Gladys Aylward
Gladys Aylward, 艾偉德 (Aiweide) en chinois (1902-1970) était une missionnaire chrétienne en Chine.
Son départ en Chine
Élevée dans une famille chrétienne, elle n'est cependant pas consacrée dans sa jeunesse. Un jour, sans raison apparente, elle va dans une réunion chrétienne et se convertit. Gladys lit un article sur la Chine dans une revue chrétienne et elle est grandement impressionnée que des millions de chinois n'aient jamais entendu parler de Christ. " Je croyais qu'il fallait absolument faire quelque chose à ce sujet ". Elle en parla autour d'elle mais personne n'était intéressé par le sujet. Elle demande à son frère d'aller en Chine. " Pas moi. C'est un travail de vieille fille. Pourquoi n'y vas-tu pas toi-même? " Elle se dit : " Pourquoi essayer d'envoyer les autres en Chine? Pourquoi ne pas y aller moi-même? "
A partir de moment elle mit tout en œuvre pour se rendre en Chine. Gladys posa sa candidature auprès d'une société missionnaire, mais après trois mois on lui dit que son instruction était trop limitée. Elle ne pourrait jamais apprendre le chinois. Plus tard, Gladys parlera, lira et écrira le chinois aussi bien que les natifs. Le président du comité lui demanda ce qu'elle ferait. Elle répondit qu'elle ne retournerait sûrement pas à son emploi de femme de chambre. Il lui offrit alors d'aider un couple missionnaire à la retraite et elle accepta. Gladys évangélisa aussi dans les rues parmi les prostituées, mais la Chine l'obsédait toujours.
Considérant qu'elle ne connaissait pas assez la Bible pour la prêcher aux autres, elle se fit un devoir de la lire entièrement. Elle s'arrêta sur le verset où Dieu appel Abraham pour sortir de son pays. (Genèse 12.1-2). Peut-être Dieu l'appelait-elle à faire de même. Ensuite elle fut saisie par l'histoire de Moïse quand Dieu l'appel à retourner en Égypte. "Si je voulais aller en Chine, Dieu m'y conduirait, mais il me faudrait accepter de me mettre en route, et de renoncer au peu de confort et de sécurité que je possédais. Je décidai finalement de m'engager comme servante, et de gagner assez d'argent pour pouvoir payer mon voyage jusqu'en Chine." En lisant Néhémie, elle vit qu'il était une sorte de maître d'hôtel, et qu'il devait obéir à son maître tout comme elle, mais il est parti en dépit de tout. Elle fut saisie alors d'un étrange ravissement et entendit clairement une voix : "Gladys Aylward, le Dieu de Néhémie est-il ton Dieu ?" "Oui, bien sûr !" "Alors, fais ce que Néhémie a fait, et pars." "Mais je ne suis pas Néhémie." "Non, mais assurément je suis ton Dieu." "Pour moi, la question était tranchée. Je considérais cela comme mon ordre de mission."
Gladys se renseigna immédiatement du prix du voyage et décida d'y aller par train car c'était moins cher : 47 livres. Elle déposait chez le courtier son argent dès qu'elle en avait un peu. Elle pensait travailler trois ans pour cette somme, mais d'un miracle à l'autre elle eut l'argent en quelques mois. Elle se demanda alors où aller en Chine. Une dame lui parla de madame Lawson qui cherchait quelqu'un pour l'aider en Chine. Elle lui écrivit et celle-ci lui dit de venir jusqu'à elle en Chine. Elle fit immédiatement ses bagages, et emporta le peu qu'elle avait dans une valise et un sac à dos. Elle prit le train le 15 octobre 1932.
Une semaine plus tard, rendue en Sibérie, on lui dit qu'à cause de la guerre entre les Russes et les Japonais, le train ne se rendrait pas en Chine. Elle dut débarquer et marcher 24 heures pour se rendre à une autre gare. On la dirigea vers une autre ville de Russie et après maintes tribulations elle se rendit compte que son passeport avait été falsifié et qu'on ne voulait pas la laisser partir. Une inconnue l'aida à se rendre au port et le capitaine d'un navire japonais la pris comme prisonnière afin de pouvoir la prendre sur son navire en toute légalité. Elle signa même des papiers à cet effet. Elle fut presque saisit par des soldats russes avant de monter mais elle acheta sa liberté avec le peu d'argent caché qui lui restait. Du Japon elle se rendit en Chine ou l'attendait un ami de madame Lawson. Gladys dû voyager encore quatre jours en train, en autobus et à dos de mulet à travers les montagnes pour se rendre à la mission de Yangtcheng.
Son arrivée en Chine
En voyant madame Lawson elle s'inclina humblement se demandant la perception de cette grande missionnaire devant cette novice toute sale et fatiguée. Celle-ci n'étant pas du tout démonstrative, la fit simplement entrer et la nourrit. Madame Lawson avait acheté une ancienne auberge dans le but d'héberger les caravanes de muletiers et de leur raconter des histoires après le souper. Les Chinois étaient très friands d'histoires et les muletiers étaient les conteurs d'histoire de la Chine. Ceux-ci pourraient donc propager ces histoires partout où ils iraient. Il suffisait d'attraper la première mule et de la conduire à l'auberge et les autres suivaient. La première fois les mules entrèrent mais les hommes s'enfuirent car un démon blanc les avait attaqués.
Madame Lawson racontait les histoires et Gladys nourrissait et nettoyait les mules tout en essayant d'apprendre le chinois. A part cette activité d'aubergiste, elles évangélisaient dans les villages. Il suffisait d'aller au centre du village et d'attendre. Les Chinois étaient curieux de voir des blanches avec des pieds non bandés. On leur posait des questions et elles répondaient. Peu à peu le répertoire d'histoires bibliques de Gladys s'améliora. Un an plus tard madame Lawson mourut de vieillesse et de fatigue. Gladys continua quelques temps à faire tourner l'auberge mais elle n'avait aucun revenu comparé à madame Lawson.
Le début de son travail missionnaire
Un jour le mandarin (gouverneur de la province) vint la voir pour lui demander d'être inspectrice des pieds. Le gouvernement venait d'interdire la coutume du bandage des pieds pour les femmes et personne ne pouvait faire cette inspection car elles avaient toutes elles-mêmes les pieds bandés. Gladys accepta à la condition de pouvoir prêché partout où elle irait. Le mandarin accepta car si elles devenaient chrétiennes elles cesseraient la pratique du bandage des pieds. Toute la province lui fut donc ouverte pour prêcher l'Évangile et diffuser l'amour de Dieu en soignant les pieds des filles. Elle était même accompagnée de deux soldats pour la protéger et pour faire coopérer les Chinois. Elle finit par être connue partout sous le nom chinois de Ai-weh-deh (femme vertueuse). Trois ans plus tard, elle était respectée partout et plusieurs s'étaient convertis dans chaque village qu'elle avait visités. Elle devint citoyenne chinoise sous le nom de Ai-weh-deh.
De plus en plus Gladys sentait la solitude malgré son travail acharné et elle pria Dieu de l'aider. Lors d'une de ses visites d'inspectrice, elle vit une femme mendier sur la route, accompagnée d'une petite fille qui était visiblement très malade. Gladys suggéra à la Chinoise de mettre la fille à l'abri du soleil. Celle-ci répondit que si elle mourait, elle pourrait s'en procurer une autre. Ai-weh-deh comprit alors que la petite fille avait été achetée dans le but de mendier car on donne plus aux enfants malades. La Chinoise offrit de lui vendre et Ai-weh-deh l'acheta pour neuf pences. Elle la nomma Ninepence. Plus tard, Ninepence amena un petit garçon à l'auberge et dit qu'elle était prête à lui offrir la moitié de sa ration de nourriture si on voulait le garder. De fil en aiguille, un enfant en amena un autre, et ils furent bientôt une vingtaine. Fini la solitude.
Pendant une de ses visites, Ai-weh-deh rencontra madame Ching. Celle-ci était au service d'un maître dur et méchant. Elle élevait pour lui quatre filles qu'il avait achetées. Ne faisant pas confiance au maître, Ai-weh-deh amena avec elle les filles et madame Ching suivit par crainte de son maître. De retour à la mission, elle offrit à manger à tous et demanda à madame Ching si cela l'ennuyait de coucher dans la même chambre qu'elle car il n'y avait pas suffisamment de place. Madame Ching fut étonnée car elle avait été très méchante avec Ai-weh-deh et les filles et elle croyait qu'elle irait en prison. Elle fut émue par son amour. En entrant dans la cuisine, le cuisinier lui parla de Ai-weh-deh comme étant sa chère amie. Surprise, il lui expliqua qu'à soixante-huit ans il aimait pour la première fois de sa vie car Ai-weh-deh lui avait parlé de l'amour de Jésus. Pendant la soirée elle donna sa vie à Jésus. Plus tard, Ai-weh-deh racheta madame Ching et les filles à leur maître.
La guerre contre les Japonais
La Chine était graduellement envahie par les Japonais à cause de la guerre. Ai-weh-deh soignait les blessés des deux camps. Il y avait d'ailleurs des chrétiens dans les deux camps. A cause cette guerre, Ai-weh-deh et les enfants devaient fuir dans les montagnes. Le mandarin, qui était devenu son ami au fil des années, vint lui rendre visite à la montagne pour lui faire ses adieux car il quittait la province. "Depuis votre arrivée je n'ai cessé de vous observer, Ai-weh-deh. Vous aimez tous les nôtres et vous ne cessez de travailler dur pour eux." "C'est la volonté de Dieu que je le fasse, mandarin." "Cela, je m'en suis rendu compte. Avant de partir, j'aimerais être reçu dans votre Église et adorer le Dieu que vous adorez. Voulez-vous m'accorder cette faveur ?" "Dieu vous l'accordera mandarin."
De retour à la mission, un groupe de femmes réfugiées vinrent dans la ville. Ai-weh-deh en profita pour leur dire que Dieu se souciait d'elles. Peu de temps après, un général chinois vint la voir pour lui dire qu'elle était en état d'arrestation. Il lui demanda ce qu'elle connaissait de lui et qui l'avait informé à son sujet. Ai-weh-deh répondit qu'elle ne le connaissait pas et que personne ne lui avait parlé à son sujet. Le général ne la crut pas et elle fut prisonnière trois jours dans sa maison sans manger. Le général revint lui posé les mêmes questions. Finalement il lui dit : " Comment avez-vous su que je suis un pécheur ? " Ai-weh-deh se rappela alors qu'il était parmi le groupe de femmes dans la cour lorsqu'elle leur prêcha et qu'elle pointait du doigt. Elle répondit :
"Je sais seulement que la Bible le dit." Elle lui fit lire plusieurs passages bibliques. Deux heures plus tard il accepta Christ. "Si j'ai accepté ce Dieu, il faut aussi que j'en parle à mes hommes, n'est-ce pas ?" "Oui, si vous voulez être un vrai chrétien." C'est donc ce qu'il fit. Elle lui donna aussi une Bible mais le lendemain matin ils étaient tous partis sans avertir. Deux ans plus tard il revint à la mission. Il était malade, affamé, en guenilles. Tout ce qu'il pouvait dire de sensé était : "J'appartiens à Jésus." Après beaucoup de soins il reprit des forces il put parler un peu plus. Il expliqua que ses hommes eurent peur après qu'il soit devenu chrétien et fuirent en le gardant prisonnier. On le maltraita jusqu'à la torture pendant des mois pour qu'il change mais il disait toujours que puisqu'il était chrétien il ne pouvait plus faire le mal. Auparavant ils étaient plus des brigands que des soldats. Il s'enfuit et erra en vagabond. Tout ce qu'il se rappelait c'est qu'il était chrétien et que cette mission était sa maison. Ce général féroce était devenu très doux et aimable avec tous. Il mourut un an plus tard.
Avec le temps, les enfants étaient de plus en plus en danger à cause de la guerre. On lui suggéra de les envoyer dans un orphelinat dans une autre province. A ce moment elle s'occupait de plus de cent enfants. Un chrétien partit avec eux pour un voyage de deux semaines à pied. Elle sut plus tard qu'ils se rendirent sain et sauf. Bientôt d'autres enfants se rajoutèrent et ils furent encore une centaine. On lui suggéra de fuir avec les enfants car les japonais voulaient la tuée. Ai-weh-deh n'avait jamais voulu fuir mais troublée elle ouvrit sa Bible et tomba sur le passage : "Fuis... car le roi de Babylone a conçu des projets contre toi." Cependant les routes étaient maintenant surveillées par les Japonais. Ai-weh-deh dut fuir avec plus de cent enfants au travers les montagnes dans le but de se rendre à l'orphelinat. Ils n'avaient pas de nourriture ni de couvertures. Ils devaient coucher dehors en se serrant les uns contre les autres. Quelques fois on leur donnait un peu de nourriture ou un abris. Pour distraire les enfants de la faim et de la fatigue Ai-weh-deh les faisait chanter. "J'avais une boule dans la gorge et les larmes me montaient aux yeux d'entendre les pauvres petits chanter "Compte les bénédictions de Dieu" quand, à présent, ils avaient si peu de bénédictions à compter." Après maintes déceptions et miracles ils arrivèrent à destination. Ce fut un voyage de presque trente jours à pied. Ai-weh-deh souffrait de typhus et de pneumonie. On la soigna pendant des mois avant qu'elle puisse revenir à ses sens. Ce fut littéralement un miracle qu'elle survive.
Quelques années plus tard Chu, un garçon qui avait fait la longue marche avec elle, fut remarquer par un docteur qui voulut l'amener avec lui pour l'aider dans ses études. Chu revint voir Ai-weh-deh un an plus tard et il lui dit qu'il voulait retourner à la mission pour aider les gens. Elle ne voulut pas à cause du danger. Chu lui dit que si elle l'avait fait, il le pouvait lui aussi car Dieu le lui demandait. Que pouvait-elle répliquer? Dieu pourvu miraculeusement tout ce dont il avait de besoin et il partit. Chu fit beaucoup de bien à la mission et plusieurs convertis.
Un jour Ai-weh-deh eut à cœur d'évangéliser les environs de son village. Tout le monde lui disait qu'il n'y avait rien au nord du village. Ils étaient presque à la frontière du Tibet. Elle partit avec un nouveau chrétien Chinois et ils marchèrent plusieurs jours ne rencontrant que quelques individus. Ai-weh-deh, étant affamée et fatiguée, commença à s'inquiéter. Ils prièrent donc et elle demanda à Dieu de leur trouver de la nourriture et un endroit pour dormir. Le nouveau chrétien pria à son tour pour rencontrer quelqu'un à qui témoigner. Ai-weh-deh se sentit gêner. Ils rencontrèrent un moine tibétain qui les invita dans la lamasserie. Cinq cents moines écoutèrent avec attention la prédication de l'Évangile. Le chef dit ensuite à Ai-weh-deh que cela faisait des années qu'ils attendaient pour qu'on leur prêche la Parole.
Elle fit aussi un travail remarquable dans la prison du district et la majorité se convertirent. Elle retourna en Angleterre pour sortir les chrétiens de leur tiédeur tout en continuant à aider les Chinois partout où elle en trouvait.