Diaspora chinoise en France
La communauté chinoise ou diaspora chinoise en France regroupe les personnes dont les ancêtres sont chinois, mais qui sont nées ou ont immigré en France. Leur nombre est estimé entre 200 000 et 300 000. En France, cette population est à plus de 80% francilienne, dont 40% résident dans Paris intra-muros. Hors de l'Île-de-France, les seules communautés chinoises véritablement constituées sont à Lyon et à Lille.
17ème siècle
La première trace d'un chinois en France remonte à 1684 avec Michael Alphonsius Shen Fo-tsung 沈福宗, suivi de Arcade Hoange 黄嘉略, connu aussi sous le nom de Huang Jialü (1679-1716). Des missionnaires Jésuites l'avaient ramené avec eux à Versailles dans la cour du Roi Soleil a la fin du 17ème siècle. Il devait surveiller la collection de manuscrits dont l'Empereur Kangxi avait fait cadeau à la cour de France.
Première Guerre Mondiale
Entre 1915 et 1916, alors que le conflit était à son paroxysme entre les alliés et les empires centraux (Allemagne, Autriche et Hongrie), les Anglais ont enrôlé plus de 100 000 chinois et les français environ 40 000. Ces chinois ont été envoyés sur le front en France afin de relayer une main d'oeuvre exténuée. Ils enlevaient les mines, réparaient les routes et les voies ferrées, et déchargeaient les navires aux ports des alliés. Leur contribution n'a pas été reconnue durant des décennies. La plupart avaient entre 20 et 35 ans, et ils étaient originaires des provinces du sud de la Chine : Hebei, Jiangsu et surtout Shandong. Certains travaillaient dans les usines d'armements, ou encore sur les chantiers navals pour 3-5 francs par jour. A cette époque, ils étaient surtout connus pour être une main d'oeuvre bon marché, et ils n'étaient même pas autorisés à fraterniser en dehors du camp avec qui que ce soit. A la fin de la guerre, certains ont été utilisés pour retirer les mines ou pour récupérer les corps des soldats ou encore recouvrir des kilomètres de tranchées.
Après l'armistice, les chinois, identifiés par un simple numéro, ont été ramenés chez eux. Seulement 5000 à 7000 chinois restèrent sur place et ainsi formèrent le noyau de ce qui est devenu plus tard la communauté chinoise. Mais la plupart de ceux qui ont survécu sont repartis en Chine en 1918. Cependant certains furent bloqués en France à cause de l'effondrement de la Banque Industrielle de Chine, le 30 juin 1920. On estime à 10 000 le nombre de chinois morts durant la première guerre mondiale à cause des bombardements, des explosions de mines, des mauvais traitements, ou encore de « la grippe espagnole » de 1918. Leurs dépouilles reposent toujours dans 30 cimetières français, principalement dans celui de Noyelles-sur-Mer dans la Somme, lieu de batailles acharnées. Il y a 842 pierres tombales marquées de caractères chinois, et gardées par deux statues de lions offertes par la Chine.
Après des dizaines d'années de négligence, les ouvriers chinois et leurs efforts durant la première guerre mondiale, ont été reconnus durant une cérémonie officielle. Depuis 2002, une cérémonie annuelle a lieu chaque avril dans le cimetière de Noyelles-sur-Mer, date qui coïncide avec le festival de Qingming, où sont présents les représentants des associations des vétérans français, l'ambassadeur de la Chine en France et les membres d'associations chinoises en France.
Entre 1919 et 1921, 1500 étudiants arrivent en France, étudiants pauvres qui travailleront afin de payer leurs études. Certain des participants de ce mouvement seront des membres importants du parti communiste chinois, comme Deng Xiaoping.
Après la première Guerre Mondiale
Depuis 1919, le nombre de chinois en France a sensiblement augmenté, notamment grâce à la venue d'étudiants qui ont joué un rôle crucial dans la direction et l'organisation des différentes institutions dans la communauté chinoise en France. Les quelques milliers de chinois restés sur place après la guerre forment la première communauté chinoise établie dans Paris. Elle s'est d'abord installée près de la gare de Lyon, dans l'est de la capitale, puis dans le quartier du métro Arts et Métiers, dans le 3ème arrondissement.
Dans les années 1930-1940, des chinois de Wenzhou se sont installés à Paris (ainsi que dans plusieurs villes européennes comme Madrid, Francfort, Florence, Milan). Ils travaillent alors comme artisans du cuir et ouvrent des quincailleries près du quartier juif dans le 3ème arrondissement. Par la suite, ils prennent aussi le contrôle du marché en gros, que les juifs ont perdu lors de l'occupation allemande durant la deuxième guerre mondiale. La communauté chinoise existe toujours aujourd'hui mais reste relativement discrète.
Immigration récente
Suite aux expulsions de 1970 des ethnies chinoises au Vietnam, la France a connu une nouvelle vague d'immigration et d'installation de population chinoise dans les quartiers d'immeubles près de la porte d'Italie dans le 13ème arrondissement : le Chinatown de Paris. La plupart des habitants chinois logent dans les immeubles.
Depuis les années 80, l'immigration en provenance du continent chinois et de l'ancienne Indochine française n'a cessé d'augmenter de manière régulière. La population chinoise s'est étendue à la fois au centre même de Paris mais aussi dans les villes de banlieue, notamment à Lognes, Torcy ou encore à Noisy le Grand, mais aussi de manière plus vaste en France comme à Marseille et Lyon.
* Le terme diaspora désigne la dispersion d'une communauté ethnique ou d'un peuple à travers le monde