Taïwan
Taïwan 台湾 est une île située au sud-est de la Chine continentale, au sud du Japon et au nord des Philippines. Le nom de Taïwan est généralement utilisé pour désigner les territoires actuellement administrés de facto par le gouvernement de la République de Chine, qui comprend Taïwan et un groupe de petites îles et archipels : Penghu (ou îles Pescadores), Kinmen et Matsu. Elles sont demeurées sous le contrôle de la République de Chine après la prise de pouvoir de la République populaire de Chine en Chine continentale à la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
L'île principale de Taïwan, longtemps connue en France sous le nom de Formose (les marins Portugais l'appelaient Ilha Formosa et c'est sous ce nom qu'elle a été désignée pendant toute la période antérieure aux années 1960), est bordée à l'est par l'océan Pacifique, au sud par la mer de Chine du Sud, à l'est par le détroit de Taïwan et au nord par la mer de Chine de l'Est. L'île fait 394 kilomètres de long sur 144 de large et est constituée de montagnes escarpées couvertes de végétations tropicale et sub-tropicale.
De 1895 à 1945, Taïwan et les îles Pescadores étaient une colonie japonaise, une concession de la dynastie Qing après sa défaite lors de la première guerre sino-japonaise. Lors de la défaite japonaise à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, ces îles furent rendues à la République de Chine et placées sous gouvernement militaire. En 1949, concédant la victoire de la Guerre civile chinoise au Parti Communiste Chinois, le parti Kuomintang (KMT) au pouvoir se retira du continent et installa son gouvernement à Taipei, la plus grande ville de Taïwan, tout en continuant à prétendre sa souveraineté sur toute la Chine et la Mongolie. Sur le continent, les Communistes mirent en place la République Populaire de Chine, se considérant le gouvernement souverain à la fois sur le continent et à Taïwan et décrivant le gouvernement de la République de Chine comme une institution illégitime.
Taïwan s'est transformé en une économie industrielle de premier plan et est souvent citée comme l'un des Tigres du Sud-Est Asiatique. Parallèlement, des réformes politiques depuis la fin des années 1970 jusque vers le début des années 1990 libérait Taïwan d'un gouvernement autoritaire à parti unique au profit d'une démocratie locale qui, en 1991, cessa ses prétentions territoriales sur la Chine continentale et limita officiellement sa souveraineté à l'île de Taïwan et aux Pescadores. La consolidation d'une démocratie à plusieurs partis atteint son objectif final en 2000 lorsque s'acheva le monopole du Kuomintang sur le pouvoir au profit du Parti Démocratique Progressiste (Minjindang), membre de la coalition pan-verte, qui remporta les élections présidentielles. En parallèle, un mouvement indépendantiste taïwanais a pris de l'importance, dont l'objectif est la proclamation d'une République de Taïwan. Les désaccords sur le futur de Taïwan ont fait et continuent de faire de son status politique un sujet polémique.
Préhistoire
Taïwan est habitée depuis environ 30 000 ans, bien que les premiers habitants ne soient pas reliés génétiquement aux habitants actuels de l'île. Il y a 4 000 ans environ s'installèrent les ancêtres des actuels aborigènes Taïwanais, qui sont connectés génétiquement aux Malais et aux Polynésiens, et dont la langue est catégorisée comme langue austronésienne.
Des archives de la Chine ancienne indiquent que les Han auraient eu connaissance de l'existence de Taïwan depuis l'époque des Trois Royaumes de Chine (IIIe siècle) ; cependant, cette hypothèse est difficile à valider car les noms donnés aux îles au large de la Chine diffèrent d'une dynastie à l'autre, et aucun nom n'est directement raccordable à Taïwan. Il a été prétendu mais non vérifié que l'amiral Zheng He de la dynastie Ming aurait visité Taïwan entre 1403 et 1424.
Des contacts avec les Européens eurent lieu au XVe siècle lorsqu'un vaisseau Portugais repéra l'île et la surnomma "Ilha Formosa", ou "Belle Île" en portugais. Les Portugais ne firent aucune tentative pour la coloniser. En 1624, les Hollandais établirent une base à Taïwan et commencèrent à importer des ouvriers de la province chinoise du Fujian. C'est essentiellement autour de cette période que la population indigène de Taïwan se métissa avec des commerçants et ouvriers saisonniers du continent. Les Hollandais firent de Taïwan une colonie et en établirent la capitale à Tainan.
Koxinga et la loi impériale chinoise
Les Hollandais furent expulsés de l'île en 1662 par Cheng Cheng-Kung (connu sous le nom de Koxinga), un ancient pirate reconverti en chef militaire qui se décrivait comme un loyaliste Ming. Cheng établit ainsi le Royaume de Tungning (1662-1683). Faisant de Tainan sa capitale, la dynastie Cheng lança plusieur raids sur la côte de Chine continentale.
En 1683, la dynastie Qing annexa officiellement Taïwan. Après la défaite du petit-fils de Cheng face à la flotte de l'amiral Shi Lang, tous les habitants restés fidèles à Cheng furent exilés dans les régions les plus reculées de l'empire Qing, laissant environ 7 000 Han sur Taïwan. Le gouvernement Qing adapta sa politique taïwanaise afin de réduire piraterie et vagabondage dans la région, le menant à une série d'édits sur l'immigration et le respect des droits fonciers des aborigènes. Des immigrants clandestins continuèrent à entrer à Taïwan afin d'exploiter les terres des aborigènes sous contrats qui généralement étaient basés sur un mariage, alors que la frontière entre les terres sous contrôle fiscal et les terres "sauvages" reculait vers l'est.
La loi coloniale japonaise
Après sa défaite lors de la première guerre sino-japonaise (1894-1895) en 1895, la Chine fut forcée de céder Taïwan au Japon à perpétuité, en laissant une période de grâce pour les sujets Han leur permettant de vendre leurs biens et retourner sur le continent.
Le 25 mai 1895, la République de Taïwan, installant sa capitale à Tainan, fut créée dans le but de résister à la loi japonaise. Cette résistance fut matée le 21 octobre 1895, lorsque les forces japonaises entrèrent à Tainan. Pendant la période coloniale, les Japonais utilisèrent le modèle Français de forces d'occupation, et contribuèrent significativement à l'industrialisation de l'île : ils mirent en place, entre autres, un réseau de voies ferrées, un système d'assainissement et un système d'éducation publique. Autour de 1935, les Japonais commencèrent une politique d'assimilation sur toute l'île pour raffermir le lien entre l'île et le l'Empire Japonais.
A la suite de la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, selon les termes de l'"instrument japonais de reddition", le Japon accepta a priori la déclaration de Potsdam qui référençait la déclaration du Caire selon laquelle l'île devait être transférée à la République de Chine. Les troupes de la ROC furent autorisées à venir sur l'île pour accepter la reddition des forces militaires japonaises lors de l'Ordre Général numéro 1 émis par le Général Douglas MacArthur le 2 septembre 1945, puis furent transportées à Keelung par la marine américaine.
L'ère de la République de Chine
L'administration militaire de la République de Chine par Chen Yi qui suivit la fin de la Seconde Guerre mondiale étaient extremement corrompue. Ceci, s'ajoutant aux différences culturelles entre les natifs et les nouveaux arrivant, mena rapidement à une perte du soutien populaire de la nouvelle administration, qui culmina lors d'une série d'accrochages sérieux entre le gouvernement militaire et les Taïwanais natifs. Ceux-ci menèrent à leur tour au sanglant "incident 228" le 28 février 1947, lors duquel les troupes gouvernementales massacrèrent quelques 30 000 manifestants et sympathisants.
En 1949, le Kuomintang (KMT, parti nationaliste), qui a l'époque dirigeait le gouvernement de la République de Chine, se retira à Taïwan après avoir perdu la guerre civile chinoise au profit du Parti Communiste Chinois, apportant avec eux quelques 1,3 millions de réfugiés du continent. Initialement, les États-Unis avaient abandonné le KMT et pensaient voir Taïwan tomber aux mains des Communistes. Cependant, en 1950, la Corée du Nord envahit la Corée du Sud, et dans le contexte de la guerre froide le président américain Harry S. Truman envoya la 7ème Flotte dans le détroit de Taïwan pour défendre Taïwan contre les communistes.
Lors du traité de paix de San Francisco, qui prit effet le 28 avril 1952, et le 'traité de Taipei' qui prit effet le 5 août 1952, le Japon renonca formellement à tout droit, prétention et titre sur Formose (Taïwan) et les îles Pescadores (PengHu). Ce traité ne fait aucune mention du nouveau propriétaire de l'île, en partie pour éviter de prendre parti dans la guerre civile chinoise. Ce point a été utilisé par les partisans de l'indépendance de Taïwan pour justifier l'auto-détermination.
Pendant les années 1960 et les années 1970, Taïwan se mit à développer une économie prospère et dynamique, devenant l'un des Tigres de l'Asie de l'Est tout en maintenant un gouvernement autoritaire à parti unique. Du fait de la guerre froide, la plupart des nations occidentales ainsi que les Nations unies considérèrent le gouvernement de la République de Chine à Taïwan comme l'unique gouvernement officiel de la Chine, jusqu'aux années 1970 où la plupart des nations changèrent pour ne plus reconnaître que la République Populaire de Chine.
Pendant la présidence de Chiang Ching-kuo (le fils de Tchang Kaï-chek) entre 1975 et 1987, le système politique de Taïwan entama une libéralisation progressive. La loi martiale, en effet depuis 1948, fut abolie en 1987. A la mort de Chiang, le vice-président Lee Teng-Hui lui succéda en tant que Président de la République de Chine et Président du Kuomintang, et la règle du parti unique fut abolie en 1991. Lee devint le premier natif de Taïwan à devenir président pendant le règne du KMT sur Taïwan. Le règne du KMT se termina avec l'élection du président Chen Shui-bian du Parti progressiste démocratique en 2000, suivi de sa ré-élection en 2004.
Controverse territoriale
La République de Chine considère Taïwan comme un État indépendant, mais considère toujours la Chine continentale comme faisant partie de la République de Chine, sa capitale reste d'ailleurs officiellement Nanjing (Nankin), même si la capitale administrative est actuellement Taibei (Taipei).
La République populaire de Chine considère Taïwan comme une province chinoise sur laquelle elle n'exerce pas sa souveraineté.