pour prier des divinités mais aussi par plaisir.
Sous la dynastie des Song (960-1279), l'influence des opéras locaux transforma la cérémonie d'exorcisation dans son contenu et dans sa forme. Elle devint une sorte de divertissement. Le rôle de Fang Xiangshi est celui des 12 animaux divinisés furent remplacés par un général, un dieu gardien de la porte, le diable Zhong Kui, et d'autres personnages de légendes populaires. La forme d'expression évolua de la danse vers le théâtre. Le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme devinrent aussi des objets de culte dans ces cérémonies. Les images des masques furent remplacées progressivement par les images des personnages. Avec le temps, la cérémonie d'exorcisation est devenue une pratique populaire qui consiste à éliminer ce qui est périmé pour créer du nouveau.
Il existe une grande variété de masques, ceux destinés à la pratique de l'exorcisme, ceux destinés aux opéras locaux et ceux que l'on suspend. Selon leurs usages, les masques se divisent en deux catégories : masques destinés à certaines cérémonies ou certaines opéras locaux, et masques suspendus aux portes ou aux fenêtres, qui ont une fonction d'exorcisation ou ornementale.
Autrefois, les maques étaient fabriqués en or, en jade, en ivoire, en bronze ou en fer, plus tard, ces matériaux lourds et précieux ont été remplacés progressivement par des matériaux plus légers et meilleurs marché, tels que le bois, l'écorce d'arbre, le carton ou l'argile.
Le style des masques varie selon les différentes matières premières de diverses régions.
Au Guizhou, les masques sont faits, en général, avec du bois de buis ou du bois de giroflier indéformable et difficile à fendre. Ils se composent de trois parties : le visage, le chapeau et les oreilles. Les deux premières parties sont travaillées dans la même pièce du bois, et la troisième avec les chutes. Les oreilles sont ensuite attachées aux deux côtés du visage. Ils sont peints puis enduits d'huile d'aleurite. Au Tibet, les masques sont faits avec du cuir. On coud une pièce de cuir en forme de sac dans lequel on découpe des trous pour les yeux, le nez et la bouche. Les masques sont simples. Ils sont décorés avec un revêtement de satins et des signes propitiatoires sont dessinées autour des organes des cinq sens. Le visage est incrusté de coquillages, d'agates et de turquoises, les oreilles portent des franges, et sur le front, sont peints un soleil et une lune. Ces masques sont étincelants. Quant aux masques en argile, ils sont faits d'argile doublée de toile. Après séchage, on dessine des motifs sur lesquels on applique la peinture. En outre, on trouve aussi des masques faits en forme de louche en bois. Ils se caractérisent par des couleurs variées et une expression très vivante.
Depuis des millénaires, les masques sont l'expression des us et coutumes et des croyances des chinois, ils ont une haute valeur artistique et digne sujet d'étude.