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Les chinois se tournent-ils vers la foi religieuse?


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29/03/2011 à 20:45 - Les chinois se tournent-ils vers la foi religieuse?
Je vous invite a découvrir et réagir à ce passionnant article du monde sur le besoin de croire des chinois. Partagez-vous cette analyse?

En Chine, le pourcentage de croyants sur l'ensemble de la population est l'un des plus bas au monde. La grande majorité des Chinois se déclarent "sans religion" et ne croient pas en Dieu. Cependant, on assiste actuellement à un renouveau du sentiment religieux au sein de la société. Il est difficile d'évaluer son ampleur. Les recensements officiels ne posent plus, depuis près de trente ans, de question sur la religion et le dernier recensement décennal, qui a eu lieu fin 2010, ne fait pas exception. Mais les quelques chiffres disponibles convergent tous vers la même conclusion : la population croyante connaît un fort développement ces dix dernières années, principalement la population chrétienne protestante mais également celle d'autres religions occidentales (catholicisme) et chinoises traditionnelles (taoïsme, bouddhisme).
D'après une étude nationale réalisée en 2007 par des professeurs de l'East China Normal University de Shanghai auprès d'un échantillon représentatif de 4 500 personnes, zones rurales et urbaines confondues, près de 30 % des personnes interrogées, âgées de plus de 16 ans se considéreraient comme croyantes. Projeté au niveau national, ce résultat mène d'après l'étude à l'estimation suivante : 300 millions de Chinois pourraient être croyants (bouddhistes et taoïstes en majorité), soit trois fois plus que le chiffre officiel. La même étude souligne une augmentation importante du nombre de protestants (12 % des croyants – soit une estimation de 40 millions à échelle nationale, contre 16 millions en 2005 selon les données officielles) qui représenteraient, avec les catholiques, entre 4 et 5 % de la population chinoise.
De tels chiffres doivent être interprétés avec précaution, mais ils confirment un engouement désormais visible. Il est devenu courant, en Chine, de rencontrer de nouveaux croyants, de récents convertis, de tomber sur un programme de télévision ou une rubrique de magazine dédiée aux religions, ou sur un rayon spécialisé dans les librairies de Pékin.

Le contexte d'ouverture explique en partie cette évolution. Depuis 1978, la religion se redéveloppe en Chine sous le contrôle de l'État, qui reconnaît cinq religions "officielles" : le bouddhisme, le catholicisme, l'islam, le protestantisme et le taoïsme. Même s'ils ne sont autorisés à appartenir qu'à l'une de ces Églises et à ne fréquenter que les lieux de culte approuvés par le gouvernement, les croyants peuvent désormais pratiquer leur religion ouvertement. Puisqu'il est possible d'être croyant en Chine, il est logique qu'une partie de la population souhaite profiter de cette nouvelle liberté, même encadrée. Ce phénomène n'est pas, en soi, propre à la Chine : en Russie, le nombre de fidèles orthodoxes avait fortement augmenté dès la fin des années 1980, notamment à partir de 1990, suite à la première loi sur la liberté de conscience.
Au-delà du contexte politique et de l'attitude de Pékin envers les religions, déjà largement commenté par les médias occidentaux, il est intéressant d'analyser les raisons profondes du renouveau du fait religieux au sein de la société chinoise. Il convient pour cela de se demander quelle est la partie de la population la plus concernée par le phénomène et quand exactement, suite à quels événements, elle devient croyante.
Encore une fois, les données sont rares et doivent être traitées avec précaution, mais l'on peut avancer – en croisant les résultats par catégorie d'âge de l'enquête de l'East China Normal University, les chiffres officiels et les études de terrain, notamment auprès de la population fréquentant les lieux de culte – que ce sont en particulier les jeunes urbains issus des classes moyennes émergentes (étudiants et actifs), qui sont les plus concernés.
Il est fréquent que des étudiants et des jeunes diplômés chinois se rapprochent d'une religion à l'occasion d'échéances importantes : examens, orientation professionnelle, entrée dans le monde du travail - étapes très compétitives en Chine. Chez les jeunes actifs, le "tournant" est moins évident à cerner, mais le profil est souvent le même : cadre dynamique de moins de 40 ans investi dans son travail, promis à un avenir brillant, ne comptant pas ses heures au bureau, mais dont la progression de carrière, le salaire ou la vie personnelle ne correspondent pas à ses attentes.
Pour ces nouveaux croyants, la peur de l'échec et la "pression très forte" ("yali hen lihai", phrase entendue quotidiennement en Chine) sont les dénominateurs communs. À la pression des examens et de la vie professionnelle s'ajoute la pression du regard des autres et surtout des parents, qui rappellent à leurs enfants qu'ils se sont sacrifiés pour leur permettre de faire des études et que l'échec n'est donc pas envisageable, ou qu'il serait grand temps de se marier. Pour certains, cette pression cumulée devient insoutenable, et la religion est alors un moyen de "prendre de la hauteur" sur le quotidien oppressant, voire d'y survivre, au même titre que la psychanalyse, qui est aussi, à ce jour, en fort développement dans les grandes villes de Chine.
Certes, les zones rurales sont aussi concernées par le renouveau du sentiment religieux, mais le phénomène n'y est pas nouveau, il est visible depuis les années 1980 et les motivations sont différentes : les croyants des zones rurales considèrent surtout la religion comme un soutien pour faire face aux problèmes matériels du quotidien (guérir les maladies, éviter les catastrophes naturelles, assurer les rentrées d'argent, etc.) Les jeunes urbains se tournent vers les religions occidentales mais aussi asiatiques (bouddhisme notamment), il n'y a pas de voie unique. Le regain d'intérêt pour le protestantisme en particulier, notamment le christianisme évangélique, peut s'expliquer – outre par le prosélytisme de ses membres et par leur organisation active et dynamique, en petites communautés – par sa connotation occidentale : il y a encore quelques années, être chrétien faisait "moderne". Il s'explique surtout par sa dimension fraternelle, plus présente que dans les religions traditionnelles chinoises. En effet, il n'existe pas de communauté de frères et de soeurs dans le bouddhisme ou dans le taoïsme. Or cette fraternité peut constituer un soutien précieux dans une société qui découvre, sans transition, la loi du "chacun pour soi " et où les rapports humains peuvent être rudes.
De manière plus générale, le renouveau du sentiment religieux en Chine s'insère dans un mouvement large de quête de sens, dans une société pragmatique où l'érosion de la doctrine communiste a laissé place au vide. Alors que le Parti n'est plus producteur de sens ou de valeurs, la religion est un moyen de retrouver des repères, voire un sens à la vie pour une partie de la population. Mais il y en a d'autres tels que le patriotisme et le nationalisme, le retour à la tradition et aux valeurs confucéennes qui sont, eux aussi, en progression au sein de la société chinoise. Il n'y a pas de moyen exclusif : parfois, la pratique de certaines religions chinoises/asiatiques s'inscrit elle-même dans un mouvement de retour à la tradition et à l'identité nationale.
Le renouveau actuel du sentiment religieux en Chine serait donc le fruit d'une frustration historique et d'une pression sociale croissante, liée au développement économique rapide. Sur ce deuxième facteur, les zones urbaines de pays développés et de tradition confucéenne de la région, tels que la Corée du Sud, le Japon ou Singapour, peuvent nous éclairer. Là-bas, la nouvelle génération issue de la classe moyenne s'est souvent tournée vers la religion dans des étapes de la vie qui rappellent ce que l'on voit actuellement en Chine : examens, entrée dans le monde du travail, changement de poste, etc. L'évolution du fait religieux dans ces pays peut fournir des indications sur la progression du nombre de croyants en Chine, qui, là aussi, semble croître avec le développement économique du pays et la pression sociale, en zone urbaine notamment. Le phénomène est complexe et mériterait un suivi approfondi et comparé à l'échelle régionale au cours des prochaines années.


Source : http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/03/29/croire-le-besoin-croissant-des-chinois_1499959_3232.html
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29/03/2011 à 21:26 - "l'opium du peuple" de retour ?
Merci pour cet article de fond sur le renouveau de l'intérêt religieux en Chine.

J'avais vu, sur A2, un reportage très intéressant sur le financement, par les autorités locales de Shanghai, d'un temple évangéliste qui m'avait beaucoup étonnée (il me semble que les autorités avaient donné le terrain, mais mon souvenir est flou).

Sachant le prosélytisme pratiqué par cette mouvance fondamentaliste, je m'étais demandé ce qui motivait cette étrange collaboration entre le PCC, officiellement athée, et l'église chrétienne la plus irrationaliste. Intérêts économiques liés à la construction ? Intérêt idéologique ? Les autorités préféreraient-elles voir les nouvelles générations retourner à "l'opium du peuple" plutôt que de les voir se tourner vers des revendications plus directement politiques ?

Ce n'est pas une insinuation, c'est une question que je me pose réellement.
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29/03/2011 à 23:39 - Les chinois se tournent-ils vers la foi religieuse?
Je pense que la vidéo de France2 est celle-ci ...

églises évangéliques en Chine

Je ne comprends pas vraiment ce besoin de se rattacher à une croyance étrangère à la culture Chinoise. Je pense que les "missionnaires" de ces églises protestantes doivent être formés spécialement pour l'Asie, car le même phénomène d'adhésion aux églises évangéliques se produit en Corée du Sud ...

https://actualitechretienne.wordpress.com/2011/01/31/france-2-la-puissance-evangelique-en-coree-du-sud/




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30/03/2011 à 06:05 - Les chinois se tournent-ils vers la foi religieuse?
"Le phénomène est complexe et mériterait un suivi approfondi et comparé à l'échelle régionale au cours des prochaines années", conclut l'article cité par Lililele c'est très vrai. Je peux apporter deux témoignages, sans conclusions précises de ma part.
1. Lorsque je me suis installé en Chine, j'ai voulu aller à la messe de minuit, avec ma femme chinoise. J'ai été très surpris d'y voir, parmi le millier de fidèles, une dizaine de copines de ma femme, venues se rendre compte de ma religion. Grâce au ciel, la veillée était animée par une religieuse de grand talent pédagogique et les copines de ma femme ont apprécié.
2. Une cousine anthropologue au CNRS, décrivant le néo-chamanisme à la fin du XXème siècle, dans un village en bordure extérieure du Tibet. Ce village est à égale distance d'un monastère lamaïque alors récemment réouvert et de la capitale régionale, centre d'administration communiste.
Les gens ont voulu aller plus loin dans le renouveau spirituel, en amont de Marx et de Bouddha. Cependant, le chaman est reconnu par le lama comme réincarnation d'un ancien Dieu de la montagne, il est aussi toléré par l'administration pendant les fêtes du deuxième mois lunaire. La première année du film, les habitants se scarifiaient le crane pour montrer aux Dieux de la montagne leur sang, la difficulté de leur vies et solliciter leur bienveillance climatique pour l'année à venir et les récoltes d'orge. Deux ans plus tard, du yaourt sur le crane suffisait pour se faire comprendre des Dieux.
Que conclure de tout ça ? Personnellement, je pense que la Chine met idéologies et religions au banc d'essai et que parler de foi serait abusif.


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Xian
30/03/2011 à 09:31 - La minorité mulsumane Hui de Xi' an
bonjour ,
entièrement d' accord avec Hebei, mis à part la religion islamique ( ou musulmane) qui existe depuis des âges lointains en Chine .
Par exemple,
La grande mosquée de Xian est une des plus grandes mosquées islamiques la mieux conservée en Chine et elle est située au nord-ouest de la tour de tambour (Gu Lou) dans la rue de Huajue. Selon les écrits gravés sur la pierre à l'intérieur, cette mosquée a été construite en 742 pendant la dynastie Tang (618-907).
Présenté à la Chine du nord-ouest par les négociants et des voyageurs arabes venant de Perse et d'Afghanistan au milieu du 7e siècle où certains d'entre eux se sont établis en Chine et ont épousé des femmes de nationalité de Han. Leurs descendants sont devenus les musulmans d'aujourd'hui. Les musulmans ont joué un rôle important dans les unifications de la Chine pendant les dynasties Yuan et Ming. Par la suite, d'autres mosquées ont été également construites pour honorer l Islam en Chine et le peuple musulma ( aussi connu sous le nom des Hui dans le Shaanxi par exemple).

Dernière édition : 30/03/2011 09h45

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30/03/2011 à 09:53 - Les chinois se tournent-ils vers la foi religieuse?
bonjour

dès 1582, les premiers missionnaires de la Compagnie de Jésus sont arrivés en chine
dont MATTEO RICCI , aux grandes compétences scientifiques qui lui ont ouvert les portes de la demeure de l'empereur
il a crée, entre autre , le premier dictionnaire franco-chinois ,

j'ai visité une exposition très interessante sur ce sujet à l'alliance française de shanghai il y a qques années
et lu dans la bibliothèque de l'alliance , le parcours de MATTEO RICCI

le travail des jesuites en asie ne se limitait (ne se limite toujours pas ) à évangéliser , mais aussi à échanger dans les domaines scientifiques et d'éducation ( mon fils a été scolarisé chez les jesuites en france )

si les chinois se tournent aujourd'hui vers une religion autre que celle de leur culture habituelle , c'est peut etre plus une façon de se rapprocher de l'occident , d'imiter nos habitudes sachant que celle-ci est en principe moins vénale que beaucoup d'autres .....
je me souviens que nous disions à shanghai , que nos amis chinois adoptaient facilement plusieurs religions , car "on ne sait jamais "
on peut traduire en disant : si ça ne fait pas de bien , ça ne fera pas de mal et qui sait , ça peut servir ....


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30/03/2011 à 16:25 - Et si Marx avait raison ?
Je viens de regarder la vidéo signalée par Michelem, c'est bien cela ; cela me permet de rectifier mon erreur : l'église évangélique dont je parlais a été construite à Nankin, les autorités ont donné le terrain et contribuent aux frais de construction à hauteur de 5% !

Je réfléchissais, parallèlement, aux raisons qui font que le protestantisme évangélique est particulièrement dynamique dans la Chine d'aujourd'hui et je me rappelais les théories de Smith et de Marx à ce sujet.

Dès les Manuscrits de 1844, Marx souligne en effet le lien étroit unissant les sectes protestantes prônant l'ascétisme et le libéralisme économique dont Adam Smith avait fait la théorie dans la Richesse des Nations :

"Cette science de la merveilleuse industrie est aussi la science de l'ascétisme et son véritable idéal est l'avare ascétique, mais usurier, et l'esclave ascétique, mais producteur."

Dans la Critique de l'économie politique, en 1859, Marx revient sur le rapport entre accumulation primitive du capital et ascétisme protestant :

"Le thésauriseur, écrit-il, dans la mesure où son ascétisme va de pair avec une active application au travail, est, de religion, essentiellement protestant et plus encore puritain.

On retrouve la même idée dans Le Capital, en 1867 (livre I, chapitre I, § 4). La transformation du christianisme, marqué par les "hérésies" qui devaient alimenter les guerres de religions du XVI° siècle, n'est pas un phénomène purement spirituel, mais un effet idéologique de la transformation économique de la société capitaliste naissante :

"Le monde religieux n'est que le reflet du monde réel. Une société où le produit du travail prend généralement la forme de marchandise et où, par conséquent, le rapport le plus général entre les producteurs consiste à comparer les valeurs de leurs produits et, sous cette enveloppe des choses, à comparer les uns aux autres leurs travaux privés à titre de travail humain égal, une telle société trouve dans le christianisme avec son culte de l'homme abstrait, et surtout dans ses types bourgeois, protestantisme, déisme, etc., le complément religieux le plus convenable."

Dans les Théories sur la plus value, enfin, Marx écrit : "le christianisme est [...] la religion spéciale du capital. Dans l'un et l'autre, l'homme seul compte. [...] Dans l'un tout dépend de sa croyance, dans l'autre, tout dépend de son crédit".

Lorsque Max Weber (1864-1920) écrira L'Ethique Protestante et l'Esprit du Capitalisme, il inversera la problématique marxiste en faisant du protestantisme le principal ressort de la création du capitalisme et non pas le résultat idéologique de celui-ci.

Voilà, je ne sais pas si ce développement du protestantisme évangélique accompagnant l'essor du capitalisme en Chine donne raison à Marx et/ou à Weber mais la coïncidence est frappante en tout cas.

Dernière édition : 30/03/2011 16h26

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30/03/2011 à 18:20 - Les chinois se tournent-ils vers la foi religieuse?
Votre éclairage de la relation entre capitalisme et protestantisme est très intéressant. Merci laoshi

J'avais cherché hier la vidéo et j'avais trouvé aussi cet article (dtant de 2006) qui provient d'un site d'évangélistes ...

Chine : Les chrétiens s'éveillent, les évangélistes américains plus influents que les catholiques

LEXPRESS.fr du 06/12/2006 – Frédéric Koller
Alors que les conversions se multiplient dans les grandes villes, de nombreux intellectuels critiques voient dans le christianisme une arme de leur combat pour la démocratie. Un phénomène où les Eglises évangéliques américaines jouent un rôle de premier plan.
C'était le 11 mai dernier, à la Maison-Blanche. Pour la première fois, un président des Etats-Unis recevait, au cours de son mandat, des opposants au régime chinois. Pas n'importe lesquels. Les écrivains Yu Jie et Wang Yi, ainsi que l'avocat Li Baiguang sont protestants. George W. Bush, le pieux, et Dick Cheney, son bras droit, adoubaient ainsi les représentants d'une mouvance qui gagne en importance au sein des élites intellectuelles chinoises: les convertis. Des chrétiens qui ont pour références Jésus, Nelson Mandela, Martin Luther King ou Gandhi. Et, aussi, l'Amérique conservatrice.
Yu Jie, 33 ans, est rentré impressionné: «Bush est un homme chaleureux, sincère et simple. J'aime cela. Il se soucie davantage des droits de l'homme en Chine que Bill Clinton, et bien plus encore que les Européens.» Lors de ses deux passages à Pékin, en 2002 et en 2005, le président américain a exprimé ses convictions et défendu la liberté religieuse à Qinghua, l'université des élites technocrates. Ses interventions ont laissé des traces parmi les démocrates chinois. Car ici, comme en Europe de l'Est, les Etats-Unis demeurent, malgré les revers en Irak et ailleurs, la référence des combattants de la liberté.
Depuis une dizaine d'années, le christianisme connaît un essor spectaculaire. Les statistiques évoquent le chiffre de 25 millions de chrétiens, toutes tendances confondues. Ils seraient deux fois plus nombreux, dit-on, en tenant compte des pratiquants «non officiels» – non rattachés à l'une des deux «Eglises patriotiques», la catholique et la protestante. Certains estiment même les chrétiens à 100 millions d'individus, sur une population de 1,3 milliard.
Longtemps demeurée un phénomène rural, l'expansion du christianisme devient une réalité urbaine. Surtout, un nombre croissant d'écrivains dissidents, d'intellectuels critiques, de journalistes et d'avocats se disent aujourd'hui chrétiens. Outre le besoin spirituel, leur conversion a souvent pour origine une réflexion intellectuelle qui les amène à associer la tradition chinoise à une prison mentale et la démocratie à un socle religieux chrétien: «George Washington et Mao Zedong ont tous deux prôné le pouvoir du peuple et la démocratie, explique Li Baiguang. Washington a réussi, alors que Mao a échoué. Pourquoi? Parce qu'il n'avait pas l'esprit de tolérance. Or c'est l'esprit qui détermine l'action. Washington, lui, avait la foi. Voilà la différence.»
A écouter les nouveaux convertis, il n'y aurait pas de loi sans foi et la Chine ne pourra faire l'économie d'une révolution des esprits si elle entend un jour être libre, juste, démocratique et... puissante. «Au début, nous pensions que la force des Etats-Unis venait de la loi, explique Lu Kun, une informaticienne dont le mari est emprisonné pour délit d'opinion. A présent, nous avons compris qu'elle vient de Dieu. La Bible est le fondement de la vie des Américains et de leur Constitution. Nous n'avons rien de cela en Chine.»
Les évangélistes américains sont plus influents que les catholiques
Bouddha, Confucius ou Lao-tseu (taoïsme)? Ils seraient inadaptés à la modernisation de la Chine. Seuls le Dieu chrétien universel et son message d'amour seraient porteurs des idées d'égalité et de responsabilité individuelle: «Dans la tradition chinoise, il n'y a pas de pensée qui représente la liberté, la démocratie ou l'équité, poursuit Yu Jie. Le confucianisme sert l'empereur. Le bouddhisme, lui aussi, est une religion du pouvoir. Etre chrétien ne signifie pas que l'on n'est pas patriote. Le christianisme fait partie de l'histoire chinoise. Ce n'est pas la religion des Blancs; elle appartient à tous.»
Ce constat était en partie celui de nombreux libéraux chinois au début du XXe siècle, dont le père de la République chinoise, Sun Yat-sen, ou le célèbre écrivain Lu Xun. Il existe toutefois une différence de taille: ce christianisme-là était imposé par des missionnaires, associés à l'impérialisme des grandes puissances coloniales. A l'inverse, les nouveaux chrétiens chinois s'appuient sur une démarche personnelle. En outre, ce n'est plus le catholicisme qui influence la formation des élites occidentalisées, comme il y a un siècle; désormais, les Eglises évangéliques américaines font figure de modèle.
«L'intérêt pour le christianisme parmi les intellectuels chinois est énorme, confirme Jean-Paul Wiest, chercheur rattaché au centre Asie de l'université de Hongkong. Et c'est normal. D'une part, hormis quelques vieux cadres du parti, plus personne ne croit à l'idéologie communiste; d'autre part, les intellectuels se sont rendu compte des mensonges officiels sur le christianisme. Cela les pousse à étudier cette religion et à ouvrir la Bible.»
Xu Yong-hai, médecin, converti en 1989, semble lui donner raison. Libéré il y a quelques mois, après deux ans de prison pour avoir dénoncé des persécutions religieuses, il avance que «les intellectuels chinois comprennent Dieu mieux que d'autres, peut-être, et pourraient devenir un jour les missionnaires du monde. Car Dieu, c'est le tao. La voie.»
Ces intellectuels chrétiens se divisent en trois catégories, selon le chercheur français: les protestants, qui pratiquent dans des églises dites «de familles» – dans des appartements, des maisons privées – les catholiques, moins nombreux, qui fréquentent pour la plupart l'église officielle, et les chrétiens culturels, qui ne s'identifient à aucune Eglise et qui seraient les plus nombreux.
L'Arche, créée en 2001 par Yu Jie et sa femme avec deux couples d'amis, est l'une de ces «Eglises de familles». Elle est la plus influente, car elle regroupe les membres les plus actifs du mouvement de la défense du droit en Chine comme Li Baiguang, Jiao Guobiao et le célèbre avocat Gao Zhisheng. Ce dernier s'en est éloigné en début d'année, après avoir échoué à transformer ce cénacle en salon intellectuel. Yu Jie s'y opposait parce que, selon lui, si le croyant doit bel et bien s'impliquer dans la vie sociale, il n'a pas vocation à nourrir des ambitions politiques. Gao Zhisheng a finalement été arrêté par la police pour son activisme; il est emprisonné depuis le 15 août.
La cinquantaine de fidèles de l'Arche se retrouve le dimanche, à 14 heures, pour prier avec un pasteur venu du port de Wenzhou, berceau du capitalisme chinois, qui voit le nombre de ses églises s'accroître considérablement, au point qu'il est en passe de devenir la nouvelle Jérusalem... Sous surveillance policière, l'Arche a changé de lieu de rencontre à plusieurs reprises ces derniers mois. Selon une réglementation de mars 2005, toute réunion à caractère religieux doit obtenir l'aval des autorités locales. Une exigence contestée par de nombreux chrétiens au nom de la liberté de croyance inscrite dans la Constitution.
«Le régime veut prévenir l'émergence d'un Mandela chinois»
Contrairement à la répression observée dans les campagnes, le pouvoir reste relativement tolérant en ville: «Lors d'une réunion interne du parti, à l'automne dernier, le président Hu Jintao a dit qu'il fallait éviter de créer des martyrs, explique Yu Jie. Le régime veut prévenir l'émergence d'un Mandela chinois.»
La rencontre de la dissidence avec Dieu remonte au lendemain de la répression du mouvement démocratique de 1989. Un signe ne trompe pas: parmi les 21 étudiants les plus recherchés, à l'époque, par la police, un tiers se sont convertis au christianisme. Parmi les manifestants d'alors, beaucoup résident aux Etats-Unis, où des milliers de cerveaux chinois ont émigré depuis quinze ans. Nombre d'entre eux ont été séduits par le prosélytisme des Eglises évangéliques et, de retour en Chine, conservent cette foi. Prudents, les chrétiens des «Eglises de familles» insistent sur la totale indépendance de leur démarche.
Certains y voient, cependant, l'oeuvre de missionnaires d'un type particulier: «Le gouvernement chinois sait très bien que 90% des experts et des professeurs d'anglais qui viennent ici sont des missionnaires déguisés et que la plupart font partie de mouvements évangélistes, souligne Jean-Paul Wiest. Ils sont très surveillés et, de temps en temps, certains se font expulser. Ce n'est pas le meilleur moyen de faire progresser le christianisme dans le pays.»
Les intellectuels convertis voient dans leur religion une force de changement politique, au point que certains rêvent d'une Chine majoritairement chrétienne. Wang Meixiu, chercheuse à l'Académie chinoise des sciences sociales, conteste ce point de vue: «Le nombre de chrétiens augmente et leur foi a un impact sur leur sphère privée. Mais je ne vois aucune influence de cette religion dans l'espace public.» Elle met également en doute le lien entre christianisme et démocratisation: «Tchang Kaï-chek était chrétien, lui aussi. Il n'en était pas moins un dictateur.»
Jean-Paul Wiest ne pense pas non plus que le christianisme puisse un jour devenir prédominant en cette terre de bouddhisme. «Mais il aura sans doute un rôle de ferment dans l'émergence d'une société civile et de la démocratie, comme ce fut le cas à Taïwan.» Yu Jie évoque un autre risque: «Ma crainte, ce sont les faux chrétiens, qui utilisent Dieu pour parvenir à d'autres fins, une fois au pouvoir. Comme les Taiping, au XIXe siècle.» On comprend son inquiétude. En matière de fausses croyances et d'utopies destructrices, les Chinois en ont déjà trop vu.

http://www.blogdei.com/685/chine-les-chretiens-s-eveillent-les-evangelistes-americains-plus-influents-que-les-catholiques/


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Xian
31/03/2011 à 04:13 - Une cause possible ....le calendrier lunaire
merci Michelem et Laoshi pour vos lumières ..

les voies célestes....se laissent de moins en moins pénétrées en Chine au 21e siècle ..il faut dire que le calendrier lunaire ne favorise pas les rencontres entre pratiquants d' une même religion,qu' elle soit chrétienne ( protestante ou catholique),musulmane ou même judaique...

Il est d' avantage adapté au boudhisme

Dernière édition : 31/03/2011 04h21

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31/03/2011 à 17:04 - Les chinois se tournent-ils vers la foi religieuse?
Tintin, le calendrier chinois n'a rien à voir avec une quelconque religion et certaines fêtes peuvent être l'occasion de rencontres , y compris par des pratiquants d'autres religions,sauf interdiction formelle (je sais par exemple que les témoins de jéhovah ne participent à aucune fête).
Extrait de wikipédia:
Durant l'antiquité, des observations diverses (mouvements de la Lune, du Soleil et de la planète Jupiter, longueur des ombres, durée relative des jours et des nuits, phénomènes agricoles) ont été combinées pour aboutir sous les Han à un calendrier très proche de l'actuel.

Selon la tradition, le premier système calendaire (cycle sexagésimal) fut créé par l'Empereur Jaune en 2637 avant notre ère et appliqué à partir de son année de naissance -2697 ou de conception -2698.

Le calendrier chinois porte plusieurs noms, les plus courants étant « calendrier des Xia » xìalì (夏曆, « calendrier agricole » nónglì (農曆, ou dans le langage quotidien « calendrier lunaire » (en chinois Yīnlì) qui est l'appellation simplifiée du « calendrier luni-solaire ».

Le calendrier officiel est appelé « calendrier commun » (公曆 gōnglì) , « calendrier occidental » (西曆 xīlì), ou dans le langage quotidien « calendrier solaire » (en chinois Yánglì).

calendrier chinois


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