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Aborigènes de Taïwan

© Chine Informations - La Rédaction
   

Les Aborigènes de Taiwan sont le peuple le plus ancien à habiter Taiwan, ils sont venus par vagues successives il y a 5 000 ans. Ils étaient un peu plus de 460 000 fin 2005 représentant environ 2 % de la population de Taiwan, principalement sur la façade pacifique de Taiwan et ses montagnes. Sous le nom de Gaoshan, ils constituent une des minorités nationales de la République de Chine. La plupart d'entre eux, objets de l'attention des missionnaires, sont devenus catholiques ou protestants.

Appelés Yuanzhumin (原住民, "aborigènes") par la République de Chine, ils bénéficient d'un ensemble de mesures sociales préférentielles, mais leur niveau socio-économique demeure bas. Autrefois peu considérées par les Hans, les cultures aborigènes ont ces dernières années eu un sursaut de vitalité dû aux luttes menées par les aborigènes afin de défendre leurs droits et de ne pas laisser mourir leur culture. Mais la culture aborigène est aussi utilisée par les autorités de Taipei à des fins politique, voulant par là montrer que Taiwan à son identité propre, et donc différente de celle de la Chine Populaire.

Depuis 2001, la ville de Taitung sur la côte est de Taiwan organise un festival de la Culture austronésienne.

Les aborigènes de Taiwan font partie de la famille des Austronésiens groupe de langues composé de plus de 1 200 langues et parlées dans une aire géographique allant de Taiwan à la Nouvelle-Zélande et de Hawaii et l'île de Pâques jusqu'à Madagascar. Les groupes se trouvant sur l'île de Taiwan parlent des langues du sous-groupe formosan, les langues formosanes elles-mêmes étant divisées en trois sous-groupes : atayalique, tsouique et paiwanique. Les Da'o vivant quant à eux sur l'île de Lanyu (l'île des orchidées), parlent une langue du sous-groupe malayo-polynésien. Nombreuses sont les langues formosanes qui ont déjà disparu, et le sort des quelques langues restantes n'est guère enviable. Certaines d'entre elles sont en voie d'extinction, de nombreux jeunes aborigènes ne parlant que le mandarin. On ne dénombrerait plus qu'une quinzaine de langues encore parlées de nos jours.

Les groupes aborigènes sont au nombre officiel de 13, les Amis, les Atayal, les Bunun, Les Kavalan, les Paiwan, les Puyuma, les Rukai, les Saisiat, les Sakizaya, les Da'o (Yami), les Thao, les Truku et les Tsou. Ces groupes ne représentent qu'une partie du grand nombre qui peuplaient l'île au XVIIe siècle, début de la colonisation chinoise.

Longtemps les aborigènes ont été divisés en deux, « aborigènes des plaines » et « aborigènes des montagnes ». Cela pourrait renvoyer comme ces noms le laisseraient croire à une division des aborigènes vivants soit dans les plaines soit dans les montagnes. En réalité cette division n'a pas de sens. En effet parmi les groupes dit des montagnes, les Amis par exemple ne vivent pas dans les montagnes mais sur la côte Est de Taiwan. Cette classification sans fondement fait plutôt référence à une ancienne dénomination discriminatoire ou l'on nommait les aborigènes « sauvages cuits » ou « sauvages crus ». Cette dénomination faisait référence à leur niveau d'acculturation ou de sinisation (sauvage cuit) ou de leur non-sinisation (sauvage cru) de ces groupes. Comme les premiers groupes en contact avec les étrangers se trouvaient sur les plaines de la côte Ouest, et donc furent les premiers à être sinisés. On les opposa aux groupes vivant dans les montagnes ou sur la côte Est qui eux résistèrent plus longtemps à la pénétration culturelle étrangère.

Il est difficile de dénombrer tous les groupes qui habitaient Taiwan avant l'arrivée des étrangers. Beaucoup de groupes ont disparu avec les inter-mariages et l'assimilation, et les données sur ces groupes sont peu nombreuses et ne peuvent réellement permettre un dénombrement précis.

Une liste des groupes aborigènes restant dit des « plaines » pourrait être : Babuza, Basay, Hoanya, Ketagalan, Luilang, Pazeh, Popora, Qauqaut, Siraya, Taokas, Trobiawan. Actuellement, différents groupes aborigènes essayent de faire renaître leur culture et demandent une reconnaissance officielle.

Il y a 5 000 ans (3000 av. J.-C), des habitants du littoral de la Chine du Sud, cultivateurs de millet et de riz, commencent à traverser le détroit pour s'installer à Taiwan. Les Austronésiens sont sans doute les premiers navigateurs de l'histoire de l'humanité.

Mais il existait déjà diverses cultures sur l'île de Taiwan, la plus vielle trace humaine sur l'île remontant à environ 30 000 ans (l'homme de Zuozhen).

Les austronésiens venant par vagues successives à différentes époques se seraient ainsi mélangés avec des groupes existant déjà sur place, avant de partir à travers les océans. Les Da'o (Yami) quant à eux sont apparentés aux habitants de Batan (Philippines) et seraient arrivés sur l'île des orchidées il y a environ 1 000 ans. Sur l'île de Taiwan, on trouve de nombreux sites archéologiques correspondant à de nombreuses cultures, comme la culture de Shisanhang au Nord de l'île et les cultures de Peinan et Qilin au sud est. Mais les liens directs qui lient ces différentes cultures aux groupes aborigènes actuels sont difficiles à établir.

Les Néerlandais s'installèrent sur l'île de Taiwan de 1624 à 1662. Ils y construisirent deux forts, Fort Zeelandia à Anping et Fort Providentia à Tainan. Les Hollandais s'installant à Taiwan firent du commerce de peaux et d'autres produits avec les aborigènes. Ils évangélisèrent en partie les tributs aborigènes à leurs contacts. Les Espagnols arrivèrent à Taiwan en 1626 et s'installèrent au Nord de l'île. Ils construiront également deux forts, Fort San Salvador à Keelung et Fort San Domingo à Tamsui. Ils en seront chassé par les Hollandais en 1642.

Lorsque les Néerlandais arrivèrent à Taiwan, les diverses communautés étaient en perpétuel affrontement, les missionnaires réussir à convaincre les dirigeants hollandais afin qu'ils prennent parti pour le village de Xingang contre leurs ennemis. Les ennemis du village de Xingang furent battus, ce qui eu pour conséquence une certaine admiration des aborigènes envers les Hollandais. Cette victoire aida les Hollandais à nouer de meilleure relation avec les aborigènes et à étendre leur influence dans l'île.

Les missionnaires évangélisèrent des aborigènes, et des traductions en langue siraya de textes religieux sous forme romanisée furent réalisées à des fins d'évangélisation. Une école fut construite à Xingang, et l'usage de cette écriture fut enseigné aux aborigènes. Bien qu'elle ne fut pas normalisée dans son orthographe, l'utilisation de cette écriture restera en usage jusqu'au XIXe siècle, mais il reste actuellement peu de documents écrits dans cette langue.

Les Espagnols eurent moins de chance et ne réussirent jamais à étendre leur influence et à tirer un vrai intérêt économique de leur présence. Les Espagnols durent subir de nombreuses attaques, notamment l'attaque contre le fort de Santiago ou 30 Espagnols furent tués ; ils ne purent entretenir des rapports amicaux qu'avec peu de localités. Durant les 16 années que durera leur présence, ils ne réussirent qu'à évangéliser que peu d'aborigènes. Le père Jacinto Esquivel étudia la langue aborigène commune aux villages avec lesquels les Espagnols étaient en contacte (le Basay). Ils rédigea un dictionnaire, une grammaire et traduisit des textes de catéchisme en langue Basay sous forme romanisée, mais ces documents ont disparu.

En 1661, Koxinga (Zheng Chenggong, 鄭成功) fidèle aux Ming et fuyant les Mandchous, se réfugia à Taiwan et en chassa les Néerlandais en 1662. À partir de ce moment les chinois commencèrent à administrer l'île de Taiwan et à émigrer en « masse » à Taiwan. En 1661 les manchous, pour essayer de stopper cette émigration, promulguèrent un décret qui obligeait la population à se replier à l'intérieur des côtes. Koxinga fit distribuer les terres aux chinois au détriment des aborigènes, on estime alors la population chinoise à 120 000 habitant à cette époque. Le petit fils de Koxinga se rendit aux Mandchous (dynastie Qing) en 1683, et Taiwan fut mise sous l'administration de la province du Fujian. Les chinois continuèrent à émigrer sur l'île et atteignirent le nombre de 2 millions en 1810. Beaucoup de chinois prendront pour femme des aborigènes. Ce métissage était déjà effectif avant l'époque Hollandaise ou quelques marchands chinois étaient déjà mariés à des aborigènes.

L'administration Qing désigna les aborigènes par différents noms, mais qui n'ont rien à voir avec une distinction ethnique. Ils étaient designés en tant que "sheng fan" (barbares crus), ou non sinisés et "shu fan" (barbares cuits), ou sinisés. Ces classements discriminatoires faisaient référence à la vision qu'avaient les chinois des aborigènes, à savoir s'ils étaient plus ou moins « sauvages ».

L'arrivée de nombreux chinois ne se fit pas sans problèmes. Les aborigènes furent l'objet de mauvais traitements, ils étaient régulièrement brimés, exploités et spoliés de leurs terres par les chinois. Il y eu de nombreuse révoltes de la part des aborigènes. Beaucoup migrèrent a l'intérieur même de Taiwan afin de trouver des contrées plus tranquilles. En 1758, un édit demanda que les hommes aborigènes portent la natte Manchoue et un nom chinois.

En 1895, la Chine perd la guerre contre le Japon et par le traité de Shimonoseki cède l'île de Taiwan ainsi que d'autres îles au Japon. La colonisation japonaise durera jusqu'en 1945. Dès 1896, les Japonais commencèrent à classer les aborigènes selon divers critère ethniques, faisant varier le nombre total de groupes selon les listes. En 1935 une liste de 9 groupes fut établie : Atayal, Saisiat, Bunun, Tsou, Rukai, Paiwan, Puyuma, Amis, Yami. Cette liste a perduré jusqu'à nos jours où 4 autres groupes on été reconnus officiellement. Bien que le terme officiel pour designer les aborigènes était « peuple de Takasago » (高沙族), les Japonais continuaient à utiliser les termes de « barbares cuits » et « barbares crus ». Des l'arrivée des Japonais, les heurts furent fréquents. Les Japonais voulaient exploiter les ressources naturelles de l'île. Ce qui les mena à s'affronter aux aborigènes de l'intérieur des terres. Les Japonais finirent quand même par contrôler l'île et entreprirent une assimilation de toute la population de l'île. Les Japonais voulait développer Taiwan et l'intégrer à leur empire, la langue japonaise fut imposée et les aborigènes furent scolarisés. Vers 1940, 71 % des jeunes aborigènes étaient scolarisés.

Mais les japonais interdirent de nombreuses pratiques culturelles aborigènes et destructurèrent en partie les sociétés aborigènes. Les discriminations et les brimades répétées de la part des fonctionnaires japonais entraînèrent de nombreuses révoltes comme la célèbre révolte de Wushe (霧社事件) en 1930, menée par Mona Rudao. Le 27 octobre, décidés à se venger des affronts répéter, 300 guerriers Atayal se jetèrent à l'assaut de l'école de Wushe ou une cérémonie allait se dérouler. Les assaillants massacrèrent 134 japonais et plus de 200 furent blessés. La révolte durera près de 2 mois durant lesquels les insurgés combattirent en nombre inférieur. Les forces japonaises utilisèrent pour réduire la résistance Atayal, l'artillerie, l'aviation ainsi que des armes chimiques. Il eurent également recours à des auxiliaires aborigènes à fin de traquer les insurgés.

Beaucoup furent tués ou se suicidèrent comme le fit Mona Rudao.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, entre 4 000 et 8 000 aborigènes furent enrollés dans l'armée impériale et combattirent dans les mers du sud. Plus de la moitié périrent, le premier bataillon de « volontaires Takasago » fut créé en 1942. Après la défaite japonaise, ces combattants ne recevront pas les compensations escomptées ni de reconnaissance, et se sentiront trahis. De plus, lorsque Taiwan sera cédée à la République de Chine, ils seront vus comme des traîtres.

Les nationalistes chinois arrivent à Taiwan après la défaite des Japonais en 1945. En 1949, après sa défaite contre les communistes, Tchang Kaï-chek se réfugie à Taiwan. À partir de cette époque, on utilisa l'expression Shandi Tongbao (山地同胞), « compatriotes des montagnes » pour nommer les aborigènes ou bien plus couramment Gaoshanzu (高山族), « peuples des montagnes ».

Le gouvernement mènera une politique de sinisation de toute l'île et donc l'intégration des aborigènes. Le mandarin devient la langue officielle et y est enseigné à l'école, toute autre langue y étant interdite. Le gouvernement voulait que les aborigènes deviennent des Chinois.

Au début des années 1950, on obligea les aborigènes à prendre des noms chinois sans tenir compte de leurs noms tribaux. Tout fut fait pour minimiser le nombre des aborigènes en quasi niant leur existence. En 1954, les « aborigènes des plaines » ne furent plus reconnus en tant que tel et devenaient Chinois ! La loi concernant la reconnaissance ethnique était discriminatoire. En effet, si le mari était Chinois et sa femme aborigène, celle-ci perdait son statut aborigène et était considérée comme Chinoise, leurs enfants étaient considérés comme Chinois. En revanche, si le mari était aborigène et la femme Chinoise celle-ci était toujours considérée comme Chinoise, leurs enfants étaient considéré comme aborigènes mais pouvait être considérés comme Chinois à la demande de leurs parents. C'est pour cela que le nombre total des aborigènes reste incertain, aujourd'hui encore le nombre des aborigènes serait supérieur au nombre officiel.

À cette époque, de plus en plus de chinois s'installèrent dans les villages aborigènes de la cote Est, participant ainsi à l'acculturation de ceux-ci. De même durant les années 70 et 80, beaucoup d'aborigènes partirent en ville à fin de trouver du travail. Aujourd'hui près de 38% des aborigènes sont répertoriés vivant dans les villes. Ce phénomène de migration contribua énormément à l'acculturation des aborigènes. La politique de sinisation avait quasiment fini par éradiquer les cultures aborigènes.

À partir des années cinquante, les catholiques comme les églises protestantes s'intéressent de plus en plus aux aborigènes et convertissent nombre d'entre eux au christianisme. Les aborigènes d'un coté trouvent là une occasion de bénéficier de certains avantages matériels, mais aussi un certain réconfort psychologique à la marginalisation qui était la leur dans la société taïwanaise.

À partir de 1984, l'alliance des aborigènes de Taiwan (ATA, Alliance of Taiwan Aborigines) mena une série de campagne, pour défendre les droits des aborigènes. Comme les campagnes pour la reconnaissance de leurs nom, aborigènes, pour sauver les jeunes aborigènes de la prostitution, pour retrouver leurs terres ancestrales ou pour la reconnaissance de tous les groupes aborigènes. De nombreux journaux parlant de la culture ou des problèmes des aborigènes virent le jour. Tous ces mouvements portèrent leurs fruits et une série d'améliorations est survenue quand aux statuts que pouvaient avoir les aborigènes dans la société taïwanaise.

En 1992, des changement entrèrent en vigueur en ce qui concerne le statut ethnique : une femme aborigène qui épouse un Chinois peut rester aborigènes si elle le désire.

En 1994, le nom de « compatriote des montagnes » fut remplacé par le terme Yuanzhumin (原住民, aborigènes).

En 1995, les aborigènes eurent le droit d'écrire les noms aborigènes mais en utilisant des caractères chinois ! (6 au maximum)

En 1997, la commission des affaires aborigènes directement rattachée au conseil exécutif fut créée.

En 2003, un amendement autorise les aborigènes à écrire leur nom en forme romanisée.

En 2005, la « loi basic aborigène » est votée.

Aujourd'hui, les langues aborigènes peuvent être enseignées dans les écoles. Des aides sont attribuées aux aborigènes et des aides sont aussi attribuées pour promouvoir la culture aborigène. Une chaîne de télévision pour promouvoir la culture aborigène a été lancée en 2005. Malgré tout, les aborigènes ont en général un niveau et des conditions de vie plus mauvaises que la moyenne. Et n'ont que peu bénéficié du miracle économique de Taiwan. L'espérance de vie y est inférieure, de 10 ans pour les hommes et de 6 ans pour les femmes. L'alcoolisme fait des ravages chez les aborigènes et le chômage y est aussi supérieur à la moyenne.

Néanmoins les aborigènes continuent à se battre pour leurs droits afin de ne plus être discriminés. On peut de nos jours voir de nombreuse manifestations culturelles aborigènes. Les aborigènes font renaître leurs cultures et participent à une nouvelle vision de l'identité taïwanaise.

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