Ai Weiwei arrêté

Dawei a écrit :

On sort un peu du sujet, mais Robert Ménard n'a pas publié ce livre pour crier qu'il adhère aux idées du FN, mais pour crier que la démocratie doit donner une voix à tout le monde, même si ca énerve ma majorité. Là dessus, je suis à 100% d'accord avec lui.

Pour que la démocratie doit donner une voix à tout le monde, faut-il passer par Le Pen ? ? ?

Dawei a écrit :

Quand aux critiques sur le manque de solutions présentées par les dissidents, c'est évident que si le débat est bloqué, les solutions aux problèmes émergent plus difficilement... Allez trouver des solutions aux problèmes de millions de personnes quand vous ne pouvez pas communiquer facilement.

On peut publier des communications scientifiques, écrire des rapports tchniques, en développant des arguments, sans faire de la politique, ni des critiques idéologiques.
Surtout, il y a les Revues de l'Académie des Sciences. D'autre part, il y a aussi des revues sur la mathématique, la physique, la chimie, l'économie, la philosophie, la sociologie, la psychologie, me semble-t-il ? ? ?
Donc, à mon humble avis, on peut débattre sur les solutions, échanger des idées.

ckdeux a écrit :

Pour que la démocratie doit donner une voix à tout le monde, faut-il passer par Le Pen ? ? ?

Je n'ai pas dit qu'on était obligé de passer par lui. J'ai dit que l'exclure systématiquement du débat n'est pas cohérent avec les idées de démocratie et de liberté d'expression.

ckdeux a écrit :

On peut publier des communications scientifiques, écrire des rapports tchniques, en développant des arguments, sans faire de la politique, ni des critiques idéologiques.
Surtout, il y a les Revues de l'Académie des Sciences. D'autre part, il y a aussi des revues sur la mathématique, la physique, la chimie, l'économie, la philosophie, la sociologie, la psychologie, me semble-t-il ? ? ?
Donc, à mon humble avis, on peut débattre sur les solutions, échanger des idées.

Tout à fait d'accord, les idées scientifiques circulent bien, et la recherche progresse vite en Chine. Je parlais de la diffusion d'idées politiques.

En sciences sociales aussi, il existe des revues où les idées s'expriment . Je citerai中国社会学 (zhongguo shehuixue; sociologie chinoise) ou 中外社会学(zhongwai shehuixue; sociologie étrangère) qui publient de nombreuses enquêtes et rapports sur la société chinoise.

Les chercheurs qui participent à des travaux en sociologie expriment leurs idées , proposent des solutions ... La société chinoise n'est pas figée, même si le multipartisme n'existe pas.

Je ne connaissais pas ces revues, tant mieux si elles permettent des discussions ouvertes.

Je ne connais pas du tout le domaine des sciences sociales, mais dans un domaine que je connais bien, j'ai l'impression que les universités (surtout les prestigieuses) ont beaucoup de libertés vis-à-vis du pouvoir.

Un exemple récent : pour ses 100 ans, Tsinghua avait publié purplefox, une version spéciale de firefox avec une extension intégrée permettant de "sauter la grande muraille" avec un proxy ipv6 intégré, avec comme excuse le développement des nouvelles technologies (ipv6 en l'occurence). Et ce n'était pas disponible dans un coin caché du site. C'était en page d'accueil de l'université ! Le navigateur avait été dans le top 10 des applis les plus téléchargées sur sina pendant plusieurs semaines.
Les étudiants de l'université aiment particulièrement les offres de recrutement pour le grand firewall : il s'agit souvent d'un simple lien raccourci avec tinyurl (un service bloqué en Chine), et en légende : "si vous ne pouvez pas lire ce lien, n'essayez même pas de postuler".

"En sciences sociales aussi, il existe des revues où les idées s'expriment . Je citerai中国社会学 (zhongguo shehuixue; sociologie chinoise) ou 中外社会学(zhongwai shehuixue; sociologie étrangère) qui publient de nombreuses enquêtes et rapports sur la société chinoise.

Les chercheurs qui participent à des travaux en sociologie expriment leurs idées , proposent des solutions ... La société chinoise n'est pas figée, même si le multipartisme n'existe pas. "

Pour comprendre la Chine dans ses nuances, il est nécessaire de laisser tomber les certitudes forgées par les dialectiques, autrement dit, la logique d'identité dont une des conséquences est la mathématisation de la langue française. Étant donné que la pensée est formatée par la langue, beaucoup en France ne peuvent voir le monde qu'en terme de Même/ Autre - une dichotomie d'héritage aristotélicien.

De plus, le sujet homme, surtout en France, est un Être-Esprit absolu sans référence. Il n'est plus capable d'examiner le monde avec nuance. Ses paroles sont devenues des sentences - à l'instar de certains qui sévissent ici avec leurs combats idéologiques, étayant par-là même, des agressions "humanitaires".

Il n'est pas étonnant que Michel Foucault, a essayé de tuer cet "homme", ce sujet devenant un faux dieu à lui seul. C'est pour cette dernière raison, que j'ai posté un commentaire (après celui du 11/04/2011 à 10:58 - Que voulez-vous dire ?) en empruntant et modifiant un morceau de prière religieuse, suite à un appel style "guerre sainte des Lumières".

Censuré, bien évidemment.

Je vous remercie, les chasseurs d'hérétiques. Grâce à vous, les théâtres continueront encore longtemps à jouer la tragédie, merveilleuse invention depuis les Grecs.

Je crois qu'il ne faut pas confondre, Lumières, l'analyse théorique que Foucault fait de l'émergence du concept d' « homme » dans le champ du savoir et les exigences pratiques de la philosophie de Foucault.

En prophétisant la « mort de l'homme », Foucault veut simplement dire que cette notion d'homme n'existait pas à l'âge classique, qu'elle a été créée par ce qu'il appelle « l'épistémè moderne » et qu'elle est appelée à disparaître sous les coups de boutoir des « contre-sciences humaines » que sont pour lui la psychanalyse, l'ethnologie (celle de Lévi-Strauss en particulier), la linguistique dissolvant l'idée d'une « nature humaine » intangible forgée dans le champ des sciences humaines balbutiantes.

Mais Foucault n'a pas voulu « tuer » l'homme en pratique et il n'a cessé de lutter contre l'oppression, aussi bien en France qu'ailleurs et en revendiquant explicitement les droits de l'homme contre les gouvernements. J'ai déjà parlé ailleurs de son action pour le Groupe d'Information Prison, je rappellerai ici le manifeste publié en 1984 dans Libération et intitulé Face aux gouvernements, les droits de l'homme :

Michel Foucault a écrit :

« C'est un devoir de cette citoyenneté internationale de toujours faire valoir aux yeux et aux oreilles des gouvernements les malheurs dont il n'est pas vrai qu'ils ne sont pas responsables. Le malheur des hommes ne doit jamais être un reste muet de la politique »

(texte repris dans Dits et écrits, éditions Gallimard Tome IV, p. 707).

Michel Foucault revendiquait un engagement politique sans frontières, avec ses droits et ses devoirs, dont celui de « s'élever contre tout abus de pouvoir, quel qu'en soit l'auteur, quelles qu'en soient les victimes ». Et il s'engageait aussi bien dans la défense des maoïstes qui goûtaient le confort de nos prisons que dans celle des Boat People victimes des Khmers Rouges. Il s'engageait aussi bien dans la défense des victimes de la dictature franquiste que dans celle des victimes de la psychiatrie mise au service du totalitarisme soviétique. Il défendait aussi bien les victimes du Berufwerbot (interdit de travail) en Allemagne de l'Est que contre les entraves au droit de la défense en Allemagne de l'Ouest (dans l'affaire de la Fraction armée rouge). Il dénonçait aussi bien la real politique de la droite française que celle de la gauche assez lâche pour fermer les yeux sur la mise au pas de la Pologne par le sinistre Jaruzelki.

Et s'il préférait l'expression « Droits des gouvernés » à celle de « Droits de l'homme » héritée des Lumières, il n'en intégrait pas moins celle-ci à sa « boîte à outils » philosophique :

Michel Foucault a écrit :

« Notre histoire récente en a fait une réalité encore fragile mais précieuse pour un avenir qui porte partout la menace d'un État où les fonctions de gouvernement seraient hypertrophiées jusqu'à la gestion quotidienne des individus. »

Je désespère souvent de voir si peu d'entre nous accepter ce « devoir de citoyenneté internationale » et c'est modestement, à la manière de Foucault que j'essaie, quant à moi, de ne pas rester sourde au « malheur des hommes ».

PS : j'ai eu le temps de lire votre message ésotérique avant qu'il ne soit supprimé, je précise que je ne suis pour rien dans cette censure.

Non. Il n'y a aucune confusion.

La pratique ou l'action, réfléchie ou mesurée, est guidée par le savoir. Le savoir est lié à la connaissance de l'homme vis-à-vis de lui-même, d'autrui et de monde. Il est bâti, dans le bassin méditerranéen, avec les trois corps selon Pascal : la philosophie, la science et la théologie. Les points communs de ces trois corps, sont le sujet, et, la logique d'identité qui organise la pensée dichotomique, en terme de catégorie de Même/Autre. Cette dernière n'admet qu'une seule explication du monde et chasse les hérétiques. Le Même et l'Autre, créent des conflits sanglants depuis l'aube des temps.

M. Foucault a participé à ce mouvement de deconstruction initié depuis Nietzsche, Freud ou Marx. Certes, il a remis en question la suprématie de ce sujet absolu et absurde - ce n'est pas un hasard, que M. Foucault, parlait du « droits des gouvernés » au lieu de « droits de l'homme » -, mais, en tant que l'un des gardiens de la connaissance, il n'a pas voulu s'interroger sur l'absoluité de la logique d'identité ou du tiers-exclu. Et comme François Cheng l'a si bien dit : « Cette logique a fait la grandeur de l'Occident, mais, poussée à l'extrême, elle isole l'homme du reste de l'univers créé, l'installe dans la posture de l'éternel conquérant. » Comment peut-on aujourd'hui, dans un monde globalisé, parler de sujet, d'homme ?

Le malheur des hommes ? Qu'en savons-nous ? La plainte pleurnicharde de ceux qui veulent abolir le code pénal sous la jupe des petites filles, ou, les larmes de cette mère, impuissante, voit mourir de faim dans ses bras, son petit garçon de cinq ans ? Agir contre le malheur des hommes, ou l'éternel combat en vain, contre le Mal ?

Citoyen international ? Belle idée. Mais dans quelle Cité ? La romantique ONU kantienne ? L'internationale communiste ? Socialiste ? Financière ? Barbue ? Une cité anarchique ? Le sens du mot citoyenneté, est-il le même au quatre coin du monde ? Qu'en pense un africain, un persan, un arabe ou un chinois ?

Quel est le sens du mot, action ? Peut-on poser la question : pourquoi les cris des agissements de ce Parvis de Paris, se mêlent souvent, avec les bruits de bottes ?

Pardonnez-moi de couper un peu la parole (pas le temps de tout lire tout de suite)... Juste un article tentant de définir ce qu'est une pensée extrême... j'avoue être assez d'accord avec cette vision.

L'extrémisme, le radicalisme... ne seraient finalement qu'une façon différente de penser... Doit-on le sanctionner ? La liberté d'expression existe-t-elle toujours ?

http://cmp.hku.hk/2011/04/14/11578/

Mais évidemment, cela n'empêche pas de se demander jusqu'où peut aller cette liberté, les discours xénophobes (FN), les attentats (Al Qaida, ETA, IRA, en Corse...) peuvent-ils être considéré comme de simples pensées "extrémiste ou radicale" ?

Un autre article, sur Le Monde :

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/04/14/pendant-ce-temps-la-chine-reprime_1507545_3216.html

J'aime beaucoup la conclusion :

"Nombre de dirigeants chinois et de leurs proches ont souffert des terribles turbulences de l'époque maoïste. Ils redoutent l'instabilité plus que tout. Cette obsession de la stabilité peut s'expliquer, mais elle ne les servira pas, ni eux ni leur pays, si elle se traduit par une crispation interdisant toute évolution, même contrôlée. A opposer, comme ils le font, "l'harmonie" sociale à la liberté d'expression, ils finiront par n'avoir ni l'une ni l'autre, et ne récolteront que la régression."

Aucun jugement, à mes yeux. Simple analyse, compréhension du passé et vision de l'avenir. Un conseil sans arrogance.

Merci pour ces deux articles Tje Kong Haer et pour cette lumineuse conclusion.

(je n'ai pas le temps, pour le moment, de répondre aux messages précédents, je le ferai dès que possible).