J'ai trouvé très intéressant cet article du Monde et je l'ai cherché sur Internet .
Il manque les tableaux et graphiques de la version papier,mais les chiffres parlent d'eux mêmes ...
L'entretien avec Mr Boillot est incomplet . Il expliquait notamment pourquoi les fermetures d'usines n'étaient pas le produit de la crise mais une volonté politique d'investir dans des usines à forte valeur ajoutée (télécommunication ,comme Hua Wei,ou automobile)
La recherche et le développement se tourne désormais vers une montée en gamme mais aussi vers la conception de produits qui répondent aux défis environnementaux...
Dépenses, compétences, publications scientifiques, brevets : la Chine, comme le montre le dernier rapport bisannuel de l'Observatoire des sciences et des techniques (OST) qui vient de paraître, a progressé de manière spectaculaire sur tous les fronts de la recherche et du développement (R & D).
Même si, comme le signalait une enquête de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), les dépenses et les avancées de la recherche chinoise doivent être relativisés (Le Monde du 30 août 2007), cette puissance s'intensifie incontestablement.
Entretien Jean-Joseph Boillot : "Une volonté politique d'investir dans des usines à forte valeur ajoutée"
Alors que les Etats-Unis demeurent, et de loin, la superpuissance en matière de recherche et développement avec une dépense intérieure de 280 milliards de dollars (198 milliards d'euros), loin devant l'Union européenne (UE) avec 199 milliards de dollars et le Japon (113 milliards de dollars), la Chine s'invite à la table des grands avec une dépense de 101 milliards de dollars.
Une dynamique de progrès y est enclenchée. Ce pays a multiplié par plus de deux ses dépenses intérieures en R & D entre 2000 et 2005, propulsant sa part dans les dépenses mondiales de 6,2 % à 11,8 %, tandis que celles des Etats-Unis, de l'UE, et du Japon dans une moindre mesure, ont régressé. Mais alors que les dépenses publiques s'affichent en forte augmentation aux Etats-Unis (+ 20 % entre 2000 et 2005) et dans l'Union européenne (+ 4 %) , elles diminuent au Japon (- 19 %) et en Chine (- 21 %). A l'inverse, le secteur privé gagne du terrain dans ces deux pays.
La démographie est un autre indicateur mis en avant dans le rapport de l'OST. Sur les 140 millions d'étudiants recensés dans le monde, 40,3 % sont en Asie, contre 25,8 % en Europe, 15,3 % en Amérique du Nord, 9 % en Amérique centrale et du Sud et 5,6 % en Afrique. Dotée d'un capital humain gigantesque - et bien qu'une faible proportion de sa population ait accès à l'enseignement supérieur -, la Chine est le pays qui compte le plus grand nombre d'étudiants : 23,4 millions, contre 17,3 millions aux Etats-Unis.
Même chose en termes de chercheurs. Sur les 6 millions recensés dans le monde, l'OST pointe que 35,2 % d'entre eux vivent en Asie, contre 32,8 % en Europe et 25,4 % en Amérique du Nord. A eux seuls, les Etats-Unis concentrent 1,4 million de chercheurs, contre 1,3 million dans l'UE et 1,1 million en Chine. C'est cependant au Japon que la densité de chercheurs par rapport à la population active est la plus forte (10,6 chercheurs pour 1 000 actifs), ce ratio s'établissant à 9,21 aux États-Unis et à 5,70 dans l'Union, très loin devant la Chine qui ne dispose que de 1,43 chercheur pour 1 000 actifs.
GRANDE PRODUCTIVITÉ
Les publications constituent aussi un indicateur précieux pour mesurer la dynamique des équipes de recherche. La croissance de l'Asie, qui a gagné plus de 4 points entre 2001 et 2006, passant de 18,3 % à 22,4 % dans la part mondiale des publications, est là encore patente. Pour la seule Chine, le bond en avant a été phénoménal, le pays progressant de 96 % au cours de la période, se propulsant au troisième rang mondial "avec 7 % des publications toutes disciplines confondues", soit trois places de mieux qu'en 2001.
Toutefois, cette productivité ne s'accompagne pas d'une grande visibilité. Non seulement l'Union européenne reste le numéro un incontesté en matière de publications scientifiques (33,3 %), devant les Etats-Unis (26,2 %), mais, de surcroît, "l'impact" de ces travaux (c'est-à-dire le nombre de citations entraîné par une publication) - particulièrement ceux des Américains - est bien plus fort que celui des Asiatiques.
Autre indice important du dynamisme technologique d'un pays, les demandes de brevet européen de pays d'Asie explosent : leur part a augmenté de 41 %, tandis que celle des demandes émanant des pays d'Europe et d'Amérique du Nord a baissé de 11 %, toujours sur la période 2000-2006. Au sein du continent asiatique, la hausse des dépôts de brevets de la Corée du Sud (+ 205 %) et de la Chine (+ 124 %) est particulièrement remarquable. L'OST cite notamment la progression de cette dernière en électronique-électricité, celle de l'Inde en chimie - matériaux et pharmacie - et biotechnologies et celle de la Corée du Sud en instrumentation, notamment.
Au plan mondial cependant, l'Europe, et l'UE en particulier avec 37,3 % des demandes de brevet, les Etats-Unis avec 28,9 % et le Japon (17,8 %) restent largement majoritaires. Ces trois grands dominent également le système de brevets américain, les Etats-Unis bénéficiant de plus de la moitié des demandes déposées (51,3 %), devant le Japon (21,3 %) et l'UE (14,7 %). Mais ici comme sur le Vieux Continent, leurs parts - à l'exception de celle du Japon - diminuent au profit de la Chine (+ 261%) et des dix pays d'Asie du Sud-Est regroupés dans l'Asean (+ 84 %).
Brigitte Perucca
Article paru dans l'édition du 01.01.09.